Alors que diverses recherches avaient déjà souligné « des associations entre un stress prénatal et le développement subséquent de troubles psychotiques, anxieux ou dépressifs », des travaux analogues ne semblaient pas encore avoir été menés pour mettre en évidence une association possible entre un stress prénatal et des troubles ultérieurs de la personnalité.
Cette lacune est désormais comblée par une étude longitudinale, réalisée sur une vaste cohorte de 3 626 enfants nés en Finlande (entre juillet 1975 et juin 1976). Les auteurs ont utilisé des modèles de régression logistique pour examiner les relations éventuelles entre un stress maternel en période prénatale (rapporté par la mère elle-même lors des rencontres pour le suivi de la grossesse) et des troubles de la personnalité chez la progéniture.
Un risque trois fois plus élevé
Cette étude montre que, comparés aux enfants non exposés à un stress maternel en période prénatale, les enfants exposés à « toute forme de stress maternel pendant la gestation » ont ensuite un risque « trois fois plus élevé » de développer un trouble de la personnalité : Odds Ratio OR = 3,28 ; intervalle de confiance à 95 % IC : 1,75–6,15, p < 0,0001. Plus précisément, ce risque est déjà triplé quand ce stress maternel durant la grossesse est jugé « modéré » : OR = 3,13 ; IC 1,42–6,88, p = 0,005. Mais il est multiplié par sept quand le stress subi par la mère est considéré plutôt comme « sévère » : OR = 7,02 ; IC 2,08–23,66, p = 0,002. Ces associations demeurent inchangées après l’ajustement des données pour certains facteurs : antécédents psychiatriques des parents, diagnostics de comorbidités psychiatriques, tabagisme prénatal et dépression prénatale.
Les auteurs estiment donc qu’une exposition au stress pendant la vie prénatale « augmente les risques de troubles de la personnalité par la suite, indépendamment des autres troubles psychiatriques. » Incitant à une identification plus précoce des personnes les plus à risque de développer un trouble de la personnalité, cette étude plaide ainsi pour une évaluation du stress et du bien-être maternels pendant la grossesse et une surveillance accrue de la santé mentale de la femme enceinte.
Dr Alain Cohen
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