Emission initialement diffusée le 26 septembre 2020
Une émission à l'occasion de la parution du dernier livre d'Alice Ferney questionnant les différentes manières de former un couple, d'être parent et de donner -ou non- la vie. Aujourd'hui, nous évoquons la question de la filiation et des nouvelles formes d'assistance médicale à la procréation.
Paris, le mercredi 7 juillet 2021 - Le gouvernement peut afficher un « ouf » de soulagement. Mercredi, la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) a validé le principe de l’envoi aux médecins traitants de la liste de leurs patients non vaccinés. Un point sur lequel compte fortement l'exécutif pour donner aux médecins des armes supplémentaires pour informer les personnes n’ayant reçu encore aucune dose de vaccin contre la Covid-19.
Ces derniers jours, les responsables de la majorité affichaient en coulisse un certain pessimisme quant à la délivrance d’un feu vert par l’autorité administrative indépendante. Malgré les annonces formulées devant les caméras par Olivier Véran le 29 juin, plusieurs sources témoignaient des réticences sérieuses de la CNIL qui s’interrogeait notamment sur les croisements de données personnelles.
Un avis nuancé sur un projet de décret
La Commission a été saisie d’un projet de décret modifiant les systèmes d’information Si-Dep et Vaccin Covid afin d’améliorer le taux de couverture vaccinale. Plus particulièrement, la CNAM serait autorisée à éditer, à partir des fichiers existants, la liste des patients non-vaccinés correspondant à un médecin traitant afin que celui-ci puisse les contacter. La CNAM serait également autorisée à utiliser le fichier « Vaccin covid » pour contacter elle-même les personnes non vaccinées.
Sur cette question, la CNIL estime que la législation qui protège le secret médical et le droit à la vie privée ne s’oppose pas « à ce qu’un médecin accède au statut vaccinal de ses patients, dès lors qu’il s’agit de personnes qu’il prend en charge et que la connaissance de cette information est pertinente pour les soigner et les conseiller ». De même, la CNAM peut accéder à des informations médicales sur les assurés sociaux pour les informer et les sensibiliser à certaines démarches proposées par le système de santé.
Pourquoi les femmes n’auraient-elles pas le droit d’être imam ? Y aurait-il un passage du Coran ou un récit de la tradition du Prophète qui l’interdit ?
On peut répondre sans ambiguïté qu’il n’existe aucun verset coranique ni récit de la Sunna qui l’interdit formellement.
L’imam désigne usuellement la personne qui guide la prière en communauté. Or, étymologiquement, dans le Coran, le terme d’imam ne renvoie pas expressément à la direction de la prière, mais plutôt à la guidance : l’imam est celui qui guide vers la bonne et juste voie[1]. L’imamat reflète donc une dimension d’exemplarité, souvent incarnée par les Prophètes en tant que guides temporels pour chaque communauté, mais aussi par tous ceux qui sont dans l’excellence de l’action. Cette qualité est donc assignée à toute personne savante, sage, érudite, qui dirige sa communauté ou son peuple, que ce soit dans un acte politique ou cultuel.
L’imam, en tant que guide spirituel de la prière, doit selon la jurisprudence islamique répondre à certains critères : être musulman, qualifié – par son apprentissage du Coran (hafidh al-qur’an) et son érudition (faqih) –, pubère pour les prières obligatoires[2], du genre masculin en général (sauf pour certaines écoles juridiques) et enfin sain d’esprit[3].
"Hommage à Christophe Tarkos" un numéro des "Mardis littéraires" de Pascale Casanova, diffusé la pemière fois le 28 décembre 2004 sur France Culture.
"Sur la tête de Christophe Tarkos, il faut accumuler les adjectifs, sans craindre les contradictions : sauvage, grave, raffiné et loufoque, maniaque, contrôlé et dépressif, délirant, sensé, matérialiste et mystique" c'est ce qu'a écrit de lui Patrick Kéchichian dans Le Monde. * Le poète Christophe Tarkos est mort à quarante-et-un ans en novembre 2004. "Ma maladie est de parler, et le guérissement de ma maladie est de parler" lisait-on dans Anachronisme, son dernier livre paru en 2001, alors que la tumeur, qui devait l'emporter, lui rongeait déjà le cerveau. Quelques semaines après sa disparition, "Les mardis littéraires" rendaient hommage à Christophe Tarkos. On y retrouvait sa voix et ses mots dans des émissions de 1999 et 2000, alors que les écrivains, Katalin Molnar et Philippe Beck, évoquaient au micro de Pascale Casanova l'ami et le poète, dont les œuvres sont disponibles chez les éditeurs P.O.L. et Al Dante. Dans une archive de 1999 Christophe Tarkos différenciait le rêve et la pensée : Penser n'est pas rêver. Penser c'est un défilement d'images, rêver est un défilement d'images et regarder la télévision est un défilement d'images mais pourtant il y a une différence entre penser et rêver.
Dimitri, 40 ans, autiste, n'est toujours pas sorti de l'hôpital psychiatrique dans lequel il « réside » sur décision de justice, le Centre hospitalier spécialisé de Saint-Ylie (Jura). Son frère, Nicolas Fargette, a beau se démener comme un diable, rien n'y fait. Les portes se sont refermées, les relations avec le personnel envenimées, il est désormais persona non grata.
Sur liste d'attente
Un accueil a pourtant été accordé à Dimitri en maison d'accueil spécialisée (MAS) par la MDPH du Jura en 2018 pour une période de cinq ans. Sur liste d'attente… depuis tout ce temps. Son cas est jugé sévère, pas d'autres options que l'internement dans des conditions que Nicolas juge « indignes ». Il affirme que son frère est « enfermé, attaché et drogué aux psychotropes ». « En contention », jugée parfois nécessaire par son comportement, répond Arielle Forey, directrice des soins du CHS, qui précise qu'elle se décide « sur prescription médicale, avec une surveillance adaptée, sur un temps défini » et assure qu'une « vraie réflexion est menée par les équipes pour accompagner les patients dans leur parcours de vie », avant d'ajouter « avec les moyens existants ». Car c'est aussi la situation de la psychiatrie, parent pauvre de la médecine, qui est en cause dans cette affaire.
Gilles Morel est psychologue à Agneaux (Manche). Il explique les raisons de son rejet pour le dispositif PsyEnfantAdo, mis en place en mai 2021 par le gouvernement.
Le dispositif PsyEnfantAdo, mis en place en mai 2021, s’adresse aux jeunes âgés de 3 à 17 ans. Il prévoit ainsi pour chaque enfant, jusqu’à dix séances chez un psychologue (en libéral), intégralement financées par l’Assurance maladie. Gilles Morel est psychologue à Agneaux près de Saint-Lô(Manche). Si ce dernier n’hésite pas à affirmer que « sur le principe, on ne peut être que d’accord », il tient à rappeler que ce dispositif « montre également une faille du côté du service public. On embauche de moins en moins de psychologues dans le public et on demande ainsi aux psychologues libéraux de faire le travail. Autre point négatif, le détail du dispositif, qui explique le rejet par nombre de mes confrères et moi-même. »
Isabelle Lacroix , Isabelle Frechon , Pascale Dietrich et Sarra Chaieb —
Ces dernières années, de nombreux témoignages ont lancé l'alerte sur des violences subies au sein d'institutions relevant de la protection de l'enfance. Une enquête de l'INED dresse un état des lieux.
En 2018, 187.000 mineurs et jeunes majeurs étaient pris en charge par les services de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Leur placement est motivé par la nécessité de les protéger de la violence familiale ou de pallier la défaillance ou l'absence des parents. Dans le cadre d'une recherche sur l'accès à l'autonomie de ces jeunes, nous avons mené des entretiens auprès d'une centaine d'entre eux dans la période qui suivait leur sortie de placement.
Lors de ces échanges, environ un jeune sur trois a évoqué de façon spontanée des faits s'apparentant à de la violence lors du placement. À partir d'un document de travail publié par l'INED, nous proposons de dresser un état des lieux de cette violence en tentant d'analyser les rapports sociaux conduisant à ces situations.
Les témoignages laissent apparaître deux grandes familles de violences: celles survenant dans les interactions personnelles que les jeunes ont au quotidien, et celles qui sont liées aux politiques publiques et au fonctionnement de l'institution.
En famille d'accueil et en foyer
Certaines violences se logent dans les interactions des jeunes enquêtés avec les acteurs institutionnels ou leurs pairs, c'est-à-dire les autres jeunes placés.
Elles sont les plus faciles à repérer car elles mettent en jeu un acteur clairement identifiable: un membre de la famille d'accueil, un autre jeune, un éducateur, etc. Elles s'expriment le plus fortement dans le huis clos des familles d'accueil, configurations qui rendent difficiles l'expression de la souffrance et la dénonciation de la situation.
La violence est plus souvent psychologique (dévalorisation, dénigrement, manque d'affection…) que physique et peut s'exercer durant de longues années. Parfois, les familles d'accueil font sentir aux jeunes qu'elles ne les prennent en charge que pour des raisons financières.
C'est un service fatigué et aux conditions de travail dégradées qui s'est mis en droit de retrait depuis mardi. La prise en charge de malades psychiatriques est devenue une mission impossible. Le personnel tire la sonnette d'alarme et a saisi les directions du CHM et de l'ARS.
Suivre un patient psychiatrique demande de l'attention. Mais en ce moment, les infirmiers, aides-soignants, médecins et tous les autres acteurs impliqués dans ce suivi à Mayotte n'ont plus le temps de porter une attention à leurs patients. Et pour cause, ils sont au bout du rouleau. A Mayotte, le service psychiatrique n'est pas le seul à souffrir d'un sous-effectif chronique. Mais pour le personnel, la ligne rouge a été franchie. Et depuis mardi, ils sont en droit de retrait illimité.
L'ARS a budgétisé 15 postes de médecins psychiatres. Mais en ce moment, le service n'en compte qu'un ou deux en poste selon les périodes.
Nous avons une carence significative de médecins. Un poste pourvu sur 15, c'est mieux que rien. Mais c'est souvent un réserviste. Nous n'avons aucun médecin psychiatre présent de manière pérenne. Or, pour une prise en charge globale correcte, hospitalière et extra-hospitalière, il nous faut au moins deux psychiatres en permanence.
Victor Hurlault, infirmier au service psychiatrique du CHM
Des arrêts maladies et des démissions qui se multiplient
Le manque de pesonnel touche également les assistants sociaux et les autres catégories de pesonnel médical et paramédical. Les astreintes de nuit ne sont parfois plus assurées par les médecins. Le manque de pesonnel contribue à une surcharge de travail de ceux qui répondent à l'appel. Mais la surcharge de travail conduit à la fatigue et donc aux arrêts maladie. Des agents arrêtés qui ne peuvent être remplacés, ce qui conduit à encore plus de surcharge de travail. Un cercle vicieux qui n'en finit plus selon les agents du service. Et qui conduit à de nombreuses démissions.
Virtuel – Les présentations de l'Encéphale abordent des thèmes très variés et ont permis cette année encore de porter à la connaissance de la communauté médicale des approches thérapeutiques novatrices. C'est le cas de celle déployée du CHU de Montpellier où les parents victimes de leur enfant au comportement tyrannique peuvent rejoindre des groupes de parole. Initié il y a cinq ans, ce programme a été présenté par le Dr Nathalie Franc (pédopsychiatre, CHU de Montpellier) lors d'une session intitulée « Enfants tyrans, parents non-violents » (Lire aussi Enfant « tyran » : une consultation pour aider les parents à Montpellier). Son but : lever le secret et la honte de ces parents tyrannisés par leur enfant – exemplaire en dehors du foyer familial – et leur apprendre à utiliser la résistance non-violente, cette doctrine politique popularisée par Gandhi.
Un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a examiné la littérature portant sur les conséquences sur la santé des réalités virtuelle et augmentée. Pour mémoire, la réalité virtuelle désigne les technologies dans lesquelles l’utilisateur est plongé dans un monde fictionnel généré par informatique, au moyen d’un visiocasque par exemple. Dans la réalité augmentée, l’utilisateur peut projeter des éléments fictifs dans son univers réel, grâce à des lunettes, sa tablette, un smartphone, etc. Leurs applications sont très variées : soins, formation (pilotes d’avion, par exemple), visites d’appartements, musées, jeux vidéos, etc.
Le personnel infirmier et aide-soignant de l'hôpital Saint-Julien à Rouen s'est mis en grève ce mercredi après-midi. La direction du CHU a décidé de fermer des lits cet été dans le service de médecine gériatrique. Les grévistes dénoncent les conditions de travail et de prise en charge des patients.
Après une année difficile et deux clusters à l'hôpital, le personnel du site de Saint-Julienespérait souffler un peu cet été. Mais le 30 juin dernier, la direction du CHU de Rouen dont dépend l'établissement a douché leurs espoirs. A partir du 12 juillet, il ne restera plus que20 lits disponibles dans une seule des deux unités de médecine aiguë gériatrique. "On est passé de 60 lits à 20 lits en même pas un an" précise Sarah Lebrun, aide-soignante depuis 5 ans à Saint-Julien. La faute à une pénurie de personnel, médecin, infirmier, aide-soignant, dans les maisons de retraite et les services de soins de longue durée qui dépendent du CHU. Le personnel de Saint-Julien va devoir "boucher les trous" dans ces services désertés à cause des congés, des arrêts maladie et de la difficulté à recruter du personnel en médecine gériatrique. Les conditions de travail et de prise en charge des patients rebuteraient les jeunes diplômés expliquent les plus anciens.
La logique néolibérale influence sûrement l'évolution des soins en psychiatrie en France. Une absence d'intérêt et de connaissance de la discipline n'arrange pas les choses non plus.
L’indigence de la psychiatrie témoigne selon les plus engagés des défenseurs de cette discipline du tournant néo-libéral pris par nos gouvernements successifs. On peut tenir cette tendance pour responsable du mode de financement des soins en psychiatrie et ailleurs. Il existe une abondante littérature sur le sujet.
L’expérience de la coopération avec les financeurs me pousse à ajouter une cause supplémentaire au déclin de la psychiatrie en France. On pourrait l’appeler l’incompétence si on se voulait simplement méchant ou parler plutôt de méconnaissance car je n'ai jamais senti de réelle mauvaise intention lors des confrontations avec ceux qui nous financent ou décident pour nous. Il s’agit de l’idée que l’on peut donner la responsabilité de gérer l’argent et l’organisation des soins en psychiatrie à n’importe qui comme s’il n’y avait pas besoin de formation. Pourtant on entend partout qu’il y a des points spécifiques en psychiatrie, il faut du personnel plutôt que des machines, il existe des lieux de privation de liberté, d’où découle une organisation en secteurs, les pathologies mentales, malgré le DSM V ne s’appréhendent pas aussi facilement que les autres et amènent plus souvent que les autres pathologies vers l’invalidité et le handicap. Mais ce manque de prise en compte du fait d’une formation déficiente ne porte pas seulement sur ces aspects cliniques. L’organisation concrète des soins et des accompagnements sur le territoire restent méconnus comme également le travail effectif des équipes.
L’Association hospitalière Sainte-Marie, où sont notamment pris en charge des patients en souffrance psychique, a recours à la musicothérapie. Le réseau Musique et Soins a même été créé afin de permettre aux patients de se détendre, de retrouver confiance en eux et de s’ouvrir aux autres… en musique. Cet article a initialement été publié dans le n°38 d'ActuSoins Magazine (septembre 2020).
« La musique crée tout de suite une relation différente avec les patients, estime Jean-François Labit, infirmier et musicothérapeute, à l’origine du réseau Musique et soins, au sein de l’association hospitalière Sainte-Marie. Ils nous envisagent différemment, sans nous associer à la blouse et aux médicaments. Et surtout la musique les tranquillise. »
Il y a trois ans, cet infirmier – aujourd’hui à la retraite – a été sollicité par le service de moyen séjour intrahospitalier de l’hôpital Sainte-Marie à Rodez (Aveyron), qui souhaitait créer un espace particulier, « un ailleurs », pour les quatorze patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
L’établissement gère également une quinzaine d’appartements de réinsertion et un centre d’activité thérapeutique à temps partiel (CATTP) qui a recours à la musicothérapie, l’art-thérapie, des activités cognitives, des soins esthétiques, des activités de remise en forme ou encore de la cuisine. « La structure a souhaité un espace pour calmer les déambulations et les agitations », rapporte-t-il. Il propose alors d’adapter une pièce, de travailler sur l’éclairage, sur la décoration et d’y développer une activité de musicothérapie.
Le gros œuvre du nouveau bâtiment de psychiatrie à l’Hôpital nord est désormais achevé. Reste aujourd’hui à réaliser les finitions pour une ouverture prévue au printemps 2022.
Cette nouvelle construction permettra une meilleure efficience et lisibilité des activités du pôle psychiatrie. Visuel @agencechabanneLire la suite ...
Engagée auprès des populations rurales depuis plus de 24 ans et à l’écoute de leurs besoins et attentes, la Fondation Zakoura développe et déploie des projets et des programmes qui bénéficient à toute la communauté que ce soit de manière directe ou indirecte. C’est ainsi que le projet « Aide psychologique en milieu rural » a été conçu en partenariat avec la Fédération internationale de psychothérapie.
Ce projet est principalement destiné aux adultes de plus de 16 ans, et en priorité aux femmes des douars. Initié en 2019 pour une durée de 24 mois, le projet vise à apporter un soutien psychologique en milieu rural et notamment à sensibiliser la population locale à l’importance de la santé mentale, à aider les femmes enceintes et allaitantes qui souffrent de dépression avant et après l’accouchement (post-partum), prendre soin des femmes enceintes et des bébés. Le projet comprend des consultations gratuites et un suivi régulier au profit des femmes enceintes et allaitantes souffrant de dépression sur 2 ans ; des séances de sensibilisation aux enjeux de la santé psychique.
Nous vivons une drôle d’époque du point de vue des mœurs. D’un côté, avec les applications de rencontre, la mode des sex friends et des plans cul, le succès des conseils des sexperts, nous n’avons jamais été aussi près d’une démystification de l’érotisme qui facilite sa consommation effrénée. De l’autre, avec le phénomène #metoo mais aussi la publication de livres comme La Familia Grande de Camille Kouchner, une prise de conscience de la violence de la domination masculine est en cours, qui empêche de prendre l’acte sexuel à la légère.Alors, voulons-nous tout à la fois plus de liberté et plus d’éthique au lit ? Est-ce seulement possible ?
Dans un texte écrit pour « Le Monde », le sociologue et philosophe revient sur le siècle écoulé, durant lequel s’est accrue « de façon inouïe la puissance humaine, en même temps que, de façon non moins inouïe, l’impuissance humaine ».
Avant de considérer la crise que nous vivons depuis 2020 puis d’en supputer les suites, essayons de la situer dans la phase extraordinaire de l’aventure humaine qui a commencé il y a soixante-quinze années et a connu des imprévus eux-mêmes extraordinaires. C’est une période où s’accroît de façon inouïe la puissance humaine, en même temps que, de façon non moins inouïe, l’impuissance humaine.
En 1945, la bombe sur Hiroshima annonce la possibilité d’anéantissement de presque toute l’espèce humaine, possibilité qu’accroît par la suite la multiplication des armes nucléaires, notamment dans des Etats hostiles les uns aux autres. En cas de guerre nucléaire mondiale ne subsisteraient que quelques îlots de survivants. Ce déchaînement de puissance nous réduit à l’impuissance.
En 1972, le rapport Meadows avertit l’humanité du processus de dégradation de la planète tant dans sa biosphère que dans sa sociosphère. Les cinquante années suivantes voient son aggravation continue. La conscience de cette menace se fait très lentement et demeure insuffisante, tandis que les ravages se poursuivent dans l’atmosphère, les rivières, les océans, les terres stérilisées par l’agriculture industrialisée, l’alimentation, les villes polluées, la vie humaine.
Covid-19, crise des idées politiques, abstention, dérives militantes… Le sociologue et philosophe revient sur les débats qui traversent notre société.
La pandémie, ses doutes scientifiques, ses fantasmes et les changements professionnels, personnels et mondiaux qu’elle entraîne ; la crise écologique et de nos démocraties abstentionnistes ; les espoirs et les attentes de la jeunesse... le sociologue et philosophe Edgar Morin est revenu pour ses 100 ans sur les sujets qui occupent notre actualité.
Vous allez bien ?
Plus ou moins, ça va.
Pourquoi ?
C’est une période de fièvre, un peu. Ce n’est pas seulement mon livre qui sort mais cela coïncide avec l’anniversaire de mes 100 ans. Tout ça suscite beaucoup de choses qui d’un côté me plaisent et de l’autre m’épuisent. J’ai perdu pas mal d’énergie, j’ai été malade et chaque fois que je parle, comme cette fois entre nous, je suis assez fatigué. Je paye mon plaisir par mon déplaisir.
Votre plaisir, c’est de continuer à parler et rencontrer des gens ?
J’aime beaucoup les rencontres. Je vis à Montpellier, au cœur de la ville piétonne et mon grand plaisir ce n’est pas seulement de faire quelques pas, mais d’avoir des relations amicales. Pour moi, la convivialité fait partie des qualités basiques de la vie.