À l'occasion de la journée internationale contre les mutilations génitales féminines (MGF), le 6 février, la Haute Autorité de santé (HAS) publie des
recommandations de bonne pratique sur l'accueil et la prise en charge des enfants, adolescentes, et femmes ayant subi des mutilations, ou étant à risque, par les professionnels de premier recours.
En France, où ces mutilations sont interdites, quelque 125 000 femmes en seraient victimes, selon la dernière
estimation de Santé publique France. Et 11 % des filles de ces femmes le seraient aussi. Est considérée comme mutilation, toute atteinte, ablation partielle ou totale, des organes sexuels externes à des fins autres que thérapeutiques.
Si le gouvernement, dans le cadre de son plan national contre les mutilations, a déjà publié un
guide en juin 2019 destiné à tout professionnel en contact avec des enfants possiblement concernés, le travail de la HAS s'adresse aux soignants de premier recours.
Rechercher les signes évocateurs
La HAS rappelle les facteurs de risque qui doivent alerter le professionnel de santé, à commencer par la région d'origine et/ou le pays de naissance des parents, leur communauté, et les pratiques à l'œuvre dans la famille. « Naître d'une mère qui a subi une mutilation sexuelle féminine constitue un facteur de risque important » pour une mineure, lit-on.
La HAS donne ensuite des conseils et des exemples de phrases pour aborder sereinement la question des MGF avec la patiente, qui doit être reçue seule, dans la mesure du possible. Sont aussi récapitulés les signes évocateurs d'une mutilation, que souvent, la femme tait : modification de l'humeur (abattement, dépression anxiété, tristesse, etc.), fugues, agressivité, difficultés à marcher ou uriner, douleur pendant les règles, refus de l'examen médical, carnet de santé lacunaire, absentéisme inattendu et prolongé de l'école, etc.
Signalement pour les mineures
En cas de risque imminent pour une mineure, ou face à des mutilations constatées sur une moins de 18 ans, le professionnel doit faire un signalement auprès du Procureur de la République. Ce qui doit permettre, au passage, de protéger les sœurs de la fratrie. Lorsque le risque ne semble pas imminent, le médecin doit rédiger une information préoccupante à la cellule de recueil des informations préoccupantes du conseil départemental (CRIP). La levée du secret professionnel est prévue pour les cas de mutilation sexuelle, rappelle la HAS.
En revanche, lorsque la victime est majeure, le professionnel ne peut émettre de signalement si elle ne donne pas son consentement. La loi prévoit néanmoins une exception : quand la patiente
« n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique », précise la HAS, dont certains membres ont publié
récemment une tribune contre toute levée du secret médical et obligation de signaler.
Enfin, le guide précise la conduite à avoir pour examiner une victime de mutilation sexuelle et la prendre en charge. Le soin ne saurait se résumer à une reconstruction chirurgicale : il doit être global, psychique, sexuel et psychocorporel, insiste la HAS.