Très volontariste lors de la campagne présidentielle, le chef de l’Etat dévoilera ce mardi son plan en faveur des personnes en situation de handicap. Les associations attendent des mesures fortes.
Le candidat l’avait érigée comme l’une des «priorités» de son futur quinquennat, le Président la décline aujourd’hui en «pacte». Ce mardi matin, Emmanuel Macron doit dévoiler sa stratégie nationale pour la «Grande Cause Handicap», quasiment trois ans après ses promesses formulées lors du débat de l’entre-deux-tours. «Je ne veux plus de personnes vivant en situation de handicap qui soient sans solutions, avait-il déclaré le 3 mai 2017. Parce qu’aujourd’hui, il y a des dizaines de milliers de nos concitoyens […] qui sont sans solutions, livrés à eux-mêmes, à un quotidien où on apporte aucune réponse.»
Autant dire que les annonces du jour, axées principalement sur l’accompagnement, l’école et l’accès aux aides, sont attendues au tournant. «Le Président nous fait miroiter des mesures fortes et concrètes depuis bien trop longtemps. Le lien de confiance est déjà abîmé», met en garde Meryem Duval, vice-présidente du Collectif citoyen handicap. «Il ne suffira pas d’un beau discours pour nous convaincre», prévient de son côté Arnaud de Broca, président du collectif Handicaps. Et ce n’est ni la date symbolique de ce 11 février (quinze ans pile après l’adoption de la loi pour «l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées» exigée par Jacques Chirac), ni le cérémonial en grande pompe de cette «Conférence national du handicap» (500 invités assisteront au discours présidentiel), qui feront oublier les tensions passées.
Emploi et accessibilité laissés de côté
Les premières dissensions ont émergé dès mai 2018, au moment de la loi Elan. A cette époque, les députés avaient adopté un article ramenant de 100 % à 20 % la part des logements neufs obligatoirement accessibles aux personnes handicapées. Puis la gronde s’est portée sur la revalorisation en trompe-l’œil de l’Allocation aux adultes handicapés (AAH), portée de 810 à 900 euros par un gouvernement fier de son coup. Mais cette hausse ne bénéficie que partiellement aux allocataires vivant en couple, en raison d’une révision des plafonds de ressources. Sans compter les nouvelles craintes que suscite le projet de revenu universel d’activité, qui pourrait intégrer l’AAH, au même titre que des minima sociaux type RSA ou allocations logement.
Le président Macron et sa secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, réussiront-ils à convaincre, sachant qu’ils laissent a priori de côté les gros chantiers que sont l’emploi et l’accessibilité ? Sur l’accompagnement, deux «projets» principaux sont dans les tuyaux pour «améliorer le quotidien» des handicapés et de leur entourage. Il serait question d’instaurer un numéro national (le 360) pour permettre aux familles d’appeler «un staff départemental» chargé de leur trouver «des solutions concrètes aux problèmes du quotidien». Le second est plus tangible : le gouvernement veut créer 3 500 places supplémentaires en structures avant 2022 pour endiguer le phénomène d’exil vers la Belgique (où 500 enfants et 6 500 adultes seraient pris en charge à l’heure actuelle).
Concernant l’école, le gouvernement reprend la formule de 2017 : «Plus aucun enfant ne sera sans solution de scolarisation» à la prochaine rentrée. Selon les chiffres ministériels, ils étaient 4 % d’élèves à ne bénéficier d’aucun accompagnement à la rentrée dernière. «Scolariser son enfant en milieu ordinaire est un parcours du combattant sans fin. L’idée du Président est sur le papier très honorable, mais va-t-il mettre les moyens financiers ?» s’interroge Meryem Duval. Parallèlement, l’exécutif entend étendre le «forfait intervention précoce», prévu par le plan autisme de 2018 jusqu’aux enfants âgés de 12 ans inclus (la fourchette actuelle étant de 0 à 6 ans).
Objectif drastique
Faciliter l’accès aux aides est aussi au programme. Dans les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), les délais pour bénéficier d’une aide sont honteusement longs. Le gouvernement fixe un objectif drastique : ramener à trois mois maximum les délais d’examen des dossiers pour le droit à l’AAH. En revanche, rien de concret pour l’heure sur la prestation de compensation du handicap (PCH) et l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH). Le gouvernement «prend le temps de la réflexion». Sachant que, pointe Arnaud de Broca, les compensations pour frais médicaux (prestations à domicile notamment) et techniques (fauteuil, lit médicalisé…) n’ont pas été revalorisées depuis 2005. «Et les aides ménagères comme les aides à la parentalité n’existent pas, c’est une aberration.»
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