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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 21 juillet 2011

Urgences psychiatriques : "On évite des drames tous les jours"

La grève dure depuis le 13 juillet. /Photo DDM, Camille Crépy
La grève dure depuis le 13 juillet. /Photo DDM, Camille Crépy
La grève dure depuis le 13 juillet. /Photo DDM, Camille Crépy

Le personnel des urgences psychiatriques en grève depuis le 12 juillet a reconduit son mouvement, suivi à 100% d'après les infirmiers, 96% selon la direction. Les grévistes dénoncent le manque de personnel et de moyens.


Assignés à leurs postes les infirmiers des urgences psychiatriques du CHU sont en
grève illimitée depuis le 13 juillet. Le personnel, gréviste à 96% d'après la direction, maintient tant bien que mal la continuité des soins aux urgences psychiatriques de Purpan, tout en dénonçant le manque de moyens. Les hospitaliers de Marchant qui étaient en grève pour les mêmes raisons il y a un an sont solidaires et ont signé le communiqué commun de la CGT. «Lundi soir nous avons été reçus par le professeur Schmitt, chef du service du pôle psychiatrie, qui nous a dit qu'il nous comprenait mais ne pouvait répondre à nos
attentes.

Le DRH du CHU n'est pas venu à cette réunion», explique Julien Bénézech, infirmier psychiatrique. «On nous a annoncé l'arrivée d'un agent de service remplaçant, d'un infirmier début août et d'un médecin cet été. Ce n'est pas suffisant car nous fonctionnons avec l'équivalent de 36,2 postes au lieu de 40 normalement. Vu l'augmentation de l'activité, de l'ordre de 10% par an, nous devrions être au moins 46. On évite des drames tous les jours» confie cet infirmier qui a eu à à gérer tout seul 8 personnes en même temps le 15 juillet.

Des patients «agités, délirants» qui arrivaient en consultation au rez-de-chaussée du Pavillon Laporte. «Nous voulons travailler dans des conditions adaptées, mais le manque de personnel aggrave la souffrance des gens ainsi que la mise en danger d'eux-mêmes et d'autrui» dit encore Julien Bénézech.


«Des mesures sont prises pour conforter le personnel médical et non médical» indiqueThérèse Cousseau-Bourdoncle, secrétaire générale du CHU. «La pénibilité des urgences est prise en compte. Le versement d'une prime est à l'étude.»


La démission de Xavier Emmanuelli met en lumière les ratés de l'urgence sociale

20.07.11

En 2009, les équipes du Samu social de Paris ont effectué près de 40 000 "rencontres", et le "115" a répondu à plus de 400 000 coups de fil.
En 2009, les équipes du Samu social
de Paris ont effectué près de 40 000
"rencontres", et le "115" a répondu
à plus de 400 000 coups de fil.
AFP / Joel Saget

Une figure de la lutte contre l’exclusion vient de claquer la porte de manière totalement inattendue. Dans un long entretien à l’hebdomadaire Charlie Hebdo, daté du mercredi 20 juillet, le président du SAMU social de Paris, Xavier Emmanuelli, déclare qu’il quitte ses fonctions "parce que ce n’est plus gérable".
Sa décision intervient dans un contexte très difficile pour tous les opérateurs, publics et associatifs, qui aident les sans-domicile fixe (SDF). Elle met fin au règne d’un homme de 72 ans, à la fois respecté et critiqué dans le milieu de l’action sociale.

Cofondateur de Médecins sans frontières au début des années 1970, M. Emmanuelli a créé le SAMU social de Paris en novembre 1993, avec l’appui de Jacques Chirac, alors maire de la capitale. Dans son esprit, la mission d’un tel dispositif consistait à aller au-devant des personnes à la rue qui ne peuvent plus appeler les secours – par analogie avec un SAMU médical pour des victimes d’accidents.

Des "maraudes" ont été mises en place, afin de voler à la rescousse des clochards et des sans-logis. Le SAMU social s’est également occupé du "115", ce numéro d’appel gratuit que les SDF peuvent composer pour obtenir un hébergement. En 2009, les "équipes mobiles" de M. Emmanuelli ont effectué près de 40 000 "rencontres", et le "115" a répondu à plus de 400 000 coups de fil.

L'ETAT ET LA MAIRIE DE PARIS VISÉS

Parallèlement, M. Emmanuelli a poursuivi son combat contre la précarité en exerçant d’autres responsabilités. Secrétaire d’Etat à l’action humanitaire d’urgence dans le gouvernement Juppé (1995-1997), il a ensuite été désigné président du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, une instance qui a joué un rôle important lors de l’adoption et de la mise en application de la loi sur le droit au logement opposable en 2007.

Aujourd’hui, il "passe [son] chemin" car "l’urgence sociale, personne n’y croit", confie-t-il à Charlie Hebdo. "Ça appartient aux petits hommes gris (…). Les technos, les mecs qui pensent structure, budget et pas souci de l’autre", ajoute-t-il dans un langage polémique, inhabituel chez ce personnage rétif aux coups d’éclat.
Xavier Emmanuelli à Moscou, le 29 mars 2011.
Xavier Emmanuelli à Moscou,
le 29 mars 2011.
AFP/NATALIA KOLESNIKOVA

Son propos vise l’Etat mais aussi la Mairie de Paris : "Ils se tirent dans les pattes, ils n’ont pas les mêmes objectifs." M. Emmanuelli avait annoncé, il y a quelques jours, lors d’une réunion du conseil d’administration du SAMU social, qu’il comptait quitter son poste.

D’après l’un des administrateurs, il avait, à cette occasion, exprimé son désaccord sur les restrictions budgétaires et sur les orientations du gouvernement, qui souhaite privilégier l’accès au logement des sans-domicile, l’hébergement d’urgence ne devant servir que de sas vers des solutions durables. Cette politique, dite du "housing first", vise à épauler les nombreux SDF qui multiplient, depuis des mois, les allers-retours entre la rue et les centres d’accueil.

"L'ACTION DOIT SE FAIRE PÉRENNE"

Rigueur financière oblige, la plupart des crédits consacrés à l’urgence sociale ont été revus à la baisse, en particulier celui pour les nuitées à l’hôtel offertes à des milliers de personnes – des étrangers, bien souvent, candidats au statut de réfugié ou en situation irrégulière.

Sur le terrain, la situation est parfois dramatique : ne pouvant pas être prises en charge par le "115", des familles entières déboulent dans les urgences d’hôpitaux. Fin juin, un collectif de plus de 30 associations, parmi lesquelles Emmaüs et la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, a dénoncé le "mépris des plus hautes instances de l’Etat envers toutes les situations d’exclusion et de détresse sociale" laissées sans réponse. Quelques jours plus tôt, la fermeture d’une structure d’accueil gérée par le SAMU social de Paris avait soulevé un flot de critiques (Le Monde du 28 juin, disponible en édition abonnés).

Le secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, a salué "le formidable boulot" abattu par M. Emmanuelli. Le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, lui a également rendu "hommage pour son soutien aux plus démunis". Tout en partageant ces appréciations, certains acteurs du monde associatif pensent que M. Emmanuelli avait tendance à focaliser son regard sur les SDF les plus désocialisés.
Dans un rapport sur l’urgence sociale en Ile-de-France remis en 2010, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) appelait à changer en profondeur le dispositif. La démarche de M. Emmanuelli a, certes, permis "de renouveler les pratiques de la lutte contre la grande exclusion", écrivait l’IGAS, mais désormais, "il ne s’agit plus de mettre en place des innovations pionnières pour résoudre des situations passagères". "L’action doit se faire pérenne", concluait-elle.
Bertrand Bissuel


Dialogues de l'idiot sur la sagesse et l'esprit
Nicolas de Cusa (1401-1464)

1
Juin 2011
PUF – Coll. Epiméthée 

L'«Idiot» est le personnage central de l'ensemble de ces dialogues qui rassemblent deux livres sur la sagesse, un troisième sur l'esprit et un quatrième sur l'usage de la balance comme instrument de mesure universelle. Étymologiquement, le mot signifie «l'homme simple» et «ignorant», au sens où il n'est initié à aucun savoir. Il se reconnait et se dénomme comme tel, non sans humour et une pointe de provocation badine, mais qui veut incarner avant tout l'ironie socratique. L'Idiot n'est pas un savant, c'est un petit artisan qui fabrique des ustensiles d'usage courant : des cuillers en bois. Sa science, dit-il, ne se trouve pas dans les livres écrits par les hommes, mais dans le livre de la nature. Porte-parole de Nicolas de Cues, il personnifie la docte ignorance, qui n'est pas un scepticisme mais une nouvelle forme de savoir, un gai savoir pourrions-nous dire, fondé non sur l'érudition livresque mais sur l'expérience directe, un savoir qui se «savoure» - sapientia vient de sapere, se plaît-il à souligner - et non qui se transmet, un savoir qui produit quelque chose et non un savoir stérile.

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De l'utopie !
Pierre Macherey

3
Avril 2011
De l’incidence Éditeur

Pourquoi s’intéresser aujourd’hui aux discours des utopistes ? Peut-être parce que, ce dont nous manquons le plus, c’est précisément d’utopie, sans même avoir conscience de ce manque. Plus fondamentalement, l’utopie ne correspond-elle pas au sentiment diffus que quelque chose ne va pas dans la société, à quoi il faudrait de toute urgence remédier, ce qui fait d’elle l’expression d’un manque ?                    

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Bonne éducation et vie saine pourraient aider à prévenir la maladie d'Alzheimer

19-07-11

PARIS (AP) — Prendre soin de votre corps pourrait sauver votre esprit. Des millions de cas de la maladie d'Alzheimer pourraient ainsi être évités dans le monde si l'on s'occupait au plus tôt de maîtriser ou prévenir des risques tels que la tension, la tabagie, l'obésité et le manque d'exercice physique et d'éducation, d'après une étude américaine présentée mardi à Paris à l'occasion du Congrès international de l'Association Alzheimer.

Cette étude apporte des éléments un peu plus concrets que les habituelles recommandations de bon sens sur un mode de vie sain. En effet, elle a identifié sept maux ou comportements expliquant près de la moitié des 35 millions de cas d'Alzheimer recensés sur le globe. Alors qu'aucun traitement efficace n'est encore en vue, la prévention est plus cruciale que jamais.


L'étude a été menée par Deborah Barnes, professeur adjoint de psychiatrie à l'Université de Californie (San Francisco) et ses résultats ont été publiés sur l'édition en ligne de la revue "Lancet Neurology". Les chercheurs ont reçu des fonds de l'Association Alzheimer et de l'Institut national américain sur le vieillissement (NIA).


Elle s'est basée sur un modèle mathématique qui a servi à estimer l'impact des facteurs à risque susceptibles d'être contrôlés: tabagie, dépression, peu ou pas d'éducation, diabète, manque d'exercice, ainsi qu'obésité et tension élevée à la quarantaine.


Dans le monde, le facteur à risque ayant le plus d'impact en matière d'Alzheimer est le manque d'éducation, car l'illettrisme est très répandu, selon les chercheurs. De plus, peu ou pas d'éducation signifie souvent qu'il existe d'autres facteurs associés comme une sous-nutrition. En lui-même, le manque d'éducation signifie que vous serez moins à même d'exercer des capacités cognitives qui vous seront utiles à un âge plus avancé.


"L'éducation, même à un jeune âge, aide à construire son réseau de neurones" et en être privé signifiera un développement cérébral moindre, a noté le Pr Barnes. Le second facteur à risque identifié dans le monde est la tabagie, suivie par le manque d'exercice (ce dernier étant le facteur N 1 aux Etats-Unis).


D'après ces résultats, les chercheurs estiment que réduire de 25% ces sept facteurs à risque pourrait permettre de diminuer de trois millions le nombre de cas d'Alzheimer. Une réduction de 10% signifierait 1,1 million de cas en moins.


Car il y a urgence: le nombre de personnes frappées par l'Alzheimer devrait tripler d'ici 2050 pour atteindre 106 millions de cas dans le monde.


"Nous pouvons agir", résume le Dr Ronald Petersen, un spécialiste de la démence sénile à la Mayo Clinic qui n'a pas participé à cette étude. Une fausse idée très répandue veut que tout soit déjà joué avec le patrimoine génétique dont on hérite, déplore-t-il, "mais les gens doivent se rendre compte qu'ils ne peuvent pas rester passifs". AP


Sur le Net :

- Alzheimer's Association: www.alz.org
- Lancet:
http://www.thelancet.com/journals/laneur/article/PIIS1474-4422(11)70072-2/abstract
mw/v186/st

Ce que les patients changent à la santé

“Voit-on des changements radicaux dans la santé, le bien-être ?”, s’interrogeaient les organisateurs de la 3e édition de la Conférence Lift France. Les soins sont des systèmes souvent mal aimés et coûteux, rappelle Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internet nouvelle génération. Y-a-t’il des changements dans la façon dont on apporte les soins aux gens ? Y-a-t-il, plus encore, un changement dans la façon dont les patients gèrent leur santé ?
Un des phénomènes les plus importants pour la transformation de la relation patients-médecins ces dernières années repose sur la naissance des réseaux de patients dont PatientsLikeMe demeure le symbole. PatientsLikeMe a transformé la relation entre malades et la relation entre malades et médecins.

La valeur de l’ouverture

Pour Paul Wicks, directeur de la R&D de PatientsLikeMe, la science-fiction n’avait pas prévu le web. “Nul n’avait vu arriver Google, Facebook, Wikipédia… c’est-à-dire le rôle majeur que joue la composante individuelle des êtres humains. Il y a quelques années, nul n’aurait pensé qu’on abandonnerait nos encyclopédies pour Wikipédia, ou qu’on utiliserait si massivement des sites sociaux comme Facebook. Nous nous sommes trompés sur l’internet. On pensait y créer des autoroutes de l’information où nous trouverions toute l’information disponible, alors qu’il a d’abord été un outil permettant aux gens de s’organiser, de créer des groupes de manière spontanée.” Et ce que nous avons à faire est juste de mieux les organiser.

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Prédire la psychose sur l’IRM
15/07/2011

L’entrée dans la psychose est souvent précédée par une phase prodromique, marquée par une dégradation progressive du fonctionnement social et/ou global, et par l’émergence de symptômes atténués d’ordre psychotique. Mais si les sujets présentant ces prodromes implicites de psychose ont certes un risque accru de développer cette affection, il est souvent impossible de prédire une évolution inéluctable sur la seule base des caractéristiques cliniques, et de distinguer ceux qui deviendront effectivement psychotiques après ces prolégomènes évocateurs (dans 20 à 50 % des cas). Confortés par les progrès de la neuro-imagerie, des travaux récents suggèrent l’existence d’anomalies volumétriques chez les individus à risque de psychose « très élevé » (ultra-high risk).
Fruit d’une collaboration internationale entre cinq équipes (deux à Londres, Royaume-Uni, une à Bâle, Suisse, une à Munich, Allemagne, et une à Melbourne, Australie), une étude compare l’évolution clinique et l’imagerie en résonance magnétique chez 182 sujets à risque et chez 167 sujets-témoins. Cette recherche confirme que les sujets avec des volumes de matière grise plus réduits dans les régions frontales (à droite comme à gauche) sont aussi les plus susceptibles de devenir psychotiques, environ deux ans plus tard. Concernant 26,4 % des sujets à risque, cette « association significative » vaut tout particulièrement pour les personnes ayant un déficit en matière grise dans le cortex parahippocampique gauche.
Pour les auteurs, ces anomalies (en particulier dans cette région du cortex parahippocampique gauche) sont donc probablement « cruciales dans l’expression de la maladie. » Notons que la précocité de la mise en évidence de ces altérations neuro-anatomiques (précédant ou accompagnant l’entrée dans la psychose) permet aussi d’écarter l’hypothèse où ces troubles seraient, au contraire, une conséquence de la maladie, plutôt qu’un contexte étiologique ou prédisposant.
Enfin, ces notions n’ont pas qu’un intérêt théorique, dans la mesure où d’autres travaux ont montré qu’une intervention (thérapeutique) dans cette population à risque peut « réduire le risque d’une évolution ultérieure vers la psychose. »

Dr Alain Cohen

Mechelli A et coll.: Neuroanatomical abnormalities that predate the onset of psychosis. Arch Gen Psychiatry 2011 ; 68 (5) : 489-495.

Un handicapé raconte son cauchemar sur son blog et Twitter, et mobilise le gouvernement

LEMONDE.FR avec AFP
15.06.11

L'appel au secours d'un tétraplégique sur son blog a créé un élan de solidarité exceptionnel sur Internet, qui a atteint mercredi les sommets de l'Etat.
L'appel au secours d'un tétraplégique
sur son blog a créé un élan de solidarité
exceptionnel sur Internet, qui a atteint
mercredi les sommets de l’État.

AFP/MYCHELE DANIAU

A bout de nerfs, Louis Van Proosdij, un entrepreneur handicapé, a publié mardi 14 juin un article sur son blog pour "saisir un certain nombre d'autorités, et de politiques, pour alerter, tenter d'inverser la situation". Dans une note poignante, il dénonce son cauchemar quotidien et les mauvais traitements d'une société d'aide à domicile. Grace à un immense mouvement de solidarité via le réseau social Twitter, il a finalement réussi mercredi à faire résoudre ses problèmes par le gouvernement.
Tétraplégique depuis un accident à l'adolescence, Louis Van Proosdij a besoin d'une aide quotidienne pour se coucher le soir et pour se lever, prendre une douche et s'habiller le matin. Mais sa vie a été complètement perturbée par un protocole de soins imposé il y a une quinzaine de jours par la société privée Santé Service, spécialisée dans les soins à domicile.

"AUJOURD'HUI, JE SUIS EN SOUFFRANCE"

Lui qui a toujours vécu "pressé par l'envie d'autonomie", il s'est retrouvé confronté à un "violent changement de vie". La liste des griefs est longue. Depuis peu, il n'avait plus droit qu'à une douche par semaine et sa toilette quotidienne se faisait désormais au lit, avec une cuvette. Il était également couché tôt le soir, parfois à 21 heures et levé trop tard le matin pour honorer certains rendez-vous. Son lit confortable avait été changé pour un lit médicalisé en acier avec un matelas "plus dur que des tatamis de judo", alors qu'il ne peut changer seul de position. "Aujourd'hui je suis en souffrance, mon équilibre est rompu, je suis brisé, je suis un protocole", résumait-il dans son appel au secours.

Une souffrance qu'il n'est pas seul à supporter. Louis Van Proosdij reproduit ainsi des témoignages d'autres handicapés, publiés sur des forums de discussion, et qui se plaignent des mêmes mauvais traitements.

Ses signalements à la direction de la société Santé Service restent lettre morte. “Vous allez vous y faire, m'a-t-on répété à de nombreuses reprises, c'est une question de temps” relate l'entrepreneur, spécialiste reconnu de l'économie numérique. Une condition professionnelle que ne comprennent pas ses auxiliaires de vie, qui lui expliquent qu'il faut qu'il "arrête de se leurrer, et accepter que votre handicap ne vous permette peut-être pas de travailler à temps plein comme vous vous entêtez à le croire depuis des années".

ÉLAN DE SOLIDARITÉ SUR INTERNET

Cet appel au secours, publié le lendemain de la journée de solidarité, a créé un événement sur le Web et sur le réseau social Twitter. Directement pris à partie par des centaines d'internautes émus par cette histoire, des membres du gouvernement ont vite réagi.

La secrétaire d’État aux solidarités Marie-Anne Montchamp, alertée, a pris contact avec le prestataire de services et avec l'entrepreneur. "Il y a eu une rupture unilatérale du protocole" qui est illégale ont indiqué les services de Mme Montchamp. La société Santé Service "a reconnu une erreur et est allée voir M. Van Proosdij cet après-midi pour lui annoncer qu'elle revenait au protocole initial".

"A l'ère de Twitter et de l'hyper-communication, gestion exemplaire des différents cabinets ministériels et de l’Élysée"
, résumait mercredi Louis Van Proosdij sur Twitter, qui espère avoir fait prendre conscience aux plus grands nombres des conditions de soins des personnes handicapées.

Clémence Thébaut, chef de projet à la Haute Autorité de santé (HAS)

Santé : "Il faut améliorer l'accès aux pratiques non médicamenteuses"

07.06.11
Et si l'alimentation figurait au menu des prescriptions des médecins ?
Et si l'alimentation figurait au menu des prescriptions des médecins ?AFP/FRANCOIS GUILLOT

Dans un rapport intitulé "Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées", remis mardi 7 juin, la Haute Autorité de santé (HAS) fait le point sur les freins au développement de ce type de prescriptions et sur les pistes à apporter. Ce rapport a été réalisé à la demande de la direction de la Sécurité sociale. De nombreuses études montrent les effets de l'alimentation et du sport sur la santé, tandis que le stress joue un rôle négatif. Clémence Thébaut, chef de projet à la HAS, qui a piloté ce rapport, répond à nos questions.
La France est championne d'Europe du médicament, quels freins avez-vous identifié au développement de thérapeutiques non médicamenteuses que sont la psychothérapie, l'alimentation, l'activité physique… ?

Les freins sont de plusieurs ordres. Ils sont d'abord de nature culturelle et sociétale. La valeur symbolique attachée à la représentation du médicament est forte, de même que celle liée à la rédaction de l'ordonnance, qui clôt la plupart du temps une consultation.

Les freins sont aussi économiques. La rémunération actuelle des médecins, avec un paiement à l'acte, n'incite pas les médecins à consacrer du temps à leur patient.

Le manque d'information est aussi mis en avant du côté des médecins, tant sur la nature de ces thérapeutiques que sur les compétences des professionnels spécialisés dans leur suivi (psychothérapeutes, diététiciens, kinésithérapeutes…).

Pour y répondre, la HAS propose la mise en place d'annuaires pluridisciplinaires et des rencontres au niveau local pour développer les connaissances entre les spécialités.

Justement, quelles pistes proposez-vous ?

Elles sont là aussi de différentes natures. Au niveau de l'organisation du système de santé, de nouveaux modes de rémunération des médecins doivent être étudiés, afin qu'ils soient incités à prendre le temps. Convaincre de l'intérêt thérapeutique de ces pratiques est une démarche de long terme. Il faut aussi améliorer l'information des médecins. Elle est pour une bonne part fournie par l'industrie pharmaceutique. Les médecins doivent être mieux formés aux recommandations sur les thérapeutiques non médicamenteuses. Il faut aussi améliorer l'accès de la population à ces pratiques, au niveau géographique…

Il s'agit finalement de modifier le regard de la collectivité sur le traitement. Autre piste, inscrire sur l'ordonnance les prescriptions en matière de pratiques non médicamenteuses au même titre que les médicaments.

Pensez-vous qu'un financement serait possible un jour par l'assurance-maladie, les mutuelles ?

Il faudrait approfondir les études sur l'efficacité de ces thérapeutiques. Par exemple, pour l'insomnie, il faudrait déterminer quels sont les traitements psychologiques les plus efficaces selon le type de patient… comme la HAS le fait à chaque fois lorsqu'elle évalue une stratégie de santé. Un avis pourrait ensuite être rendu sur l'intérêt de ces pratiques et sur le fait qu'elles méritent ou non une prise en charge collective, donc un financement par l'assurance-maladie. L'aspect financier peut en effet être un frein important pour la population.
Pascale Santi

Les Livres de Psychanalyse

Le débat sur la psychanalyse dans la crise en France [Tomes 1 et 2]
Emile Jalley

9782296561823r
Juin 2011 – L’harmattan
Tome 1 : Onfray, Janet, Reich, Sartre, Politzer, etc.Tome 2 : (In)culture, (dé)formation, aliénation.

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Des Français développent une imagerie fonctionnelle du cerveau de nouvelle génération
08/07/2011

© CNRS

Mickael Tanter et coll.* présentent l’article princeps sur une nouvelle technique d’imagerie qui dépasse l’IRM fonctionnelle en sensibilité et en résolution : le « fUltrasound » ou imagerie fonctionnelle par ultrasons du cerveau. Elle permet de visualiser en temps réel l’afflux du sang dans une région activée du cerveau.

Suivre en direct le développement d’une crise d’épilepsie dans un cerveau à partir d’un foyer ne fait plus partie de la science-fiction. C’est possible chez l’animal et devrait bientôt l’être chez les humains. Et les possibilités de suivre le développement du langage ou de voir comment le fœtus pense devraient suivre de peu.

Le « fUltrasound », développé par les chercheurs français, offre la possibilité d’observer les tout petits vaisseaux du cerveau et donc de visualiser finement l’activité cérébrale. Pour augmenter la sensibilité de l’écho-Doppler conventionnelle, les chercheurs ont développé une imagerie ultrarapide, capable de mesurer les mouvements du sang sur l’ensemble du cerveau plusieurs milliers de fois par seconde (contre quelques dizaines de fois jusqu’alors). Ce qui permet de détecter le flux dans de très petits vaisseaux, dont les variations subtiles sont liées à l’activité cérébrale.

Les travaux préliminaires sont très intéressants et impressionnants. Des membres de l’équipe ont filmé en temps réel la réponse du cortex cérébral lorsqu’on stimule les moustaches (vibrisses) d’un rongeur. Un afflux sanguin apparaît très nettement au niveau du cortex somatosensoriel, témoignant de l’activité de la zone.

Les chercheurs ont également filmé une crise d’épilepsie qui se propage à partir d’un foyer et gagne l’ensemble du cerveau d’un rat. « Nous avons maintenant le moyen de localiser un foyer », témoigne Mickael Tanter, ce qui n’était pas le cas antérieurement. « Nous espérons tester la méthode chez les nourrissons dans l’année qui vient. » En effet, pour l’instant ce type d’imagerie ne peut être appliqué à l’adulte en raison de l’épaisseur de l’os. Mais chez le nourrisson, la fontanelle offre une bonne proximité entre la barrette échographique qui délivre les ultrasons et le cerveau. Elle peut aussi être utilisée en peropératoire chez un patient trépané, pour étudier, par exemple, un foyer épileptique.

Cette imagerie fonctionnelle du cerveau par ultrasons va aussi intéresser la recherche en neurosciences.
Dr BÉATRICE VUAILLE

* CNRS/INSERM, équipe « Physique des ondes pour la médecine », dans « Nature Methods », juillet 2011.

dimanche 17 juillet 2011


Dans Louise, elle est folle, la pièce de théâtre qu’elle a créée à la Maison de Poésie, à Paris, en mars 2011, l’écrivain Leslie Kaplan questionne le langage, la norme, et la folie.
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2 diffusions de Fol été sont disponibles à l'écoute


Visiblement, je vous aime

du 03/07/2011

Des obsessions, des rites, des bizarreries, et un grand mystère : la folie. C’est à cette question que s’est intéressé le réalisateur Jean-Michel Carré en 1995, dans Visiblement je vous aime

l'émission

Peut-on parler de la folie et de la psychiatrie autrement qu’à travers des faits divers tragiques et des reportages sur les Unités pour Malades Difficiles ?

En tout cas, c’est l’ambition de cette série de neuf émissions que propose Hélène Delye et qui explore, sans drame et sans tabou, le thème de la folie en compagnie de ceux qui la côtoient de près ou l’ont approchée. Pourquoi la folie fait-elle peur autant qu’elle fascine et qu’elle nourrit les fantasmes de chacun ? Ne fait-elle pas partie de chacun de nous ?


Parler de la folie, c’est aussi donner une vision du monde et de l’être humain extraite de la norme et de certains codes. Car la folie, et certains fous, peuvent nous faire deviner le caractère aliénant de la norme et le potentiel poétique et stimulant de l’hors-normes. C’est ce basculement mystérieux qui sera au coeur de cette émission.


L’émission d’Hélène Delye s’articulera autour d’un dialogue avec un « grand témoin » (artiste, intellectuel..), qui par son oeuvre, sa démarche ou son parcours personnel a choisi de s’intéresser à la question de la folie avec en contrepoint les témoignages des patients du Centre Antonin Artaud de Reims.
Délirante loi sur les soins sans consentement
12/07/2011

Par les docteurs Daniel Zagury et Gilles Vidon Psychiatres des hôpitaux

Nous l’avons suffisamment répété, la loi sur les soins sans consentement en psychiatrie, qui vient d’être votée par le Parlement, est rigoureusement inapplicable en l’état. La plus grande difficulté concerne le rôle du juge des libertés et de la détention : il doit voir tous les patients dans les dix jours de leur admission pour s’assurer du bien-fondé et de la légalité des hospitalisations sans consentement (70 000 à 80 000 hospitalisations par an). Les assemblées ont laissé ouvertes trois possibilités : l’audience au tribunal, l’audience par visioconférence et l’audience à l’hôpital dans une salle dédiée.

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Signature du premier protocole de coopération entre infirmières et médecins

Le personnel infirmier de l’Institut de cancérologie Paoli-Calmettes à Marseille va pouvoir effectuer des myélogrammes (prélèvement et examen de la moelle osseuse), jusque-là réservées aux oncologues, grâce à un accord de coopération inédit. Le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Dominique Deroubaix, a en effet arrêté le 13 juillet ce protocole, réalisé en partenariat avec la Haute Autorité de santé et à l’initiative de l’Institut Paoli-Calmettes.

Il permet donc aux infirmières de pratiquer des prélèvements de moelle osseuse au même titre que les oncologues, par dérogation aux conditions légales d’exercices et après formation théorique et compagnonnage. Selon un communiqué de l’ARS, « ce protocole améliore la qualité des soins » : les infirmières développent leurs compétences, et soulagent les médecins qui se consacreront davantage au suivi de leurs patients. Ces derniers ne seront convoqués qu’une seule fois en consultation.

Les infirmiers ayant 3 ans de pratique en onco-hématologie à leur actif peuvent prétendre à la formation. Elle consiste en un enseignement théorique de 8 heures, assuré par un hématologiste, un anesthésiste et un biologiste, et d’une formation pratique, sous la forme d’un compagnonnage. Elle commencera à l’Institut Paoli-Calmettes à la rentrée avec 5 infirmiers.

« Ce protocole est de portée nationale, il peut être repris dans toutes les régions qui le souhaiteraient »
, rappelle l’ARS PACA.
› COLINE GARRÉ

Des fous pas si furieux

Analyse

Un rapport dévoilé jeudi va à l’encontre des clichés sur la dangerosité des malades mentaux.
Par ERIC FAVEREAU

Un patient sur un banc dans la cour de l'hôpital psychiatrique Saint-Jean de Dieu à Lyon, le 17 décembre 2006 (AFP Jean-Philippe Ksiazek)

La Haute Autorité de santé (HAS) est bonne fille. Elle, qui est censée faire des choix en matière de santé, a eu la délicatesse de ne rendre public que jeudi son rapport sur la question de la «dangerosité chez les malades mentaux». Soit deux jours après la promulgation de la nouvelle loi sur l’enfermement sous contrainte. Bizarre, non ? D’autant que ledit rapport, pourtant terminé depuis mars, fait un point, honnête et documenté, sur cette question. Et, au final, prend le contre-pied des clichés établissant une sorte d’équation entre fou et dangereux, clichés qui ont fortement inspiré le texte de loi sur la psychiatrie.

«Exceptionnel».
«C’est honteux ce que l’on a pu entendre ces derniers mois, a rappelé, jeudi, Claude Finkelstein, présidente de la Fédération des associations de malades mentaux. A chaque fait divers, on pouvait lire : "Un schizophrène a tué." Comme s’il y avait un lien automatique. Personne n’oserait écrire : "Un Noir a tué." Mais, là, cela ne choque personne.» Une colère que les chiffres du rapport rendent légitime. La Haute Autorité a recensé toutes les études sur ces questions. «Dans les études internationales disponibles, les individus souffrant de troubles mentaux graves sont 4 à 7 fois plus souvent auteurs de violences que les individus sans trouble mental, mais ils ne sont que rarement auteurs d’actes de violence grave : environ un homicide sur 20 actes de violence, voire un homicide sur 50 [soit de 2 à 5 % des homicides, ndlr].» En France, on estime que 1% de la population souffrirait de troubles schizophréniques et 1% de troubles bipolaires. Ces personnes seraient à l’origine de 3 à 5% des cas de violence.

«C’est le premier constat qu’il faut répéter : le passage à l’acte violent chez un malade reste exceptionnel,
explique le professeur Jean-Louis Senon, psychiatre à Poitiers, et qui a présidé les auditions à la base du travail de la HAS. Ce n’est ni la règle ni l’habitude. Pour les agressions sexuelles, les malades mentaux sont même très peu représentés : moins de 5%.» Comme le notent d’autres études, les malades mentaux sont bien plus victimes qu’acteurs. «Ils subissent de 7 à 17 fois plus d’actes violents que la population générale»,insiste le professeur Senon.

Même si ces actes violents sont marginaux, ils existent. Et les données indiquent que, proportionnellement, les malades mentaux commettent plus de violence qu’un citoyen lambda. Mais est-ce si automatique que cela ? Ces actes violents sont-ils liés aux troubles mentaux ou à d’autres éléments ? Le professeur Senon met en avant une série de facteurs de risque, comme le sexe (ce sont surtout des hommes), l’âge (ils ont plutôt moins de 40 ans), mais aussi la précarisation de leur situation, les difficultés d’insertion sociale et, surtout, la consommation d’alcool ou de drogues. Plus éclairant encore, la rupture dans la continuité des soins est un facteur de risque majeur. «C’est bien souvent dans les semaines qui ont suivi une hospitalisation que le risque est le plus élevé, surtout quand la prise en charge est peu suivie»,note ce psychiatre. Exemple : dans le cap des vingt semaines après la sortie de l’hôpital, il y a quatre fois plus de risques qu’un malade commette un acte violent lorsqu’il est vu seulement une fois par mois en consultation, et non pas une fois par semaine. Comme si, en somme, la violence venait plus d’un déficit de lien thérapeutique que de la maladie elle-même.

«Il faut revenir à la clinique»,
insiste Jean-Louis Senon. C’est-à-dire le soin, l’hospitalité, la prise en charge. «Il faut observer et être très attentif», martèle le rapport de la HAS, qui note que des signes d’alerte existent et qu’il faut savoir les repérer.

Paranoïde.
Le rapport énumère ces signaux : «En cas de troubles schizophréniques, les équipes soignantes doivent être attentives à des signes cliniques d’alerte tels qu’un délire paranoïde avec injonction hallucinatoire, des idées délirantes de persécution avec dénonciation d’une personne considérée comme persécutant le malade, etc. Et bien sûr, une consommation importante d’alcool ou de substances psychoactives.» Les déprimés peuvent être aussi violents. «Les équipes soignantes doivent être vigilantes à des signes tels que l’importance de la douleur morale, des idées de ruine, d’indignité, etc., mais aussi un sentiment d’injustice ou de blessure narcissique.»

Comme le note la HAS, ces signaux peuvent être repérés par l’entourage familial, par les équipes soignantes voire par les patients eux-mêmes. «Etre attentif et à l’écoute des proches permet souvent de désamorcer un possible passage à l’acte violent», conclut sans ambiguïté le rapport. «Si les députés avaient vu le rapport, ils n’auraient jamais voté ce texte de loi qui ne préconise que l’enfermement», déplore Claude Finkelstein.
 Ordre infirmier : 7 syndicats demandent la mort  de l'ordre infirmier
13/07/2011
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La CFDT, la CFTC, la CGT, FO, le SNICS-FSU, SUD et l’UNSA viennent d’adresser un courrier commun au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, pour rejeter tous ensemble l’Ordre infirmier.

« Nos organisations continuent de demander l’abrogation des lois et décrets instituant l’Ordre national infirmier »
, écrivent les sept syndicats qui répètent que « pour répondre aux besoins de représentation et de réflexion sur la profession infirmière, il faut renforcer les pouvoirs du Haut Conseil des professions paramédicales ».

Pour les syndicats contestataires, la situation est aujourd’hui « dans une impasse ». Ils accusent : « Le déficit financier de la structure renvoie à la population hospitalière l’image désastreuse d’un gaspillage de fonds qui seront in fine pris en charge par l’État compte tenu de sa responsabilité dans la création de celui-ci » et « plus aucun infirmier ne peut penser sérieusement que l’Ordre national infirmier le représente ».
› K. P.
Libye - MSF participe à la mise en place d’un réseau de soins psychologiques à Misrata
13 juillet 2011

MSF aide à la création d’un réseau d’une trentaine de psychologues locaux dans le cadre de ses projets de soutien médical à Misrata, théâtre de violents combats depuis plus de trois mois.
soutien en Libye d'un réseau d'une trentaine de psy à Misrata assiégé
Consultation menée par un psychologue
MSF à Misrata
© Eddy McCall/MSF

Dans un pays n'ayant pas connu la guerre depuis plus de quatre décennies, qui dispose de peu de psychiatres et où la psychologie est un aspect souvent négligé et sous-évalué de la santé mentale, MSF se concentre sur l’aide à la mise en place d’un réseau de psychologues locaux s’adressant à la fois aux patients recevant un traitement dans des principaux centres de santé de la ville, ainsi qu’aux personnes n’ayant pas accès au système de soins.

« Avant la guerre, il n’existait rien d’autre que des services de psychologie destinés aux enfants de Misrata. Même la psychiatrie n'y était pas réellement proposée », explique Elias Abi-Aad, psychologue à MSF. Les gens ne disposaient d’aucune expérience en psychologie clinique, encore moins pour les traumatismes liés à la guerre et les troubles de santé mentale. »  

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Une étude pointe le silence entourant les violences domestiques


Une femme fait une déposition dans un commissariat, après avoir été victime de violences conjugales.
Une femme fait une déposition dans un commissariat, après avoir été victime de violences conjugales.
GAMMA/REY JEAN-PIERRE

U
ne étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, publiée mardi 12 juillet dans la soirée, souligne la fréquence des violences physiques ou sexuelles au sein des ménages. Ces violences touchent en majorité les femmes, mais peu de victimes en parlent à un médecin ou à la police, et encore moins portent plainte, révèle le rapport.

663 000 femmes et 280 000 hommes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de leur ménage sur deux ans, selon cette étude qui cumule les résultats de trois enquêtes "Cadre de vie et sécurité" menée en 2008, 2009 et 2010, auprès de 40 000 personnes de 18 à 75 ans.

Parmi les femmes, près des deux tiers affirment avoir subi des actes violents à plusieurs reprises sur cette période. Elles ont été victimes à 90 % de violences physiques, et à près de 19 % de violences sexuelles. Plus précisément, 80 000 "ont été victimes d'au moins un viol ou une tentative de viol au sein du ménage" sur cette période. Si l'enquête distingue trois types d'auteurs (le conjoint, les membres de la famille et les personnes du ménage hors famille), quasiment la moitié des femmes (44,6 %) désignent leur conjoint comme l'agresseur.

DES VIOLENCES LARGEMENT TUES

Hommes et femmes confondus, seulement 18,7 % des victimes ont vu un médecin à la suite de ces violences. Et le chiffre diminue encore (moins de 11 %) pour les femmes qui ont subi des violences sexuelles. Plus de 80 % des victimes ne se sont pas déplacées à la police ou à la gendarmerie, et seulement "près de la moitié" de celles qui se sont déplacées ont porté plainte.

Chez les femmes dont le conjoint est l'auteur des violences, le taux de signalement à la police est encore plus faible, avec 6,7 % de plaintes. Pis, pour celles qui ont été victimes de viols ou de tentatives de viol, "le taux de signalement est inférieur à 5 %, avec un taux de plainte estimé à 2 %".

Pour expliquer ce silence, les victimes disent le plus fréquemment que "ce n'était pas grave", qu'elles préféraient "trouver une autre solution" ou que "cela n'aurait servi à rien". Cependant, environ un quart des femmes qui ne se sont pas déplacées l'expliquent en partie par "la peur de représailles". Cette peur ainsi que celle "que cela se sache" sont également citées par plus de la moitié des victimes de viols ou de tentatives qui se sont tues.

Des recommandations pour favoriser la présence du père au sein de la famille

07.06.11

L'allongement du congé de paternité permettrait d'œuvrer en faveur de l'égalité professionnelle hommes-femmes.
L'allongement du congé de paternité permettrait d'œuvrer en faveur de l'égalité professionnelle hommes-femmes. AFP/DIDIER PALLAGES

Passer peu à peu d'une paternité "discrète" à une paternité pleinement assumée : telle est l'ambition d'un rapport remis, mardi 7 juin, à la ministre des solidarités et de la cohésion sociale, Roselyne Bachelot. Dans ce document, Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales, propose de créer, en plus du congé maternité, un "congé d'accueil de l'enfant" également partagé entre le père et la mère : un mois pour l'un, un mois pour l'autre, avec un bonus d'une semaine si le père prend intégralement son quota.
Dans ce scénario, le congé maternité, qui dure actuellement seize semaines, serait maintenu: pendant les premiers mois de sa vie, le bébé resterait auprès de sa mère, comme aujourd'hui. A la fin de cette période, la mère et le père bénéficieraient chacun à leur tour de quatre semaines supplémentaires mais ce congé serait "non transférable". Si le père y renonce, la mère ne pourra l'assumer à sa place et ce mois sera perdu. Si le père, en revanche, s'absente de son travail pendant un mois, la famille recevra un bonus d'une semaine.

Pour favoriser l'équilibre des responsabilités familiales, Brigitte Grésy propose également de réformer le congé parental de trois ans, qui a l'inconvénient d'éloigner les femmes les plus fragiles du marché du travail. Elle suggère de le réduire à un an, de mieux le rémunérer et de réserver aux pères un quota de deux mois. Elle propose aussi de permettre aux salariés de bénéficier, au cours de leur vie, d'un congé familial de plusieurs mois rémunéré.

De telles réformes bousculeraient en profondeur les habitudes des familles françaises : aujourd'hui, seuls 66 % des pères optent pour le congé de paternité de onze jours créé en 2002 par la ministre de la famille du gouvernement Jospin, Ségolène Royal. Pour les congés parentaux, les pères sont encore plus discrets : seuls 4 % des bénéficiaires de ce congé qui peut durer jusqu'à trois ans sont des hommes. "C'est un dispositif auquel les pères recourent très faiblement", constate le rapport.

FINANCIÈREMENT NEUTRE

Inspirées par les pays nordiques, les propositions de Brigitte Grésy ont pour but de favoriser un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, pour les hommes comme pour les femmes. Jusqu'ici, le mouvement en faveur de l'égalité des sexes né dans les années 1970 progresse en effet "en sens unique" : les femmes sont entrées en masse dans le monde du travail mais les hommes peinent à s'investir dans la vie familiale – 80 % des tâches parentales et domestiques sont encore assumées par les femmes.

En favorisant la présence du père au sein de la famille, Brigitte Grésy espère, par ricochet, donner un coup de pouce à l'égalité hommes-femmes dans le monde du travail. "L'inégal partage du temps parental et des tâches domestiques constitue le noyau dur de l'inégalité professionnelle", souligne-t-elle. En poussant les femmes à désinvestir leur univers professionnel après une naissance, ces déséquilibres nés dans la sphère privée nourrissent en effet jour après jour les disparités salariales et le "plafond de verre".

Selon le chef de l'IGAS, les propositions de Brigitte Grésy seraient "quasiment neutres du point de vue financier" : le coût du "congé d'accueil de l'enfant" (250 millions d'euros) serait compensé par la réduction à un an du congé parental de trois ans, même s'il est mieux rémunéré. Cette politique permettrait en outre à la France de rejoindre les pays européens les plus avancés en matière d'égalité hommes-femmes: dans les pays nordiques comme la Norvège, la Suède ou l'Islande, le "quota du père" est devenu la règle.

Ces propositions seront discutées le 28 juin, lors d'une table ronde sur le partage des responsabilités familiales et professionnelles à laquelle Mme Bachelot a convié syndicats, patronat, associations, experts et élus. "La ministre a inscrit cette question à l'agenda, c'est maintenant aux partenaires sociaux de se saisir de cette question", précise-t-on rue de Varenne. La ministre semble avoir une petite idée sur la question: en matière de parentalité, "la mobilisation des hommes constitue un élément majeur du changement", écrit-elle dans sa lettre de mission.
Anne Chemin