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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 5 mars 2011

L’ergothérapeute, faiseur de bien-être

Ergo quoi ? Ergothérapeutes. Karine et Michel sont er-go-thé-ra-peu-tes. C’est à dire, « des professionnels de santé qui fondent leur pratique sur le lien entre l’activité humaine et la santé ». Définition officielle, carrée. Concrètement, des aménageurs d’intérieur pour personnes âgées ou handicapées, des concepteurs d’environnements sécurisés pour des populations fragiles, des éducateurs et rééducateurs thérapeutiques. Métaphoriquement, des faiseurs de bien-être à chaque étape de la vie dans la gestion du quotidien.

Mise en situation. Ce matin, Karine et Michel ont rendez-vous chez un monsieur âgé, locataire d’un logement social et dont la salle de bain n’est plus adaptée à son état de santé. Ce monsieur a donc fait appel à son bailleur pour une remise aux normes selon ses besoins. Et le spécialiste dépêché pour la mission, c’est l’ergo. Un technicien est passé avant, il a proposé un plan. Karine et Michel viennent s’assurer du réel besoin des travaux.

Évaluer, diagnostiquer, préconiser

A l’ouverture de la porte, le fils. La trentaine, il vit encore chez ses parents et fait l’intermédiaire. L’appartement est quasi vide, vétuste, mais propre. Le père enfoncé dans son canapé derrière une cloison se délecte des informations sur la TNT. L’écran géant première génération impose dans la pièce. Les images content une certaine révolution. Elle est suivie avec beaucoup d’attention.
 
Première prise de contact avec le demandeur, Karine hausse la voix. Le monsieur est dur d’oreille. « Vous voulez mettre une douche à la place de la baignoire ? ». Le fils conduit l’ergo vers la pièce incriminée. Michel tient compagnie au vieillard. La peinture verdâtre donne mal au cœur. Des tuyaux en plomb courent sur les murs. Ce qu’ils appellent baignoire est en fait un sabot ou bac à laver haut de 80 centimètres, facile. Même une personne en bonne santé pourrait glisser. Le fils affirme que son père ne s’y douche plus et qu’il l’accompagne chez sa sœur. Karine observe. Mauvaise aération, sol ultra glissant, bidouillage de robinetterie pour amener l’eau dans le sabot, prises trop proches des sources. Ce sera un peu plus que juste remplacer le bac. Après ces premières observations, l’ergo passe au questionnaire.
 
« Quand le technicien est passé vous n’étiez pas là ? », « Non j’étais au pays ». Son état de santé ? Le monsieur s’est fait opérer à quatre reprises. 96, 2006, 2007, 2008. Il marche sans canne, enfin quelques fois avec. Il ne voit pas de kiné, mais il devrait. Bénéficie-t-il d’une aide ? Sa femme s’occupe de la cuisine et du ménage. Sa voisine lui apporte les courses quand l’ascenseur est en panne. Sa voix est chaleureuse, son sourire charmeur, son bonnet d’intérieur. Le fils dans l’encadré de la porte écoute attentivement et intervient parfois. Dans son dossier rose, Karine prend des notes et annonce la couleur. Elle approuve les propositions du technicien : une douche de 80 sur 100 avec portes battantes, un siège repliable et des barres pour s’aider. L’ergo vérifie les mesures et indique qu’au mieux les travaux seront réalisés dans trois ou quatre mois, après l’établissement du devis et la validation du plan de financement par le bailleur. Ils auront même droit à une nouvelle peinture, un sol antidérapant et une sortie pour la machine à laver. Royal.

Issus de la « psychiatrie artistique »

Depuis 1973, la profession d’ergothérapeute se développe peu à peu en France. Aujourd’hui, 7000 professionnels, dont 90% de femmes, accompagnent dans leur vie quotidienne des patients nécessitant « une aide non médicamenteuse ». Michel raconte. « Nous sommes issus de la psychiatrie artistique. Dans les hôpitaux psychiatriques, on observait que lorsque les patients faisaient de la poterie pour faire travailler leurs mains, ils se sentaient beaucoup mieux. Ces observations ont été adaptées aux handicapées et personnes âgées. » Le lien entre la poterie et l’aménagement d’un habitat est difficile à saisir. Pour mieux comprendre, il suffit de revenir aux sources. La profession est née dans les pays anglo-saxons. Et en anglais, ergothérapie se dit « occupation therapy ». C’est-à-dire, l’accompagnement d’un patient dans tous les instants de sa vie. « Il existe autant d’ergothérapeutes que d’ergothérapies. Cela va des enfants, aux soins palliatifs, aux handicapés, au bâtiment, à la conception de produit ».
 
Les ergo se développent de plus en plus en France à cause du vieillissement de la population et grâce au plan Alzheimer. Mais Michel estime que l’hexagone a encore une bonne dizaine d’année de retard. « Au Canada, il y a des troisièmes cycles et des doctorats en ergothérapie. En France, il faut une année de médecine ou prépa pour intégrer une école en trois ans ». Egalement, dans les pays anglophones, les ergothérapeutes sont beaucoup plus nombreux que les kiné. Les deux professions se sont longtemps opposées. « Ca se lisse. Avec les kiné ça se passe beaucoup mieux. Nous avons compris que nous ne sommes pas en compétition, que nous n’agissons pas sur les mêmes domaines ». Et surtout, les ergo apportent un vrai volet social.

Souvent perçus comme des « guignols »

Michel s’est lancé dans l’aventure le jour où il est tombé sur « Un métier pour aider les autres » à la bibliothèque. Originaire du Sud Ouest, il est passé par la voie publique : fac de médecine et l’institut de formation en ergothérapie à Bordeaux. Ce qu’il aime ce sont les vertus de l’activité, le lien social auprès d’une population fragile. « C’est passionnant d’observer un patient et d’intégrer dans la réflexion sa famille, ses amis, son travail, ses loisirs. De le traiter finalement du lever au coucher. L’ergothérapie, c’est du concret ». Pourtant, selon Karine, les ergo sont souvent perçus comme des « guignols ». Michel ajoute : « beaucoup de personnes pensent que notre travail c’est du bon sens. Mais on fait quand même 4 ans d’études ! » Leur champ de travail est tellement vaste, que la justification des actes s’impose à chaque rencontre avec un nouveau patient. « Parfois, c’est épuisant et frustrant ».
 
Ce qui pèche également, c’est le non remboursement des consultations par la sécu. Pour Michel, « le plus dramatique est de rencontrer des gens qui n’ont pas le financement ». L’ergothérapie est une profession jeune, coûteuse, mais nécessaire. Et l’Etat, les compagnies d’assurances et autres mutuelles semblent l’avoir compris. Au delà des organismes publics, les entreprises privées qui financent des projets se multiplient. « Les gens ont compris l’intérêt de conserver les personnes âgées indépendantes et capables de vivre chez elles ». Le coût pour la société est allégé.

Une profession coûteuse mais nécessaire

Fins connaisseurs des circuits institutionnels, les ergo sont aujourd’hui perçus comme le carrefour des professions médicales et paramédicales. Il n’est pas rare de les voir se « libéraliser » et de s’associer avec des infirmières, psychologues et kiné dans un même cabinet. Sous l'impulsion du président de
l’Association nationale française d’ergothérapie et des bénévoles et professionnel du réseau « nous commençons à ne plus être considérés comme un moyen de compensation, mais comme un projet de vie ». Encore trop peu nombreux, la création d’un ordre n’est pas encore annoncée, mais c’est en réflexion. « Quand j’ai commencé mes études, personne ne connaissait ce métier. Aujourd’hui nous faisons partie des décisionnaires. On vient nous chercher. C’est valorisant. » Question institutions, les ergo sont donc en terrain conquis. Le plus dur maintenant est de convaincre les patients de l’intérêt des consultations. « Souvent les patients ont peur de nous à cause de –thérapeute. Ils nous répondent : mais non, mais je ne suis pas malade ! » Pas besoin d'être souffrant pour aspirer au bonheur.

mercredi 2 mars 2011

El Argonauta

Argonauta español

Revue bilingue, franco-espagnole, d'histoire moderne et contemporaine consacrée à l'étude de la presse espagnole de ses origines à nos jours (XVIIème-XXIème siècles)
Numéro 8 - 2011

Anne-Cécile DRUET , Université Paris-Est Marne-la-Vallée
La psychiatrie espagnole et la psychanalyse des années 1910 à la guerre civile: de la presse médicale au discours social

Résumé

Cet article se propose d'analyser la diffusion par les psychiatres de la psychanalyse freudienne en Espagne, dans la période allant des années 1910 à la guerre civile. Il analyse l'introduction et l'essor des théories freudiennes dans la presse psychiatrique de l'époque en s'interrogeant sur les caractéristiques des références à Freud et leur évolution, mais aussi sur leur provenance et le contexte de leur apparition. Il se penche également sur le rôle joué par les psychiatres dans l'introduction de la psychanalyse en dehors du domaine psychiatrique.

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La consommation de cannabis accroît les risques psychotiques
LEMONDE.FR avec AFP | 02.03.11
Les adolescents et les jeunes adultes consommateurs de cannabis ont davantage de risques de souffrir de troubles psychotiques que ceux qui n'en consomment pas, selon une étude publiée mercredi à Londres par le British Medical Journal. Des experts allemands et néerlandais ainsi que ceux de l'Institut de psychiatrie de Londres ont suivi 1 900 personnes âgées de 14 à 24 ans pendant huit ans.
L'étude a montré que ceux qui avaient commencé à consommer du cannabis après le début de l'étude et ceux qui en avaient consommé avant et après avaient davantage de risques de souffrir de troubles psychotiques que ceux qui n'en avaient jamais consommé. "La consommation de cannabis constitue un facteur de risque de développement de symptômes psychotiques", indique l'étude.

"Cette étude ajoute un complément d'information à l'évidence déja solidement établie que la consommation continue de cannabis accroît les risques de symptômes et de maladies psychotiques", a affirmé Robin Murray, professeur de recherche psychiatrique à l'Institut de psychiatrie.
Les Livres de Psychanalyse

S.K. beau
Hervé Castanet

Février 2011 – La Différence – “Les essais "

Le mot « S.K.beau » est inventé en 1975 par Jacques Lacan pour qualifier l’esthétique de l’écrivain James Joyce. Le mot est réemployé ici, avec sa typographie étonnante, pour masquer et à la fois faire surgir le réel auquel l’artiste se confronte : au cœur du beau, ce S.K. énigmatique, hors sens. Cet essai convoque les créateurs. Ils créent des mots ou des images. L’image fait voir – elle montre en particulier ; le mot désigne – il est porteur d’universel. Hervé Castanet indique une autre direction : l’image se construit, nous dit-il, à partir d’une faille, d’une béance, d’une rupture. C’est parce que le visible ne peut être appréhendé dans sa globalité qu’il pousse le peintre, le photographe ou le cinéaste à montrer. Pareillement pour l’écrivain, les mots ne disent pas tout. Ils sont aussi marques, traces, ratures. À ce titre, ils touchent au corps. À travers les exemples d’écrivains, tels Ovide, Poe, Artaud, Klossowski, Genet, Prigent, de peintres comme Picasso, Ayme, Devade, Valensi, Witkin, de théoriciens de l’art, tels Constant, Jorn, Debord, d’un théologien comme Origène, Castanet s’attache à montrer que face à un réel spécifié, un point de réel, nommé ici S.K.beau, chaque artiste dénoue et renoue l’image ou le mot pour y forger un « trou réel ».
Psychiatrie. Vers de nouvelles missions du juge des libertés et de la détention.
Hospitalisation sans consentement : la réforme


La réforme de l’hospitalisation sans consentement, bientôt en débat à l’assemblée nationale, suscite la polémique à Dijon.

«Nul ne peut être arbitrairement détenu. L’autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe dans les conditions prévues par la loi ! » A Dijon, le magistrat Bruno Segond, martelant l’article 66 de la constitution, a la conviction que l’hospitalisation sans consentement doit être contrôlée par un juge des libertés et de la détention. Et pourquoi pas, dès le départ ?

Le 26 novembre dernier, le conseil constitutionnel a justement déclaré contraire à la constitution l’article L.337 du code de la santé publique prévoyant qu’au-delà des quinze premiers jours, l’hospitalisation sans consentement peut être maintenue pour une durée d’un mois, renouvelable, au vu d’un certificat médical circonstancié. « La liberté individuelle ne peut être tenue pour sauvegardée que si le juge intervient dans le plus court délai possible. » Le projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge », déposé en mai dernier, a dû ainsi être modifié pour tenir compte de la décision du Conseil constitutionnel. Ce texte sera débattu à l’assemblée nationale du 15 au 17 mars prochain, la loi devant être votée avant le 1 er août. Le projet crée la notion de « soins sans consentement » englobant l’hospitalisation et la possibilité nouvelle d’un suivi ambulatoire. Au CHS la Chartreuse, le Dr Gérard Milleret, vice-président de l’intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (IDEPP) faisait état hier d’un communiqué commun rédigé avec l’Union syndicale des magistrats et le Syndicat des Psychiatres des hôpitaux, regrettant le manque de concertation, la soumission d’un texte en urgence au parlement, les charges accrues d’un dispositif qui aurait pu être simplifié, aboutissant à la perspective d’une « loi inapplicable ».
Un dossier à suivre. 
Anne-Françoise Bailly

mardi 1 mars 2011

PSYCHIATRIE ET LABORATOIRES : L'UNION MACABRE

Argent, mensonges et psychiatrie : Quand la psychiatrie et les laboratoires s’entendent à nos dépens...


La grippe H1N1 un scandale ? A peine une peccadille, une broutille par rapport au gigantesque système mis en place par l’industrie pharmaceutique et la psychiatrie pour extorquer des milliards d’euros chaque année aux gouvernements et aux assurances sociales. Un système bien rodé qui sévit depuis des dizaines d’années mais dont on commence seulement à prendre conscience. Quel est ce système qui permet à l’industrie psychiatrique mondiale d’engranger  330 milliards de dollars chaque année ?


 Pour Philippe Even, ancien doyen de la faculté de médecine de l’hôpital Necker, les choses sont claires. Tout d’abord, avant de promouvoir un médicament, il faut le mettre sur le marché, et donc obtenir des autorisations des agences du médicament, comme l’AFSSAPS en France. Les experts qui travaillent pour les laboratoires et les experts qui doivent décider si un produit pourra être mis en vente sont souvent les mêmes.

Aux États-Unis, au sein de l’organisme en charge de l’autorisation de mise sur le marché des médicaments, la Food and Drug Administration (FDA), la totalité des experts d’un comité d’évaluation des neuroleptiques, une catégorie de drogues psychiatriques puissantes, était liée à l’industrie pharmaceutique. Est-ce différent en France ? Le Professeur Even n’hésite pas à mettre en cause directement les experts de l’AFSSAPS, l’équivalent français de la  FDA.

70% des experts reconnaissent explicitement ou implicitement des liens avec l’industrie pharmaceutique. 5% possèdent des actions dans ces entreprises. Comment dès lors s’étonner que des produits qui se révèlent nocifs à l’usage passent facilement les tests d’approbation. En plus de la corruption des experts, les résultats des études réalisées par les laboratoires  afin d’évaluer la dangerosité des médicaments sont souvent faussées.

Une des ces stratégies consiste à tester les médicaments uniquement sur des hommes d’âge moyen en pleine forme physique. Cette catégorie étant peu sensible aux effets secondaires, les résultats apparaissent positifs alors que les mêmes médicaments une fois prescrits vont avoir des effets négatifs importants sur des enfants, des personnes âgées ou des personnes physiquement affaiblies.

Une autre stratégie consiste à occulter des résultats, les cas d’effets secondaires observés sur des personnes n’ayant pas terminé l’étude.  Ainsi, un ancien employé d’un grand laboratoire affirme que lors d’une étude sur un antidépresseur, près de 30% des personnes testées avaient cessé de prendre leur pilule à cause des effets secondaires ressentis. Dans les conclusions, les effets secondaires officiellement rapportés ne tenaient pas compte des personnes ayant abandonnées, ce qui faussait complètement le résultat.

Enfin, il existe un moyen couramment utilisé pour tromper les agences de médicaments. Cette méthode consiste simplement à occulter complètement les études négatives. Le laboratoire américain Elly Lilly, qui fait parler de lui en ce moment à cause d’une vidéo sulfureuse, a par exemple caché des études montrant la dangerosité de son antidépresseur vedette, le Prozac. Le psychiatre David HEALY directeur du département de médecine et psychologie à l’université de Galles du Nord, a montré que la firme était au courant des risques suicidaires avant que le Prozac ne soit mis sur le marché (1987 aux USA, 1989 en France).

En 2002, David HEALY affirmait que 25.000 personnes s’étaient suicidées à cause du Prozac.

Combien d’autres ont-elles commis l’irréparable depuis, sans compter les nombreux crimes imputés aux effets de ces molécules ?

Ainsi se dessine l’anatomie du pacte du Diable entre les psychiatres et les laboratoires pharmaceutiques : mensonges et corruption, du développement à la commercialisation de produits dangereux. Résultat, 76 .000 morts attribués aux effets secondaires des psychotropes depuis 10 ans d’après une étude statistiques de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme réalisée à partir du pourcentage de décès connus par rapport à la totalité des prescriptions effectuées.

Il existe un autre aspect dans ce pacte du Diable, encore bien plus dangereux et inquiétant pour l’avenir de notre société. Cet aspect se résume par une formule bien connue : pour vendre un médicament il faut vendre une maladie. La psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont compris que si chaque comportement pouvait être redéfini comme une maladie mentale, il serait alors possible de vendre des quantités considérables de psychotropes censés modifier les comportements. C’est ainsi que l’on a vu se multiplier le nombre de « troubles mentaux ». Ces derniers sont répertoriés depuis 1952 dans le DSM, Diagnostic Statistical Manual, un ouvrage publié par l’Association Américaine de Psychiatrie, véritable bible mondiale de la psychiatrie.

En 1952, la première version du DSM recensait 112 troubles. En 1968, une nouvelle édition comptait 182 troubles. Aujourd’hui, nous en sommes à la quatrième édition et à 374 troubles mentaux recensés.

Ainsi, par exemple, la timidité est devenue le trouble d’anxiété sociale (SAD) et il existe bien sûr un antidépresseur supposé le traiter. Ce n’est qu’un début. En 2012, va sortir la cinquième édition du DSM. De nouveaux troubles devraient y faire leur apparition. Ainsi, le trouble de l’acheteur compulsif, le syndrome d’aliénation parentale, le trouble explosif intermittent (colère), le trouble d’alimentation excessive et le trouble relationnel devraient tous faire partie des maladies mentales à traiter.

Les laboratoires et les psychiatres s’associent pour promouvoir ces nouvelles « maladies » et proposer un « traitement » psychotrope  lucratif. Un psychiatre américain a touché 1,6 million de dollars de la part d’un grand laboratoire pour avoir promu la diagnostic de trouble bipolaire. Considéré comme très rare dans le DSM3, avec 1 personne touchée sur 1000, il est bizarrement devenu très courant avec désormais 1 personne sur 10 qui en souffrirait. On peut être amené à penser qu’il y a une épidémie de maladie mentale.  Il y a en fait une épidémie de psychiatrie. Les maladies sont inventées, promues, les médicaments sont testés et mis sur le marché dans la corruption et la dissimulation, d’autres psychiatres assurent la promotion de la maladie et de son traitement.

Tel est le pacte du diable au complet qui se traduit par des milliers de morts chaque année pour les plus grands profits des laboratoires et des psychiatres. Un système diabolique qu’il va bien falloir un jour démanteler si on ne veut pas que la vie elle-même devienne un trouble mental et que nous nous retrouvions tous sous camisole chimique. Un cauchemar qui pourrait devenir une réalité.
01/03/2011


L'éclatement des dispositifs de santé mentale. Regards croisés France / Angleterre

Appel à contribution

Résumé
L’objectif de la journée d’études est de réunir des chercheurs venant de différentes disciplines des sciences sociales et travaillant sur les conséquences sociales des troubles psychiques. Si de nombreux travaux ont contribué à une meilleure compréhension des politiques de déhospitalisation psychiatrique en France et en Angleterre, ils sont le plus souvent centrés sur les recompositions professionnelles qui en découlent. Peu se sont intéressés à la multiplication des dispositifs de prise en charge et à l’imbrication complexe des pratiques de soin et des pratiques d’insertion sociale. La journée entend donc fournir un lieu de réflexion collective autour de ces nouvelles configurations des politiques psychiatriques et d’action sociale.
Annonce

Présentation

L’objectif de la journée d’étude est de réunir des chercheurs venant de différentes disciplines des sciences sociales et travaillant sur les conséquences sociales des troubles psychiques. Si de nombreux travaux ont contribué à une meilleure compréhension des politiques de déhospitalisation psychiatrique en France et en Angleterre, ils sont le plus souvent centrés sur les recompositions professionnelles qui en découlent. Peu se sont intéressés à la multiplication des dispositifs de prise en charge et à l’imbrication complexe des pratiques de soin et des pratiques d’insertion sociale. Si des travaux récents ont étudié le quotidien des personnes souffrant de troubles psychiques, ils ne visaient pas à interroger systématiquement les nouvelles articulations avec le secteur de l’action sociale et avec les nouveaux acteurs concernés. La journée entend donc fournir un lieu de réflexion collective autour de ces nouvelles configurations des politiques psychiatriques et d’action sociale.

L’organisation sociale de la prise en charge des troubles psychiatriques s’est considérablement transformée depuis un demi-siècle, et ce, dans la plupart des pays qui avaient developpé comme solution l’internement asilaire. Parmi les nombreuses raisons de cette transformation se trouvent les critiques, notamment provenant des sciences humaines, du traitement et de la place sociale donnés aux malades qui étaient amenés à vivre de manière chronique dans les établissement de soins. Les politiques de déhospitalisation ont transformé la place sociale des personnes souffrant de troubles psychiques. Celles-ci ne sont plus éloignées de manière definitive de la vie sociale. Les troubles psychiques et leurs conséquences sociales sont dès lors régulés autrement, non seulement par des professionnels de la psychiatrie, mais aussi par de nombreux autres acteurs de la vie sociale. Pour autant, la question de la place sociale des personnes souffrant de troubles psychiques demeure plus que jamais problématique. La multiplication des dispositifs de prise en charge a une importance considérable dans la vie des personnes confrontées à ces troubles qui se rencontrent bien souvent dans les différents mondes sociaux qu’ils traversent, des “mini-institutions” ou des lieux semi- institutionnels censés leur apporter une aide, mais qui de fait participent plus à une multiplication des formes de stigmatisation. Comment alors saisir cette nouvelle configuration de l’articulation des politiques psychiatriques, sociales qui expriment non seulement des recompositions affectant les acteurs de la psychiatrie, mais aussi et surtout des évolutions dans la place donnée aux dépendances et à l’autonomie des personnes ?

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Colloque Cerisy « Le langage, l’inconscient, le réel » 18 - 22 mai 2011

DIRECTION : Colette SOLER, Bernard TOBOUL

ORGANISATION : Espace analytique et l'École de Psychanalyse des Forums du Champ lacanien

ARGUMENT :
L'enseignement de Lacan a mené à la mise au clair de la dimension du Réel dans la pratique de la psychanalyse. Donner à l'inconscient réel ses titres théoriques et mettre à jour ses conséquences pratiques est ce qu'élabore le livre de Colette Soler, Lacan, L'inconscient réinventé, en retraçant, avec soin, les diverses voies qui y conduisent à partir du statut du langage, de son sujet, de ses effets sur le noyau du symptôme, du pluriel des sexes, leur vie et ses ratages, des surprises de la langue dans les mots du sujet, des impasses de la technique, du passage à l'analyste, enfin de l'état des liens sociaux et familiaux, ce que l'on appelle en un mot la civilisation.


Le présent colloque envisage de suivre quelques-unes de ces pistes.


Un temps particulier sera réservé à la "lalangue", à ses effets sur le corps, à l'équivocité qui lui est inhérente et à la jouissance prise au signifiant: dans la pratique de la psychanalyse, dans l'acquisition du langage par l'enfant, et dans sa déstructuration-refonte dans les psychoses, mais aussi dans la poésie. La question pourra être posée de son incidence dans les arts et cela pourrait donner lieu à des soirées en présence d'artistes et à partir de leurs œuvres.


Calendrier et programme en cliquant ici

Plus de 340.000 malades au Maroc

Le Maroc dispose de 1 900 lits et seulement 350 psychiatres sur tout le territoire national.  

Plus de 340.000 Marocains souffrent de troubles psychiques. c'est ce que confirme Naîma Trachan, présidente de l'association marocaine d'appui, de lien et d'initiation des familles de personnes souffrant de troubles psychiques (AMALI). «Nous allons poursuivre nos actions pour combattre la stigmatisation de ces personnes qui souffrent de la schizophrénie pour qu'elles soient mieux soignées et mieux prises en charge», précise-t-elle.

Et d'ajouter : «Pour cette année 2011, et comme les années précédentes, l'association AMALI rejoint plusieurs associations internationales pour manifester lors des journées francophones de la schizophrénie. Le programme de AMALI a été choisi dans le but de promouvoir les droits des personnes souffrant de schizophrénie ou de maladies apparentées, et la lutte contre la stigmatisation».

Plusieurs professionnels de la santé mentale seront présents à cette journée, ainsi que des juristes et des parlementaires. «Afin de présenter aux intervenants une meilleure analyse des besoins des patients et de leurs familles, et pour mieux défendre leurs droits, nous comptons sur la collaboration de toutes les familles pour répondre au sondage», précise la présidente. Le rôle des familles des personnes malades est primordial, d'après ses dires. Par la même occasion, elle a rappelé que compte tenu de la chronicité de cette maladie, les familles ont un rôle important dans l'accompagnement des soins de leurs proches malades, et ces familles ont besoin d'être aidées et soutenues. Elles constituent un élément important de soutien.
Les personnes ayant des troubles psychiques souffrent et font souffrir proches.

«Il y a eu des améliorations d'hospitalisation dans les centres psychiatriques de Casablanca, Tit Mellil, Berrechid, Salé... une clinique privée vient d'ouvrir depuis quelques jours à Casablanca, c'est une première au Maroc.
Mais il y a toujours un grand manque vu le nombre des personnes souffrant de schizophrénie», souligne Naîma Trachan.
La schizophrénie, qui est une des pathologies les plus sévères, touche 1% de la population mondiale, soit 340 000 personnes au Maroc, d'après une étude de l'OMS. Cette maladie qui peut se déclarer entre l'âge de 15 et 30 ans est souvent assimilée à une crise d'adolescence.

Les causes sont incertaines. La schizophrénie est une maladie découlant d'une modification du fonctionnement du cerveau. Et la piste héréditaire n'est pas à écarter.
D'ailleurs, quelques spécialistes ont estimé que c'est une combinaison de prédispositions génétiques et environnementales.
L'association a mis l'accent sur la famille de la personne atteinte. Cette dernière développe des symptômes, se replie sur elle-même et se comporte d'une manière désorganisée. D'où l'importance du soutien de la famille.
Un rôle douloureux et contraignant. Au Maroc, les familles sont pratiquement le seul soutien de personnes souffrant de troubles psychiques, schizophrénie, troubles bipolaires ou autres affections du même genre.

Journées francophones

Ces journées seront l'occasion pour que des associations internationales de familles se rapprochent, donnent un caractère international et créent de l'impact dans les médias nationaux. Se limiter à la francophonie favorise les échanges directs entre familles sans barrière de langue.Ces journées ont été créées pour que soit véhiculé un discours clair sur la schizophrénie, conforme aux données scientifiques. Depuis le début, les participants s'engagent à communiquer clairement durant ces journées sur les points suivants : La schizophrénie est une maladie fréquente (1% de la population), très invalidante (près de 80% n'arriveront jamais à travailler et cause de souffrance (10% des malades meurent par suicide) Et que c'est une maladie du cerveau qui se soigne mieux aujourd'hui qu'hier et se soignera encore mieux demain avec les progrès de la recherche médicale. Les parents ne sont pas responsables de cette maladie.
Publié le : 25.02.2011


Sommeil, thalamus et schizophrénie

Fruit d’une collaboration entre des équipes du Wisconsin (États-Unis) et de Rome (Italie), et portant sur 49 schizophrènes, sur 20 sujets non schizophrènes recevant des médicaments psychotropes, et sur 44 sujets-témoins (avec l’exploitation d’EEG en haute résolution à 256 canaux), une étude s’intéresse au déficit des fuseaux du sommeil (ces trains d’ondes de 12 à 15 Hz dans les tracés EEG) chez les schizophrènes.

Ayant déjà mis en évidence en 2007 ces déficits durant certaines phases du sommeil non paradoxal [1], les auteurs établissent, dans cette nouvelle recherche, qu’ils concernent en fait toute la durée du sommeil, sans être corrélés à des différences de tracés entre patients et sujets sains, ni imputables à un éventuel effet latéral des médicaments psychotropes comme les neuroleptiques. Cette anomalie EEG observée chez les schizophrènes paraît refléter un dysfonctionnement d’ordre thalamo-réticulaire et thalamo-cortical. Mais d’autres recherches sont attendues pour établir si ces déficits affectent aussi des schizophrènes encore sans traitement (medication-naive) et pour confirmer leur présence probable dès le début de la maladie.

Reposant alors sur d’autres techniques combinées à l’EEG à haute résolution (comme la stimulation magnétique trans-crânienne et l’imagerie fonctionnelle en résonance magnétique), ces travaux permettraient aussi de préciser quels facteurs peuvent bloquer ou activer sélectivement certains récepteurs (nicotiniques, GABAergiques, ou de l’acide N-méthyl-D-aspartique) localisés sur les neurones thalamo-réticulaires, et considérés comme défectueux dans la schizophrénie. Si ce déficit en fuseaux se révèle spécifique de la schizophrénie, ce phénomène pourrait représenter, estiment les auteurs, un « marqueur biologique » (ou plus précisément para-clinique) de cette maladie, jusque-là diagnostiquée sur des critères essentiellement cliniques.
Publié le 21/02/2011   

[1] http://ajp.psychiatryonline.org/cgi/content/abstract/164/3/483
Dr Alain Cohen
Implants cérébraux : un nouvel espoir dans le traitement de certaines maladies mentales
Par Lauran Neergaard

WASHINGTON - De petits stimulateurs implantés dans le cerveau semblent porteurs d'espoir pour les personnes atteintes de certaines maladies psychiatriques rebelles aux traitements habituels. Reste à déterminer l'endroit précis où les introduire.

La stimulation cérébrale profonde, ou SCP, a déjà prouvé son efficacité dans le traitement du tremblement de la maladie de Parkinson, mais bloquer une maladie mentale n'est pas aussi simple. Les scientifiques veulent élargir la recherche dans ce domaine, notamment dans les formes graves de dépression, les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) et le syndrome de Gilles de la Tourette, afin de mieux savoir comment les utiliser avant que trop de médecins et de patients ne veuillent y avoir recours.

Cela ne signifie de toute façon pas la fin des traitements traditionnels, tout comme les personnes qui reçoivent une prothèse de hanche ont besoin de rééducation, remarque le docteur Helen Mayberg, de l'université Emory. « Une fois que vous retrouvez votre cerveau, il faut apprendre à vous en servir », a-t-elle souligné la semaine dernière lors du Congrès annuel de l'American Association for the Advancement of Science.

Environ 70 000 personnes dans le monde ont reçu une SCP pour traiter une maladie de Parkinson ou un autre trouble moteur quand les traitements habituels ne marchaient pas, selon Michael Okun de l'Université de Floride, un des principaux chercheurs à la conférence.

Comment cela fonctionne-t-il? Les chirurgiens implantent une électrode en profondeur dans le cerveau. De petites secousses électriques émises par un stimulateur placé près de la clavicule et transmises à l'électrode désactivent alors les cellules nerveuses hyperactives, ce qui supprime le tremblement.

Les scientifiques ont déterminé la région à cibler en se fondant sur la chirurgie qui, en détruisant des bouts de tissu cérébral, peut améliorer les formes de Parkinson les plus graves. Mais dans la SCP, les électrodes ne détruisent pas de tissu. Les signaux électriques peuvent être adaptés, voire stoppés s'ils sont inutiles ou entraînent des effets secondaires neurologiques.

Selon les scientifiques, les maladies psychiatriques nécessitent une intervention similaire, sans qu'ils sachent pour l'heure où implanter l'électrode dans le cerveau. Deux fabricants, Medtronic et St Jude Medical, ont commencé à évaluer à grande échelle les effets de la SCP dans la dépression profonde. Chaque fabricant a implanté les électrodes à un endroit différent, en fonction d'essais pilotes prometteurs.

En 2009, l'agence américaine du médicament (Food and Drug Administration, FDA) a donné son feu vert à la version Medtronic pour un petit groupe de patients atteints de TOC réfractaires à tout traitement, dans le cadre d'un programme spécial autorisant la vente d'appareils destinées au traitement des maladies rares avant que leur efficacité soit définitivement établie. Ce qui inquiète toutefois le docteur Joseph Fins, responsable de l'éthique médicale au New York Presbyterian Hospital, qui craint que d'autres patients ne tentent de se procurer ces électrodes à 30 000 $ US sans passer par des essais stricts.

Les chercheurs souhaitent la mise en place d'un registre de suivi des bénéficiaires et restent prudemment optimistes.

Un peu plus de 60 personnes souffrant de TOC rebelles ont bénéficié d'une SCP depuis 2000, a déclaré Benjamin Greenberg, psychiatre à l'Université Brown qui conduit une vaste étude financée par l'Institut national de santé mentale. Environ les trois quarts de la première douzaine de patients étudiés se sont légèrement améliorés, certains pendant huit ans. « Vous avez toujours un fardeau, mais vous pouvez vivre », résume-t-il.

Ce sont des gens qui essaient de soulager leurs peurs ou leur anxiété par des comportements obsessionnels, comme de se laver les mains ou vérifier s'ils ont bien fermé la porte de multiples fois, explique le docteur Greenberg. Beaucoup d'entre eux n'ont du coup plus le temps de sortir de chez eux et la thérapie comportementale a échoué.

Un obstacle important à la SCP toutefois : la batterie, placée près de la clavicule, dure moins de deux ans. Elle se change en chirurgie ambulatoire (entrée et sortie de l'hôpital le même jour) mais cela a conduit environ un tiers des patients étudiés à arrêter leur suivi. Le docteur Greenberg teste un modèle qui peut se recharger tous les quelques jours.
Sur 100 patients testés avec une dépression sévère, la moitié environ va mieux quel que soit l'endroit d'implantation de l'électrode, selon le docteur Mayberg. Elle étudie désormais ce que les cerveaux traités avec succès ont en commun qui pourrait aider à repérer les meilleurs candidats.
cyberpresse  La psychiatrie de droite


C'est en travaillant dans un hôpital pour vétérans que la psychiatre Sally Satel a commencé à s'intéresser aux politiques publiques et à analyser leurs impacts dans la société américaine.

(Washington) Psychiatres et psychologues sont trop rapides avec leurs diagnostics de maladie mentale, affirme Sally Satel. Cette psychiatre de l'Institut de l'entreprise américaine, groupe de réflexion de droite de Washington, tire à boulets rouges depuis une dizaine d'années sur les dérives de la rectitude politique médicale. La Presse l'a rencontrée dans la capitale américaine.

Q Dans l'un de vos livres, vous affirmez que l'Amérique est une «nation en psychothérapie». Que voulez-vous dire ?

R Les professionnels de la santé mentale présument souvent que l'homme est extrêmement fragile. On l'a vu après le 11 septembre, quand des taux stratosphériques de SPT (syndrome post-traumatique) ont été annoncés non seulement chez les gens directement affectés, mais aussi chez les gens d'autres villes, qui ne connaissaient même pas de gens affectés.

Une armée de psys a fondu sur New York. Rien de tout cela n'est survenu. Les gens qui se trouvaient dans les immeubles frappés ou qui ont perdu un proche ont parfois eu des séquelles, très certainement. Mais même là, la plupart des gens ne sont pas affectés pour le reste de leur vie, à moins qu'ils n'aient auparavant vécu d'autres situations aussi horribles, ou aient eu une dépression.

On rend les gens plus vulnérables, on les persuade qu'ils sont à risque. Et on gaspille de l'argent qui manque cruellement pour les gens qui en ont vraiment besoin. Il ya une explosion de diagnostics de trouble d'hyperactivité et d'attention qui est en partie due au fait que ça donne droit à des mesures d'appoint à l'école. Les directeurs d'école s'en méfient et c'est une tragédie pour les enfants qui en souffrent réellement. On peut avoir un diagnostic de dépression avec seulement deux semaines de symptômes. C'est beaucoup trop court. Quelqu'un qui perd sa femme ou son enfant va être très affecté pendant au moins un mois, mais ça ne veut pas dire qu'il doit prendre des antidépresseurs.

Q Êtes-vous contre la psychothérapie ?

R Pour les gens qui sont vraiment malades, c'est essentiel. Et quand on vit un divorce, on peut s'en servir pour mieux se comprendre, pour éviter de retomber dans une relation dysfonctionnelle.

Q Comment êtes-vous passée de la psychiatrie à l'analyse des politiques publiques ?

R Au début des années 90, je travaillais dans un hôpital pour vétérans. J'étais chargée du programme de désintoxication. J'ai découvert qu'il existait un programme gouvernemental qui donnait de l'aide sociale rétroactivement aux gens qui recevaient un diagnostic de dépendance à la drogue ou à l'alcool. Ça pouvait aller jusqu'à cinq ans de prestations, donc une somme assez considérable. Il y a même eu un cas où quelqu'un s'est servi de ce versement pour mettre sur pied un laboratoire de crack et se lancer comme vendeur. Je me suis dit que même avec les meilleures intentions, les programmes de santé publique pouvaient avoir des effets pervers.

Q Ce programme existe-t-il toujours ?

R Non, il a été aboli par la nouvelle majorité républicaine en 1995. Au départ, dans les années 70, ce n'était pas un mauvais programme. Pour recevoir les prestations d'aide sociale, les personnes devaient prouver qu'elles suivaient une cure de désintoxication, et elles devaient rendre des comptes sur la manière dont elles dépensaient l'argent. Mais ces restrictions n'ont jamais fait l'objet de vérifications. Et on a simplement appliqué, même si c'était absurde, une clause présente dans d'autres programmes d'invalidité qui prévoyait le versement de prestations rétroactives. J'ai travaillé avec un sénateur qui voulait réformer le programme pour le rendre conforme à l'esprit original et limiter les prestations à trois ans. Mais la «majorité morale» républicaine est arrivée et a fait table rase de ce programme.

Q Ce genre de vérifications n'est-il pas une intrusion dans la vie privée ?

R Quand on accepte l'aide du gouvernement, il faut accepter aussi certaines limites à notre liberté. Du moins quand il s'agit d'une aide conçue pour être temporaire. Je ne verrais pas nécessairement le besoin de telles vérifications pour les gens irrémédiablement handicapés. N'oubliez pas que si on vérifie que les gens qui sont dépendants vont réellement à leur désintoxication, c'est ultimement pour leur bien, pour les aider à se passer de drogue. C'est un paternalisme bénin.

Q Vous avez récemment dénoncé le «piège du syndrome post-traumatique» (SPT). Que voulez-vous dire ?

R Dans les années 70, on considérait qu'un soldat sur six était revenu du Vietnam invalide à cause du SPT. Ça a donné une vague de films comme Rambo. Plus récemment, on s'est rendu compte que c'est deux à trois fois moins. Il n'empêche, de récents changements aux règles ont élargi la définition du SPT pour que les soldats qui ne se trouvaient pas dans des zones de combat, mais qui ont simplement craint d'être victime d'une attaque, aient accès aux généreuses prestations réservées aux vétérans. C'est contraire à toute la littérature scientifique. Et on considère qu'une victime du SPT n'a aucune chance de s'en sortir. Un jeune soldat de 23 ans qui a de la difficulté à réintégrer la société - ce qui est normal quand on revient de la guerre - va paniquer, demander un diagnostic de SPT et renoncer à une vie productive. Il faudrait aider davantage les vétérans à leur retour et obliger tous ceux qui reçoivent des prestations d'invalidité pour SPT à commencer par un an de psychothérapie et de réhabilitation, en externe. Les thérapies à l'interne actuelles sont contre-productives: des anciens soldats se retrouvent à vivre en groupe, à l'extérieur de la société, comme quand ils étaient au combat. C'est exactement le genre d'habitude qu'il leur faut perdre.

Q Devrait-on restreindre l'accès aux soins pour les fumeurs ou les obèses ?

R Il y a des prédispositions génétiques au tabagisme, à l'obésité ou aux dépendances. Certaines personnes devront pour maintenir un poids santé faire des sacrifices à tous les repas, chaque jour. C'est très difficile. Mais ce sont des comportements radicalement différents des autres maladies, en ce sens que le patient a le choix de prendre ou non la substance qui le rend malade. Il faut tenir compte de cette différence pour bien aider ceux qui souffrent de ces problèmes.

Q Vous considérez-vous de droite ?

R Je suis utilitarienne. Je m'intéresse à ce qui fonctionne, ce qui aide les gens. Par exemple, si on me prouvait que les taxes sur la malbouffe améliorent l'alimentation des gens, je serais en faveur. Pour moi, la seule chose qui compte, c'est de donner à tous le même niveau minimal de possibilité d'avoir la vie qui leur convient. La société a une obligation de moyens. Un socialiste voit les choses différemment: pour lui, la société a une obligation de résultats que personne ne soit plus riche que les autres.

Q Vous avez récemment tourné votre attention vers le don d'organes. Pourquoi ?

R J'ai dû avoir une greffe de rein en 2006. J'ai été choquée de constater combien de gens meurent faute d'avoir un donneur: 12 par jour aux États-Unis. Ça m'a convaincue que le don altruiste ne fonctionne pas. On donne souvent l'exemple de l'Italie ou de l'Espagne, qui ont des systèmes totalement altruistes de dons d'organes qui fonctionnent bien, mais je crois que c'est l'exception qui confirme la règle parce que ces pays ont une infrastructure très intégrée et une culture du don d'organes. Je suis moi-même une exception à ma conclusion: le rein qui m'a sauvée m'a été donné par l'amie d'une amie, que je n'avais jamais rencontrée. Je crois que l'État doit accorder un crédit d'impôt, ou alors une inclusion dans l'assurance maladie publique, pour les donneurs d'organes vivants.
Mathieu Perreault
Publié le 26 février 2011
Commander le cerveau avec de la lumière bleue
Par Olivier Dessibourg
Une méthode révolutionnaire, l'optogénétique, combinaison d’optique et de génétique, permet d’activer sélectivement les neurones. Choisi «Méthode technologique de l’année 2010», ce nouvel outil précieux permet de décrypter le cerveau dans ses infimes détails. La Suisse est à la pointe: plusieurs chercheurs viennent de publier leurs résultats dans des revues prestigieuses
Dans son bac en plastique, la souris est immobile. Sur son crâne est fixé un implant, relié à une fibre optique qui sort du récipient. Subitement, une lumière bleue parcourt le filin transparent, jusqu’à la tête du rongeur. Hop, celui-ci se met à courir en cercles, tel un dératé. Comme s’il exécutait un ordre. La lueur s’éteint, il s’arrête, retrouvant ses mouvements saccadés mais normaux de petite souris curieuse.
Cette expérience fut l’une des premières à démontrer l’efficacité d’une nouvelle technique scientifique, combinaison d’optique et de génétique: l’optogénétique. Un procédé, choisi comme avancée technologique de l’année 2010 par la revue Nature Methods de ce mois de janvier, qui permet d’étudier le cerveau dans ses plus infimes détails. Et surtout de le commander, le tout en utilisant… de la lumière.
Plus de 800 groupes utilisent cette technique, dont plusieurs en Suisse, qui viennent de publier leurs résultats dans des revues prestigieuses (lire ci-dessous). «C’est une révolution pour les neurosciences», s’exclame Andreas Lüthi, du Friedrich Miescher Institut, à Bâle.
Jadis, pour étudier les fonctions du cerveau, les pionniers des neurosciences ont agi logiquement: en lésant ou en procédant à l’ablation d’une partie de l’organe pour voir quels en seraient les effets. Puis est apparue la méthode des électrodes implantées, grâce auxquelles des impulsions électriques sont envoyées dans les différentes aires du cerveau, afin d’observer les réactions induites sur l’organisme ou les capacités mentales.
«Malgré les remarquables avancées permises par cette technique pour mieux comprendre le rôle des diverses régions du cerveau, celle-ci restait peu spécifique, puisque les électrodes stimulent de manière indifférenciée tous les neurones situés à leur proximité», explique Christian Lüscher, à l’Université de Genève. Or les milliards de neurones composant un cortex n’ont pas tous des fonctions identiques.
De même, nombre de médicaments ayant été conçus pour avoir un effet sur le cerveau agissent encore de manière peu spécifique.
«Avec l’optogénétique, on est plus précis, puisqu’on peut cette fois cibler et commander sélectivement les neurones dont on veut élucider la fonction», poursuit le chercheur. Comment? Une fois de plus en sciences, cette technologie a derrière elle une histoire étonnante.
Dans les années 1990, un biologiste allemand fait une brillante découverte, agenouillé devant une mare: il observe que les cellules d’une algue nommée Chlamydomonas se mettent à bouger uniquement lorsqu’elles sont soumises à la lumière. En y regardant de plus près, il découvre à la surface de ces unicellulaires une molécule (protéine) qui joue le rôle d’«interrupteur»: éclairée, cette protéine active les deux flagelles de la Chlamydomonas , qui se met à bouger. Dans la nuit, plus rien ne se passe
En 2005, Karl Deisseroth et son équipe, à l’Université Stanford, se demandent alors s’il est possible d’installer cet interrupteur moléculaire sur d’autres cellules, tels des neurones, pour pouvoir les «enclencher» à souhait, en les soumettant aussi à la lumière. La réponse est positive.
Dans un organisme vivant, tout se fabrique sur la base du code qu’est son génome, collection de gènes. Il a donc d’abord fallu aux chercheurs trouver le gène codant pour cette protéine photosensible. Cela fait, ils l’ont introduit, d’abord in vitro, dans un lot de neurones, plus précisément au sein même de leur code génétique, en recourant à des virus (voir infographie).
Après plusieurs essais, cela a fonctionné ! Le gène injecté a exprimé la fameuse protéine-interrupteur à la surface des neurones génétiquement modifiés. Et ceux-ci ont produit les signaux électriques caractéristiques de la communication interneuronale lorsqu’ils étaient soumis à de la lumière. Bleue, en l’occurrence, car c’est cette longueur d’onde qui active la protéine. Les scientifiques venaient de trouver un moyen pour commander le fonctionnement des neurones, quels qu’ils soient…
«Car tout l’intérêt est là, reprend Andreas Lüthi. En modifiant les virus servant à introduire le gène de la protéine, on peut choisir précisément dans quels neurones on souhaite installer l’interrupteur moléculaire, et donc sur lesquels on veut avoir de l’emprise.» Dans l’expérience in vivo avec la souris, ce sont les neurones moteurs qui ont été ciblés; ils étaient activés grâce à la fibre optique greffée dans le cerveau du rongeur et qui y guidait les impulsions de lumière bleue.
«Cette technique ouvre des centaines de possibilités d’expériences», se réjouit Christian Lüscher, qui revient d’un séjour dans le laboratoire de Karl Deisseroth. Pour élucider le rôle exact des divers circuits neuronaux d’une part; le groupe genevois vient d’identifier celui qui est impliqué dans le phénomène d’addiction aux drogues. Mais aussi pour soigner des affections mentales et du système nerveux central, comme les démences, les dépressions ou certaines paralysies.
L’idée consiste toujours à introduire, dans les neurones de l’aire cérébrale concernée le gène codant pour la protéine-interrupteur photosensible. Et ensuite d’installer sous le crâne une fibre optique guidant des impulsions lumineuses. A la manière de ce qui se fait avec une autre méthode médicale, la stimulation cérébrale profonde: des électrodes intracrâniennes sont greffées chez des patients atteints de Parkinson ou de dépression, afin de stimuler électriquement les zones concernées (lire LT du 7.11.2009).
Dès lors, à quand des essais chez l’homme? «Peut-être dans cinq à dix ans, estime Christian Lüscher. Mais avant, il s’agit de mieux connaître les potentiels effets secondaires des virus utilisés pour insérer le gène.» Cela sans pour l’heure évoquer les questions éthiques que pourrait soulever l’utilisation d’une technologie permettant potentiellement de contrôler le cerveau…
Pendant ce temps, l’équipe de Stanford est en train de perfectionner le système optique, sur des singes, de manière à éviter de devoir installer la fibre optique dans le cerveau; les neurones cibles pourraient être «éclairés» depuis la surface du crâne grâce à de simples ampoules LED.
Dans une présentation sur le site TED. com , un des autres pionniers de cette technique, l’Autrichien Gero Miesenböck, rappelle que, pour les chercheurs en neurosciences, «si l’on pouvait enregistrer l’activité de tous les neurones, on pourrait comprendre le cerveau.» On en est encore loin. Mais, de l’avis de tous, l’optogénétique permettra certainement de faire des avancées lumineuses vers ce rêve de scientifique.