On la voit plutôt flotter la nuit au-dessus des marécages et des pierres tombales que sous les néons des hôpitaux. Ame en peine venue perdre les voyageurs selon certaines superstitions, cette jeune fille apparaît telle un feu follet au beau milieu de l’aseptisation du couloir. Chasseuse de fantômes, la photographe Lucie Pastureau traque depuis 2017 les «luminescences» (titre de sa série) que produisent les adolescents qui séjournent à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Lille. «Mais ce n’est pas du soin qu’il s’agit ici, ni de maladies, mais bien plus du développement des corps, du déroulement du temps dans ce huis-clos qui vient se frotter à cet autre temps qu’est celui de l’adolescence […], un moment surnaturel puisqu’ouvert à tous les possibles», explique la jeune artiste, plus habituée à documenter pour la presse les meetings du Front national et le quotidien de la «jungle» de Calais que les apparitions suprasensibles.