Par Dounia Hadni et Yann Castanier (Production : Libé Labo, Photo : Yann Castanier/Hans Lucas pour Libération et Polka Magazine)
Pendant plusieurs mois, le photographe Yann Castanier et la journaliste Dounia Hadni ont suivi des patients du secteur 15 de l'hôpital psychiatrique parisien.
Alexandre
Alexandre a 49 ans. Il a les yeux alternativement attentifs, perdus dans le vague ou inquiets. Ses doigts tremblent un peu par stress, un peu, dit-il, «à cause des médicaments». Il ne parle pas beaucoup, répond rapidement par oui ou non aux questions, timide.
Alexandre a une maladie dans le spectre de la schizophrénie avec des pensées délirantes et des hallucinations. «Je ne suis pas sûr d’être vraiment malade. C’est aussi pour me garder enfermé qu’ils disent ça.» Selon l’équipe médicale, la non-acceptation de sa pathologie rend sa prise en charge difficile.
Emma
Emma (le prénom a été modifié), une brune de 26 ans, étudiante en médecine, tient un discours singulier sur l’hôpital psychiatrique où elle a séjourné seulement deux semaines et demie à la suite d’une phase maniaque. Une crise qui ne suffit pas dans son cas à établir un quelconque diagnostic dans la mesure où elle serait due à une surdose de médicaments.
«J’ai tellement bien vécu l’internement ici qu’ils m’ont virée en me disant qu’on n’était pas en colo. J’arrivais à me taper des barres avec tout le monde…»
«Quand je suis arrivée ici, je me suis dit que j’étais avec des génies incompris, que dans l’HP des fous il y a un potentiel de ouf, qu’ils nous enfermaient parce qu’ils avaient compris ça et aussi qu’on foutrait trop la merde s’ils nous libéraient.»
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