Dans un contexte où l’électroconvulsivothérapie moderne (ECT) redevient une option thérapeutique acceptable, après les déboires des anciens électrochocs, une étude conçue à l’Université de Copenhague (au Danemark) sur des patients dépressifs (âgés de 18 à 95 ans) évalue les effets de l’ECT sur l’épaisseur du cortex cérébral, en association avec l’évolution clinique.
Au moyen de l’imagerie par résonance magnétique, les auteurs ont comparé l’épaisseur corticale, évaluée à trois moments différents : première mesure de base, effectuée deux jours avant la première session d’ECT ; seconde mesure, moins de six jours avant la fin des séances d’ECT ; et dernière mesure, six mois après la fin de ces séances d’ECT. Malgré des limitations importantes (faible nombre de patients –18– et absence de groupe-témoin) suscitant des difficultés pour discriminer avec certitude les effets propres de l’ECT et l’évolution de la maladie avec le temps), cette étude permet plusieurs constats : en association avec l’ECT, on n’observe ici aucun effet collatéral sur les fonctions cognitives ni aucune réduction significative du cortex cérébral. On remarque au contraire des « augmentations significatives d’épaisseur dans 26 régions du cortex » (sur 68 régions examinées, soit environ 38 %), ces accroissements d’épaisseur corticale portant principalement sur le cortex frontal, le cortex temporal et le cortex insulaire.
On note aussi que l’épaississement du cortex latéral droit orbito-frontal semble associé à « un plus fort effet antidépresseur. » Autre conclusion remarquable de cette étude : les augmentations d’épaisseur corticale après ECT se révèlent toutes « transitoires », puisque l’épaisseur du cortex revient à la normale (à ses valeurs de base avant ECT) lors du contrôle du sixième mois dans la troisième série de mesures après ECT.
Avec des effectifs de patients plus élevés, et en incluant si possible des groupes-témoins, des recherches ultérieures devraient désormais approfondir les mécanismes neurologiques sous-tendant cette augmentation transitoire de l’épaisseur corticale et leurs liens avec l’effet antidépresseur escompté de l’ECT.
Dr Alain Cohen
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