On sait que, partout dans le monde, le fait de souffrir d’une maladie mentale est associé au risque de se retrouver sans domicile fixe (SDF) et que, réciproquement, le fait de vivre dans la rue constitue un facteur de risque pour des troubles psychiatriques.
Pour préciser les interactions entre les forces de l’ordre et les personnes en situation d’itinérance et de maladie mentale grave, une équipe de Toronto (Canada) a réalisé une enquête prospective portant sur 547 adultes souffrant d’une maladie mentale et se trouvant sans abri au départ de l’étude. Exploitant des données administratives (portant sur la période 2008–2013) fournies par la police, les auteurs ont déterminé le nombre et les types d’interventions policières, la proportion des accusations liées « au style de vie », et la proportion des incidents attribuables à la victimisation, ou au comportement suicidaire. Ils ont évalué aussi les probabilités d’interventions policières en fonction du statut du logement.
On constate que dans l’année précédant la randomisation, 55,8 % des participants ont interagi avec la police, contre 51,7 % et 43 % durant les années 1 et 2 de l’étude. Plus précisément, pour les sujets souffrant à la fois de troubles psychiatriques et d’une situation socio-économique très précaire puisqu’ils sont SDF, la probabilité d’une interaction avec la police durant le trimestre précédent est 47 % plus élevée que chez les malades mentaux bénéficiant d’un logement stable : OR (odds ratio) = 1,47 ; intervalle de confiance à 95 % de 1,26 à 1,73.
Ces interventions policières sont motivées au total par 2 228 accusations portées contre les intéressés. Près de la moitié des incidents (45,6 %) sont liés à une nécessité d’évaluation de leur santé mentale, environ un sur cinq (22,2 %) au constat d’un comportement suicidaire, et un sur huit (12,6 %) à un problème lié à leur « style de vie. »
Sans surprise, les auteurs concluent sur la certitude qu’une offre de logement stable et des changements de politiques et de pratiques pourraient contribuer à réduire les incidents déplorés avec des malades mentaux SDF et accroître les bénéfices pour la santé associés aux interventions policières auprès de cette population.
Dr Alain Cohen
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