ACTUALITÉ ROUBAIX
Vélofolie, ou comment une randonnée fait changer de regard sur les malades
lundi 21.09.2009, 04:45 - La Voix du Nord
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Patients ou pas, ils n'étaient que des cyclistes à découvrir le patrimoine hospitalier de Roubaix.
| SANTÉ MENTALE |
« On va voir des... oufs ? » Dans les murs d'un hôpital psychiatrique, Théo hésite à prononcer le mot. Mais hier, c'était bien une randonnée Vélofolie qu'organisait l'Établissement de santé mentale. Ou comment une anodine découverte du patrimoine hospitalier de la ville se meut en une opportune occasion de changer de regard sur les malades.
PAR MARC GROSCLAUDE
roubaix@lavoixdunord.fr
La psychiatrie, « on n'y connaît rien du tout » ! Nathalie et Fabrice, des cyclistes militants, avouent « avoir fait à peu près tout ce qui concerne le patrimoine de Roubaix ». Mais sur les hôpitaux psychiatriques, ils sèchent. Alors, profitant de ce thème original de promenade, ils ont enfourché leur vélo pour découvrir les lieux, encore en activité ou pas, où l'on a soigné - ou parfois plutôt enfermé - les aliénés, déments, hystériques... Des termes qui, aujourd'hui, ne veulent plus dire grand-chose à l'heure où l'on parle de thérapie en milieu ouvert.
C'est le Dr Jean-Yves Alexandre qui leur a expliqué cela. « La psychiatrie ne se résume pas aux murs. » Il a été leur premier guide, à l'hôpital Lucien-Bonnafé, l'antenne roubaisienne de l'Établissement public de santé mentale de l'agglomération lilloise. Le praticien est revenu sur l'histoire des établissements de la ville, faisant démarrer son exposé au premier hospice créé par Pierre de Roubaix à son retour de croisade.
Dans son auditoire, des Roubaisiens curieux de découvrir une facette de plus de leur ville, souvent cachée. « Ce sont des gens qui n'ont pas de pathologie mentale ou qui ne savent pas qu'ils en ont une », sourit Erika Schröder. Cadre de santé, elle est à l'origine de cette randonnée particulière.
Car parmi ces anonymes, il y avait une dizaine de patients de l'EPSM : des hommes et des femmes qui avaient déjà une expérience de la bicyclette pour avoir déjà fait quelques kilomètres du Paris-Roubaix VTT. Dans de telles circonstances, « on n'a pas l'étiquette EPSM collée dans le dos », se réjouit Vincent, un grand jeune homme de 20 ans qui a déjà fait plusieurs séjours à l'hôpital. Outre ce « coup de main pour le patrimoine » qu'il était content de donner - et au passage en se distrayant grâce au vélo - ce qu'il cherchait, c'était « que les gens nous regardent normalement et pas de travers ». Un autre patient ajoute : « On est à même de faire du sport comme tout le monde. Ce n'est pas parce qu'on a le statut de "dépressif" qu'on n'est pas capable de faire des choses. » C'était donc l'enjeu de cette première édition de Vélofolie. Au-delà des 10 kilomètres dans Roubaix sur la trace du patrimoine hospitalier, le but était donc « de sensibiliser le public sur ce que sont la psychiatrie et les soins, insiste Erika Schröder. Faire comprendre qu'une personne qui a une pathologie n'est pas qu'un malade, mais un citoyen qui a des capacités, qui est capable de vivre en ville ». •