Par Elsa Gambin. Publié le 26 avril 2024
Dans la ville de Loire-Atlantique, le dispositif Preo accueille des adolescents trop angoissés pour se rendre au collège. Un sas de quelques semaines, qui leur permet de retrouver rythme et envie.
Il est 9 heures ce lundi matin quand sept adolescents franchissent la porte d’une grande maison de quartier, dans l’est de Nantes. Gustave, Romane, Camille et les autres entament leur huitième semaine au Preo (Passerelle pour le retour dans l’établissement d’origine), un dispositif d’intervention sur le refus scolaire anxieux. « Je suis content d’être là, même si je suis fatigué », annonce Victor lors du rituel de la météo des émotions. « Moi j’ai mis un nuage et un soleil car c’est votre dernière semaine avec nous, mais aussi, cet après-midi, l’arrivée d’un nouveau groupe de jeunes », explique Lola Rabiller, l’éducatrice spécialisée du dispositif. Autour de la table, des visages sereins surplombent le combo jean-sweat-baskets. L’ambiance est apaisée. Aujourd’hui, c’est aux jeunes de choisir une activité. La petite troupe commence alors tranquillement une partie de loup-garou. « Le village s’endort. Cupidon se réveille et désigne deux amoureux. »
Les jeunes réunis ici ont tous été déscolarisés pendant des semaines, voire des mois, après des absences perlées. Ce ne sont pas ce qu’on appelle communément des « décrocheurs », car ils n’ont souvent pas de difficultés scolaires. « Après la rentrée de 5e, j’ai commencé à avoir mal au ventre, à faire des crises d’angoisse, se souvient Bastien, 12 ans. Et puis je ne suis plus arrivé à aller au collège, pour une raison que je ne connais pas. Je n’arrivais même plus à aller à la boulangerie à 20 mètres de chez moi. » Rapidement, Bastien parvient à passer quarante-cinq minutes dans les transports en commun pour venir au Preo. Une victoire en soi. Lui qui s’ennuyait chez lui sans collège – « je dessinais, jouais avec mon chien, faisais du skate » –, trouve au sein du dispositif un groupe bienveillant et des activités agréables.