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vendredi 10 mai 2024

Avant-première algérienne d’un long métrage sur Frantz Fanon à Annaba : La thérapie sereine d’un psychiatre contre l’aliénation en temps de guerre

Faycal Métaoui    28/04/2024 

MAROC

 Le long métrage Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l’Hôpital psychiatrique Blida-Joinville est en compétition au 4e Festival d’Annaba du film méditerranéen. Le festival se poursuit jusqu’au 30 avril.

Ecrit et réalisé par Abdenour Zahzah, le film a été projeté, le 25 avril en avant-première algérienne, au Théâtre régional Azzeddine Medjoubi d’Annaba en présence d’un public nombreux. 

Le film porte un titre long : Chroniques fidèles survenues au siècle dernier à l’Hôpital psychiatrique Blida-Joinville, au temps où le docteur Frantz Fanon était chef de la cinquième division entre 1953 et 1956. Tourné en noir et blanc, le film se concentre sur l’arrivée de Frantz Fanon (Alexandre Dessane) dans cet hôpital, une année avant le déclenchement de la guerre de Libération nationale en Algérie. Le jeune psychiatre constate que des méthodes brutales sont pratiquées au sein de l’établissement.

 D’abord, il y a la séparation entre Français et musulmans, une extension des pratiques coloniales françaises. Contre parfois l’avis de ses pairs, habitués à la psychiatrie à l’ancienne, il entreprend avec détermination à changer la manière de traiter avec les malades. Il ordonne de ne pas appeler les patients par des sobriquets mais par leur nom pour ne pas contribuer «à détruire leur identité». 

Il décide ensuite de fêter Noël et le Mawlid Ennabaoui à l’hôpital. Il fait appel à un infirmier artiste, le chanteur blidéen Abderrahmane Aziz qui chante Zad ennabi ou frahna bih, autour de bougies et tamina au sein de l’hôpital en présence des patients. Fanon décide de faire sortir les malades de l’hôpital avec des promenades au niveau de la montagne de Chréa avec pique-nique sur herbe. 

L’idée est de rattacher de nouveau les malades à la société. Face aux hésitations et parfois à la résistance douce des infirmiers et des aides-soignants, il organise des cours de formation pour les impliquer davantage à pratiquer ses méthodes, en rupture avec celles de l’Ecole d’Alger qui imposait «une psychiatrie coloniale», basée sur des perceptions racistes développées par Antoine Porot. C’est le même Porot qui avait contribué à l’ouverture de l’hôpital psychiatrique de Joinville à Blida, au début des années 1930.


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