Naviguer dans les pensées d’une personnalité qui réserve une place à la fiction, les songes ou l’utopie dans son travail et sa vie.
Nos rêves façonnent le réel, autant les soigner. Quarante-cinq minutes d’entretien pour une masterclasse de l’imaginaire : naviguer dans les pensées d’une personnalité qui réserve une place à la fiction, les songes ou l’utopie dans son travail et sa vie.
Lionel Naccache, notre cinéma intérieur
Yolande Zauberman, le rêve est subversif
Kubra Khademi, se rêver plusieurs vies depuis l’Afghanistan
Chaque année, environ 150 000 Français ont un accident vasculaire cérébral. 40% s’en sortent sans séquelles, 10% en meurent. Entre les deux, il y a la vie avec un handicap plus ou moins visible, plus ou moins compatible avec la vie en société.
avec :
Pierre Amarenco.
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C’était le 6 février 2017. Comme cela arrive à 150 000 Français chaque année, notre ami, collègue, voisin de bureau, Bruno Cadène a eu un accident vasculaire cérébral. Ce soir-là, seul à son domicile, il s’est retrouvé cloué au sol, à demi paralysé. Victime d’une hémorragie cérébrale, Bruno avait – selon les statistiques – une chance sur 2 de survivre. Il a pu être sauvé, mais ne s’en est pas sorti indemne. Après son passage dans les services d’urgences, il a entamé une longue et éprouvante rééducation : à 53 ans, Bruno Cadène, grand reporter, spécialiste de l’Europe centrale et orientale, devait réapprendre à parler et à marcher.
Le renforcement des procédures de vérification annoncé par la principale plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne pourrait créer un appel d’air vers les autres sites, plus ou moins précautionneux sur l’inscription des praticiens.
Doctolib n’a pas manqué de réagir après avoir été épinglé pour avoir référencé des praticiens adeptes de la naturopathe Irène Grosjean qui promeut notamment des attouchements sexuels sur des enfants pour faire tomber leur fièvre. Lundi, la plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne a annoncé la suspension de 17 profils associés à ces pratiques dangereuses, proches du charlatanisme et de dérives sectaires.
En 2022, la DREES a mené un travail de refonte de la méthodologie de ses publications sur la situation économique et finan-cière des établissements de santé permettant d’améliorer la comparabilité des indicateurs calculés pour les différents types d’établissements et de comprendre d’éventuelles divergences d’analyses entre les multiples publications sur ce sujet (Richet, 2022). Ce Dossier de la DREES met en oeuvre les recommandations de ce travail méthodologique et propose une analyse de la situation économique et financière en 2020 des hôpitaux publics, d’une part, et des cliniques privées à but lucratif, d’autre part. Les indicateurs présentés ici seront mis à jour chaque année par la DREES et publiés dans le cadre de fiches thématiques au sein de l’ouvrage annuel Les établissements de santé (collection Panoramas de la DREES-Santé), à partir de son édition 2023.
Direction de la recherche, des études de l'évaluation et des statistiques
RÉSUMÉ
En mai 2020, à l’issue du premier confinement national, 13,5 % des personnes âgées de 15 ans ou plus vivant en France présentent un syndrome dépressif, soit presque une personne sur sept. La prévalence de syndromes dépressifs est en hausse de 2,5 points par rapport à 2019. L’augmentation est notamment plus forte chez les 15-24 ans (22,0 % en mai 2020, contre 10,1 % en 2019) et chez les femmes (15,8 % en 2020, contre 12,5 % en 2019).
Selon la dernière étude sur les morts violentes au sein du couple, dévoilée ce vendredi par le ministère de l’Intérieur, le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou leur ex a augmenté de 20% l’an dernier par rapport à 2020.
« Liberté, j’écris ton nom » (6/6). La Vietnamienne Kim Phuc fut longtemps « la petite fille au napalm », ce cliché emblématique de la guerre. Au-delà des souffrances physiques, elle dut supporter d’être sans cesse réduite à ce statut de victime. Avant de gagner le Canada et de trouver une forme de bonheur.
Comme elle l’a détestée, cette photo ! Et comme elle en a voulu au photographe de l’avoir saisie, le 8 juin 1972, dans ce moment de souffrance et de vulnérabilité absolues, cet instant où, petite fille de 9 ans prise dans la guerre du Vietnam, elle fuit un bombardement de napalm, nue puisque ses vêtements ont été réduits en cendres, le dos, les jambes, les bras ravagés par un feu à 3 000 °C ! Comment était-ce possible, se disait-elle, que des journaux du monde entier aient osé publier l’image d’une enfant hurlant de douleur et d’effroi, risquant de mourir brûlée vive ? Et pourquoi, parmi des milliers de clichés illustrant la guerre, les livres d’histoire avaient-ils retenu cette photo-là, qui la figeait pour toujours en victime ? Longtemps, très longtemps, Kim Phuc a éprouvé de la colère, de l’amertume, et même, « oui, tu peux l’écrire, du désespoir ».
« J’ai voulu mourir à cause de cette photo », nous confie-t-elle, cinquante ans après ce bombardement, assise devant le cliché iconique exposé à Milan, dans le cadre d’une exposition consacrée à son auteur, le photographe Nick Ut, qui n’avait que 21 ans en 1972. « Je ne supportais plus d’être “la petite fille au napalm”. Elle me volait ma vie, elle m’enfermait dans le drame, je n’étais plus que cela : “la victime idéale”, instrumentalisée par le gouvernement communiste de Hanoï pour servir sa propagande. Cette photo fut longtemps ma prison… »
l.A SALLE D' ISOLEMENT ET DE PSYCHOTHÉ RAPIE DE LA SALPETRIÈRE. — SALLE PINEI
AVANT-PROPOS
Depuis plus de trente ans que je me suis adonné à l'étude des maladies du système nerveux, je fus frappé dès les premières années de ma pratique du peu de succès que donnaient chez les névropathes, les traitements médicamenteux alliés ou non aux moyens physiques et peu à peu je fus amené par mon expérience personnelle à me demander si chez tous ces sujets étiquetés sous le terme de neurasthéniques et d'hystériques, il ne fallait pas chercher la cause de la maladie et partant la méthode thérapeutique à lui appliquer, en dehors des symptômes objectifs qu'ils présentaient.
J'arrivai ainsi de plus en plus à me convaincre que c'était non le physique mais bien le moral qui était en cause dans toutes les manifestations dont se plaignaient ces malades et ce fut surtout après avoir pratiqué pendant quelques années la méthode de Weir Mitchell que ma conviction fut faite.
Dans ce mode de traitement, en effet, basé sur l'isolement, le repos au lit, la suralimentation, les douches, le massage, l'électricité, c'est-à-dire sur des moyens d'ordre purement physique, je ne tardai pas à constater que l'état d'âme des malades restant le même, les résultats thérapeutiques étaient peu satisfaisants.
C'est ainsi que j'arrivai bientôt à voir que, pour traiter et partant pour guérir les névropathes, il fallait avant tout et surtout s'occuper de leur moral c'est-à dire leur faire de la psychothérapie.
Telle est la voie dans laquelle je me suis engagé voici plus de vingt-cinq ans.
Pour le professeur Louis Soulat, vice-président du Samu-Urgences de France, chef du service des urgences du CHU de Rennes et responsable du Samu 35, le filtrage des demandes de soins par le 15 a permis de maintenir l’hôpital à flot mais a mis sous pression les opérateurs de régulation.
Pas de drame, mais des inquiétudes persistantes. Grâce aux mesures prises début juillet suite à la mission flash pilotée par François Braun, président de Samu-Urgences de France avant son entrée au gouvernement – à commencer par le filtrage des demandes de soin via le 15 –, les urgences hospitalières ont «limité la casse» cet été, admet aujourd’hui le professeur Louis Soulat, vice-président du syndicat professionnel. Au prix d’un report de tension sur les centres de régulation du Samu qu’il invite à renforcer au plus vite. Surtout, selon le chef du service d’urgences du CHU de Rennes, la rentrée s’annonce à haut risque pour les services d’urgence hospitalière si le gouvernement ne reconduit pas le 15 septembre les dispositions prises pour passer l’été.
Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté
Après la controverse suscitée par l’organisation du jeu « Kohlantess » à la prison de Fresnes, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté s’indigne de l’hypocrisie des responsables politiques.
C’est l’immense événement de la rentrée ! Non, pas la guerre en Ukraine, ni les feux de forêt, l’eau qui manque partout, ou les pauvres qui dorment à la rue, non, le vrai « scandale » de ces derniers jours est ce jeu organisé à la prison de Fresnes, une des plus vétustes de France, surpeuplée à 144 %. Un jeu nommé « KohLantess », en référence au programme télévisé « Koh Lanta ». Trois équipes – surveillants, détenus, jeunes voisins libres de la ville – s’affrontent autour d’un quiz de culture générale, dans une course en portant des bassines d’eau, puis, d’un côté et de l’autre d’un baquet, pompeusement nommé « piscine », ils tirent sur une corde jusqu’à faire tomber l’adversaire à l’eau.
Enfin et c’est là tout l’objet du « débat », deux des 1 918 prisonniers de Fresnes (Val-de-Marne) participent dans la cour réaménagée de l’établissement à une course de kart.
Jimmy Delliste reconnaît que "le choix des épreuves était inadapté" mais assure que cette journée "avait énormément de sens".
Ce sont les premiers mots du directeur de la prison de Fresnes depuis le début de la polémique "Kohlantess", fin juillet. Un jeu inspiré de Koh Lanta dans lequel des détenus affrontaient des surveillants et des habitants de la commune du Val-de-Marne. Une épreuve de karting a choqué, jusqu'au ministre de la Justice, qui a lancé une enquête. "C'était une activité de prévention, pas de réinsertion", assure aujourd'hui Jimmy Delliste, le directeur. Il s'est expliqué à l'occasion d'une visite à Fresnes de la députée Renaissance Caroline Abadie que franceinfo a pu suivre, mercredi 24 août.
Après la polémique sur le jeu "Kohlantess" organisé fin juillet au sein de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), le délabrement de l'établissement et les conditions de vie de détention posent question. franceinfo a pu visiter le centre pénitentiaire avec son directeur et la députée Renaissance de l'Isère, Caroline Abadie.
parSarah Finger, Envoyée spéciale à Perpignan et photos Théo Combes publié le 25 août 2022 à 6h17
A Saint-Jacques, un quartier difficile situé en plein cœur de la cité occitane, vit une importante communauté gitane. Le projet culturel qui s’y prépare permet à des adolescentes de s’écarter, au moins le temps d’un été, d’une vie très codée et de la voie toute tracée qui s’impose à elles.
«On est toutes enfermées dans un orphelinat. Nous deux, on a été abandonnées. Elle, ses parents sont morts dans un accident. Celle-là, elle a été placée à cause de ses parents violents. Et elle, sa mère n’a pas d’argent et son beau-père ne veut pas s’occuper d’elle… Mais le directeur de l’orphelinat est méchant avec nous. Alors on s’enfuit, et on vend des habits pour survivre parce qu’on est très pauvres.» Voilà le scénario qu’India, Saphir, Naomie, Chenoa et quelques autres filles ont imaginé. Agées de 13 à 15 ans, ces adolescentes gitanes du quartier Saint-Jacques, à Perpignan, partagent une aventure qui enchante leur été : inventer ensemble une histoire, imaginer des scènes, être filmées et incarner les vedettes d’un court métrage qui sera diffusé en novembre, à l’occasion du premier festival de culture gitane de Perpignan. India éclate de rire : «On va être des stars !»
Ce projet de festival repose sur deux hommes, l’un gitan et l’autre pas. «Référent» de Saint-Jacques, autrement dit représentant reconnu et respecté par sa communauté, Mambo Saadna, 66 ans, préside le comité d’animation de la place du Puig, du nom d’une esplanade fréquentée par les gitans du quartier. Le «payo» (non-gitan), c’est Benjamin Barou-Crossman : comédien, metteur en scène, directeur de la compagnie TBNTB basée à Alfortville, en région parisienne, cet artiste de 38 ans travaille depuis longtemps avec les communautés gitanes. Avec Mambo, il organise des ateliers de théâtre, de rumba catalane et de guitare, prépare les spectacles qui seront présentés lors du festival, s’emploie à mobiliser les jeunes autour de ces projets. «Ce que je veux, dit-il, c’est mêler les arts et la culture, les gens du dedans et du dehors, les gitans et les payos, les réunir tous à travers les émotions portées par une population à fleur de peau et par leur culture nomade. On n’est ni dans le folklore, ni dans le social. Avec Mambo, nous voulons que ce festival de la culture gitane parte de Saint-Jacques et soit porté par ses habitants.»
Le quartier le plus déshérité de France
La Casa musicale, une structure publique emblématique du quartier Saint-Jacques, est devenue le QG de ce projet. «Mon fils Roberto anime plusieurs ateliers à la Casa Musicale, et moi j’y interviens toute l’année. Mais les années précédentes, on n’avait jamais eu de gitanes, raconte Mambo. C’est pas facile de les faire venir, il faut d’abord convaincre leurs parents… Sans moi, Benjamin n’y serait jamais arrivé.» L’intéressé confirme : «Impossible pour un payo de travailler sans référent à Saint-Jacques. On marche sur des œufs, surtout avec les jeunes filles. Tout est très codifié dès leur puberté. D’ailleurs, les ateliers ne sont pas mixtes. Et si des garçons sont présents, ils sont forcément plus jeunes que les filles.»
Situé en plein cœur de Perpignan, le quartier Saint-Jacques date du XIVe siècle. Il a jadis abrité un hôpital pour lépreux, puis un quartier juif, avant que les gitans ne s’y installent durant la seconde moitié du XXe siècle. En 2015, ce quartier était classé par l’Insee comme le plus déshérité de France métropolitaine. Depuis, la situation ne s’est guère améliorée : «60 % des foyers vivent en dessous du seuil de pauvreté, le taux de chômage s’élève à 70 % et 90 % des jeunes de 18 à 25 ans sont sans emploi», note une étude du Centre régional d’études, d’actions et d’informations en faveur des personnes en situation de vulnérabilité (CREAI) et de l’Observatoire régional de la santé (ORS) datée de mai 2020.
Dans ce quartier replié sur lui-même, d’étroits liens familiaux forment un tissu social aussi dense que solidaire. Mais ici, on vit les uns sur les autres, dans de vieux logements étriqués et vétustes, voire insalubres. Les points de deal se sont multipliés, entraînant des règlements de comptes redoutés par les habitants. Combien sont-ils à vivre à Saint-Jacques ? «Nous sommes entre 5 et 7 000», assure Mambo. Une fourchette qui semble élevée, mais difficile à affiner : dans le quartier s’entretient un certain flou statistique, d’autant que les agents du recensement ne sont pas forcément les bienvenus. Saint-Jacques vit selon ses propres codes et vibre dans sa propre langue, le dialecte catalan.«Entre nous, on parle gitan»,confirment tous les habitants. Autre particularité : la scolarité. Selon l’étude du CREAI-ORS, le taux d’absentéisme des élèves de la communauté gitane dans les écoles de Perpignan est estimé à «40 à 60 % dans le premier degré et à 80 % au collège». Les jeunes actrices du court métrage affirment que oui, elles vont à l’école. Enfin, «des fois». «Mais après 16 ans, on arrête. Aucune d’entre nous n’a envie d’aller au lycée.»
«A 31 ans, je me trouve déjà vieille»
Dans le scénario qu’elles ont élaboré ensemble, Saphir, India, Naomie, Chenoa et leurs copines n’évoquent pas l’école. Après leur évasion de l’orphelinat, les filles se retrouvent quelques années plus tard. Dans ce futur imaginaire, l’une est amoureuse d’un payo, mais toutes sont restées célibataires et travaillent. Elles se sont choisi des métiers qui les font rêver : agente immobilière, maquilleuse, caissière de supermarché, coiffeuse ou manucure… Dans la vraie vie, la plupart des gitanes de Saint-Jacques se marient entre 16 et 20 ans avec un gitan, puis deviennent rapidement mères au foyer. Les unions ne passent généralement ni par l’église ni par la mairie, mais n’en demeurent pas moins officielles aux yeux du couple et de leurs familles.
Le Fil à Métisser, réseau interculturel implanté depuis 2012 à Saint-Jacques, connaît parfaitement la situation des habitantes du quartier. Celles-ci ont accès, grâce à cette structure, à des professionnels du champ médico-social, à des accueils parents-enfants, à des groupes de parole, ainsi qu’à des services de médiation en santé. «Les jeunes filles gitanes sont souvent déscolarisées à l’époque de la puberté», confirme Marion Hullo, psychologue interculturelle coordinatrice au Fil à Métisser. «Leur état psychique s’en ressent car elles sont confrontées à un choix de vie très restreint, qui se résume à devenir mères, poursuit la psychologue. Cette situation, liée à leur loyauté familiale et clanique, elles la mettent en mots, et en maux, vers 35-40 ans. A cet âge-là, elles évoquent souvent ce qu’elles auraient pu faire dans un autre contexte culturel…»
Dans le quartier, l’équipe du Fil à Métisser accompagne de nombreuses femmes en détresse psychologique, mais aussi des mères mineures, âgées parfois de 15 ans. «Généralement, lorsque le mariage intervient avec l’accord des deux familles, les jeunes filles prennent une contraception ou se font poser un stérilet afin de se laisser un peu plus de temps avant la maternité, explique Shereen Defour, psychologue clinicienne intervenant également au Fil à Métisser. Les grossesses de jeunes adolescentes surviennent en cas de rapports sexuels avant l’accord des familles.» Marion Hullo évoque«une jeune fille qui avait déjà trois enfants à 19 ans… et qui les gérait très bien». Dans le quartier, les grands-mères âgées de 35 ans ne sont pas rares. «A 31 ans, je me trouve déjà vieille, raconte une femme suivie par le Fil à Métisser. J’ai quatre enfants, dont une fille de 13 ans. Elle apprendra tout avec son premier garçon. Et, pour elle comme pour moi, le premier garçon sera le dernier». Autrement dit, le seul d’une vie.
«Chez nous, c’est les maris qui travaillent»
Les jeunes gitanes participant au court-métrage n’ignorent rien du futur qui se dessine pour elles : «On connaît une fille de 16 ans enceinte de son deuxième enfant.» Elles-mêmes disent vouloir deux, trois ou quatre enfants avec un mari «beau et gentil». L’une d’elles parle de devenir mannequin. «Mais mon mari voudra pas. C’est les maris qui travaillent chez nous, pas les femmes. C’est comme ça, on est gitanes.» Parmi ces adolescentes, certaines confient redouter un peu le «rite du mouchoir», qui marquera leur passage dans leur vie d’épouse et de mère. Cette coutume consiste à vérifier que la future mariée est vierge en récupérant une tache de sang sur un mouchoir introduit dans le vagin par une «sage» gitane. Selon Shereen Defour, ce rite serait de moins en moins fréquent. Mais India, Saphir, Naomie ou Chenoa semblent résignées : «Faut le faire»,disent-elles, subitement pudiques.
La parole des gitanes de Saint-Jacques dans l’espace public reste rare, tout comme leur présence dans un contexte d’activités culturelles. Benjamin Barou-Crossman savoure l’opportunité qui lui est offerte de les impliquer dans des projets valorisants pour l’ensemble du quartier. Mais les financements peinent à suivre. Le metteur en scène, qui, en plus de ce festival, travaille au sein du quartier sur un projet de comédie musicale, «Perpi Comedy», doit composer avec des financeurs institutionnels (préfecture, conseils départemental et régional, Direction régionale des affaires culturelles, ville…) souvent frileux et indécis.
Car personne n’ignore que Perpignan est gérée par le maire Rassemblement national Louis Aliot, ni que le quartier Saint-Jacques cristallise les tensions politiques ou qu’il symbolise un enjeu médiatique. Benjamin Barou-Crossman dit avoir été«convoqué et recadré par la mairie» et avoir reçu des «messages menaçants» de la part d’un adjoint, lui demandant «d’organiser les ateliers Perpi Comedy dans un quartier maghrébin situé au nord de Perpignan, et de renoncer à Saint-Jacques». «La mairie veut garder la main sur ce quartier. Elle a annoncé vouloir organiser son propre festival gitan en juin 2023… Mais Louis Aliot n’a pas de lien réel avec les habitants de Saint-Jacques.» Contactée par Libération, la mairie de Perpignan n’a pas donné suite, malgré plusieurs relances. Amer face à ce bras de fer, le comédien ajoute : «Dans ce quartier sous cloche, les gitans ont parfois l’impression qu’on se sert d’eux… Et parfois, c’est vrai.»
Depuis une dizaine d’années, les biologistes cultivent in vitro des versions miniatures de nos organes. En imitant leur structure et leurs fonctions, ces organoïdes ouvrent la voie à de nombreuses applications : tester des médicaments, personnaliser les soins ou améliorer la thérapie cellulaire.
Faire pousser in vitro des copies miniatures de foie, d’intestin, de cœur, de pancréas, de rein, de poumon, de prostate, de glandes mammaires et même de cerveau. Non, cela n’est pas de la science-fiction. Ces dernières années en effet, les biologistes parviennent à créer en laboratoire tous ces mini-organes – et bien d’autres, la liste s’allongeant régulièrement. Ces organoïdes, comme ils les ont baptisés, qui mesurent à peine quelques millimètres pour les plus gros, possèdent une structure en trois dimensions qui ressemble à celle de l’organe entier – ou une partie de ce dernier – et reproduisent certaines de ses fonctions. Une telle fidélité ouvre d’alléchantes perspectives en recherche et en médecine : grâce à ces mini-modèles, on espère mieux comprendre le développement des organes et des maladies qui les touchent, évaluer l’efficacité de nouveaux traitements, voire améliorer la transplantation de cellules ou d’organes.
Isoler les cellules souches
Mais quelle est la recette pour obtenir des organoïdes ? L’ingrédient principal, ce sont les cellules souches, dont la particularité est de proliférer par division et de pouvoir se spécialiser en n’importe quel type cellulaire (neurones, cellules musculaires, cellules du foie, etc.).
Yirui Sun (CC-BY 4.0) / Wellcome collection
Deux types de cellules souches sont utilisés. D’abord celles présentes naturellement dans certains organes, tels les poumons ou l’intestin.