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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 13 octobre 2012

Un zombie sur le divan

Publication: 13/10/2012

Les zombies envahissent la culture. Le cinéma, la télévision, la littérature... Plus qu'à un succès commercial, nous assistons à l'émergence d'un véritable phénomène de société mondial.
Fédérée par des séries telles que Walking Dead, cette "zombie-mania" se répand depuis quelques années sur l'hexagone.
Mais pourquoi un tel engouement pour ces créatures putrescentes?
La psychanalyse, en tant que méthode d'investigation des constructions mentales, se doit de questionner la dynamique latente des productions culturelles. Oui, je propose aujourd'hui de faire passer le zombie sur le divan.
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The Walking Dead © AMC
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Deuxième Congrès Européen de Psychanalyse (PIPOL 6) à Bruxelles


Square Brussels Meeting Centre / 6 et 7 juillet 2013
(Ancien Palais des Congrès), Mont des Arts, 1000 Bruxelles (Entrée : cube en verre)

Qu’est-ce que la technologie nous promet ?


Tiana Delhome du CEA-Leti commence son intervention sur la scène de Lift France en laissant la parole à une intervention audio de son collègue designer Miguel Aubouy, qui nous embarque en 1498, aux côtés de Vasco de Gama, abordant Calicut en Inde pour y découvrir ce qu’il pense être une église chrétienne alors qu’il fait face à un temple hindou.

Pourquoi le découvreur se trompe-t-il ? Parce qu’il a intégré en lui les imaginaires, les promesses de toute la chrétienté persuadée de trouver un jour le royaume chrétien du prêtre-roi Jean. La promesse, “c’est quand le rêve qui nous porte submerge la réalité qui nous environne”. Quelques dizaines d’années plus tard, des missionnaires jésuites s’installant en Inde comprendront que les temples découverts par Vasco de Gama ne sont pas chrétiens, mais en entendant parler du lointain royaume du Tibet, ils porteront plus loin leur rêve… d’accéder au royaume toujours perdu et sans cesse repoussé.

Le défi prévention que Michèle Delaunay lance à la profession


Les généralistes ne doivent pas avoir peur de passer contrat avec les Ehpad ! C’est le conseil que la ministre en charge des Personnes âgées donne à la profession. Elle évoque, par ailleurs, l’idée d’une consultation longue de prévention de la dépendance. Elle fait le point sur la préparation du projet de loi « Autonomie » et donne des précisions sur deux de ses priorités : la lutte contre la maltraitance et le parcours de soins des personnes âgées.

Le Généraliste. Comment percevez-vous l’état d’esprit de ce secteur, 150 jours après avoir été
nommée ministre en charge des personnes âgées ?
Migrants et santé mentale

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RFJ

Les nouvelles facettes de la psychiatrie

Un des stands d'information installé mercredi à DelémontZoom sur « Un des stands d'information installé mercredi à Delémont » (touche ESC pour fermer)
Un des stands d'information installé mercredi à Delémont
Une première dans le canton du Jura. L'Unité hospitalière médico-psychologique de l'Hôpital du Jura participe ce mercredi à la Journée mondiale de la santé mentale, une journée instaurée par l’Organisation mondiale de la santé il y a 20 ans. Sous le slogan, « investir dans la santé mentale », l’objectif est de mettre en lumière les prestations à disposition en matière psychiatrique. La prise en charge des patients comprend des méthodes parfois méconnues, comme la musicothérapie, l’art-thérapie, la physiothérapie ou l’ergothérapie. Une information est organisée à la Croisée des Loisirs à Delémont à l’intention des professionnels de la santé, des représentants des associations de parents et de la population.
L’an passé, plus de 500 patients ont été pris en charge par l’ l’Unité hospitalière médico-psychologique (UHMP) à Delémont et l’Unité hospitalière psycho-gériatrique (UHP) à Porrentruy. /rce

jeudi 11 octobre 2012

Les Livres de Philosophie

« Les Techniques du corps » de Marcel Mauss. Dossier critique
Jean-François BERT



Septembre 2012 - Publications de la Sorbonne

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Enchaînés à vie: la double aliénation des malades mentaux en Indonésie

KARANGASEM (Indonésie) - Entre les rizières et les cocotiers, sur l'île paradisiaque de Bali, un homme est allongé, enchaîné par les chevilles à un lit en bois pourri installé dans un jardin: 15.000 malades mentaux passent ainsi leur vie en Indonésie, faute de soins.

I Ketut Lingga, 54 ans, est schizophrène et sa famille lui a mis de lourdes chaînes d'acier aux chevilles il y a trente ans. Il ne les a jamais quittées.




Du Grain à moudre

Syndiquer le contenupar Hervé GardetteLe site de l'émission
Emission Du Grain à moudre
du lundi au jeudi de 18h20 à 19h
Ecoutez l'émission40 minutes

Le complexe d'Oedipe est-il soluble dans l'homoparentalité ?

26.09.2012 - 18:20

A l’heure où François Hollande se voit reprocher de ne pas suffisamment respecter ses engagements de candidat, en voilà au moins un qui devrait être tenu : le 31e. « J’ouvrirai le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels » Le projet de loi est encore en cours d’élaboration, tout n’étant pas encore réglé, notamment s’agissant de l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes. Mais rendez-vous est pris : le texte sera présenté en conseil des ministres le 31 octobre prochain.

Jean-Pierre Winter et Claude Rabant J-C FRANCIS © RADIO FRANCE
La loi, lorsqu’elle entrera en vigueur, aura pour plusieurs effets. D’abord celui de normaliser ce qui existe déjà dans les faits : les familles homoparentales (il y aurait entre 24 000 et 40 000 enfants concernés selon les estimations de l’INED, l’Institut national des études démographiques). Ensuite celui d’institutionnaliser cette nouvelle forme de parenté. Donc de créer une nouvelle norme.






L'Essai et la revue du jour

Syndiquer le contenupar Jacques MunierLe site de l'émission
du lundi au vendredi de 6h35 à 6h42
Ecoutez l'émission7 minutes

La clinique du bout du fil / Revue Penser / Rêver

10.10.2012 - 06:35 Ajouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobile
Aurélie Capobianco, Julie Gonzalez : La clinique du bout du fil. L’aide psychologique par téléphone en question (PUF) / Revue Penser / Rêver N°22 Portraits d’un psychanalyste ordinaire (Editions de l’Olivier)

C’est sans doute un signe des temps, on assiste depuis quelques années à une multiplication des offres d’aide psychologique à distance. Psychothérapie par téléphone, par internet, « psychanalyse en ligne », « webthérapie », avec paiement direct ou par abonnement, SOS et assistance gratuite au bout du fil… Il suffit de taper la requête « psychothérapie en ligne » sur un moteur de recherche pour obtenir des centaines de milliers de réponses : des psychothérapies, mais aussi des psychanalyses par mail, chat, webcam ou téléphone. Deux psychologues cliniciennes, formées à la psychothérapie et à la psychanalyse interrogent les enjeux et les limites de ces pratiques à partir de leur expérience d’écoutante, c’est le terme consacré.


Revue Penser / Rêver N°22 Portraits d’un psychanalyste ordinaire
Comme il y a des « présidents normaux », il y a des psychanalystes ordinaires et même, si l’on en croit les différentes contributions à ce dossier, c’est de l’ordinaire qu’est fait le pain quotidien de l’homme ou la femme qui se tient derrière le divan. On est tenté de dire que, de même qu’il ne peut y avoir de « président normal » puisqu’il est unique, il ne peut y avoir de psychanalyste ordinaire parce que chaque cas est singulier, en tout cas pour celui qui se trouve allongé sur le divan mais l’expression se réfère à une lettre d’Anna Freud à Lou Andréas-Salomé qui évoque une conversation avec son père au cours de laquelle ils sont tombés d’accord « pour estimer que l’analyse n’est pas une affaire d’êtres humains ».

En répons, la petite phrase de Georges Pérec dans Les lieux d’une ruse : « Il y a eu pendant quatre ans un quotidien de l’analyse, un ordinaire : des petites marques sur des agendas, le travail égrené dans l’épaisseur des séances »…



Urgences psy : "Mieux vaut un infarctus qu'une dépression"

Créé le 10-10-2012

REPORTAGE. A l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, "Le Nouvel Observateur" a poussé la porte des urgences psychiatriques pour comprendre les préjugés qui demeurent sur ces maux mal connus.

L'accueil des urgences de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. (A.S - Le Nouvel Observateur)
L'accueil des urgences de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. (A.S - Le Nouvel Observateur)

"Vous savez en quelle année on est ?", demande une infirmière à une vielle femme. Tantôt alignés sur des brancards, tantôt assis, plusieurs dizaines de patients attendent leur prise en charge, ce mardi 9 octobre aux urgences de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Sur l’ensemble des personnes accueillies chaque jour au pavillon Gaston Cordier, une dizaine le sont en raison de troubles psychiatriques. "On voit de tout, explique le docteur Nathalie Girault. De la personne angoissée, au patient déprimé ou schizophène". Car les passages aux urgences sont autant de parenthèses, plus ou moins longues, dans des vies que l'on parvient de mieux en mieux à rendre "presque normales".


FOUCAULT ET LA PSYCHANALYSE : HISTOIRE DE LA FOLIE À L'ÂGE CLASSIQUE, 50 ANS APRÈS ?

EVÉNEMENT

Information publiée le mardi 9 octobre 2012 par Perrine Coudurier (source : Amos Squverer)

Samedi 24 novembre 2012, Amphi Buffon, Université Paris Diderot 15 rue Hélène Brion 75013 Paris Métro, RER C et bus : arrêt : Bibliothèque François Mitterrand.

Université Paris-Diderot Paris7 - UFR d’Etudes Psychanalytiques
Journée scientifique du CRPMS

Foucault et la psychanalyse : Histoire de la folie à l'âge classique, 50 ans après ? 
Samedi 24 novembre 2012

Argument
En 1961 Foucault publie L'histoire de la folie à l'âge classique. Ce livre fait événement en déconstruisant l'histoire du positivisme psychiatrique à partir de la mise à nu d'un partage et d'un oubli qui le fondent. Contesté pour ses approximations historiques et sa méthode, encensé par les psychiatres, tenant de l'antipsychiatrie, ce livre n'a cessé de faire débat en traversant toutes les disciplines des sciences humaines : histoire, littérature, philosophie, psychologie, médecine, psychiatrie et psychanalyse.
Séminaire d’histoire de la psychiatrie
Le Nouvel Hôpital Saint-Anne<br />Le nouveau bâtiment Joseph Lévy-Valensi de l'Hôpital Sainte-Anne à Paris quelques jours avant son inauguration.<br />Une construction d’environ 10 000 M2, de 112 lits et places, sur le site de l'hopital psychiatrique historique de Sainte-Anne (1867), rue Cabanis.<br />Ce nouveau bâtiment héberge des unités de psychiatrie universitaire, la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale (CMME) et des unités de psychiatrie de secteur.<br />Photos © Razak
Le Nouvel Hôpital Saint-Anne
Le nouveau bâtiment Joseph Lévy-Valensi de l’Hôpital Sainte-Anne à Paris quelques jours avant son inauguration. Une construction d’environ 10 000 M2, de 112 lits et places, sur le site de l’hopital psychiatrique historique de Sainte-Anne (1867), rue Cabanis. Ce nouveau bâtiment héberge des unités de psychiatrie universitaire, la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale (CMME) et des unités de psychiatrie de secteur.
Photos © Razak
Programme 2012-2013
Coordonné par le Pr Julien-Daniel Guelfi et le Dr François Bing
Sous l’égide du Dr Jacques Postel

mercredi 10 octobre 2012

Trois thérapies pour le traitement de la dépression recommandées par l'OMS


L’hôpital de Montreuil sous administration provisoire


Deux mois après l’hôpitald’Ajaccio, c’est au tour du centre hospitalier intercommunal AndréGrégoire, à Montreuil(Seine-Saint-Denis), d’être placé sous administration provisoire. « Les déficits d’exploitation récurrents et le niveau d’endettement important ont affaibli sa situation budgétaire », indique l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France.

Santé mentale : l’OMS appelle à mettre fin à la stigmatisation


À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale créée en 1992, l’Organisation mondiale de la Santé appelle à mettre fin à la stigmatisation de la dépression et des autres troubles mentaux et à mettre le traitement à la portée de tous ceux qui en ont besoin.
Plus de 350 millions de personnes dans le monde souffrent de dépression. Beaucoup d’entre eux n’admettent pas qu’ils sont malades et ne cherchent donc pas à se faire soigner. Les préjugés culturels et la méconnaissance de cette affection contribuent à dissuader les malades de consulter.
« Il existe des traitements très efficaces contre la dépression. Malheureusement, moins de la moitié des personnes déprimées reçoivent les soins dont elles ont besoin. Ce chiffre est même inférieur à 10 % dans beaucoup de pays, souligne le Dr Shekhar Saxena, Directeur du Département de l’OMS Santé mentale et abus de substances psychoactives. Voilà pourquoi l’OMS apporte son soutien aux pays qui combattent la stigmatisation dans le but d’élargir l’accès au traitement. »
Sous sa forme la plus grave, la dépression mène au suicide. Près d’un million de personnes se suicident chaque année et une grande proportion d’entre elles souffre de dépression.
› Dr L. A
lequotidiendumedecin.fr 10/10/2012


Les Nouvelles 
calédoniennes

Des interventions difficiles

Publié le mercredi 10 octobre 2012
Depuis qu’un de leurs collègues s’est fait tirer dessus, samedi matin, les adhérents au Syndicat des infirmiers à domicile (Siad) refusent d’intervenir sur la presqu’île. Ils tirent la sonnette d’alarme et dénoncent une banalisation de la violence à leur encontre.
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Le cadre formateur. Vers quelle professionnalisation ?

Dans « Quelles formations pour les cadres hospitaliers ? », l’Inspection Générale des Affaires Sociales dessine un contour du devenir de la fonction formation des cadres de santé. Un regard sur l’évolution des cadres formateurs suivi d’un éclairage théorique permet l’analyse de certaines des propositions de ce rapport. 

La lecture du rapport « Quelles formations pour les cadres hospitaliers ? » de Michel Yahiel et Céline Mounier1 interroge sur la place des futurs cadres formateurs. La question est clairement posée. Cela d’autant qu’elle est développée sous le titre ambigu « la question du cadre formateur » (p.27). Si l’on peut s’interroger sur le sens à donner à ce titre, la lecture du rapport interroge sur la place donnée au cadre formateur aussi bien du point de vue de ses spécificités, de ses compétences, que de sa place dans les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) comme dans l’organisation de la formation.

Test : êtes-vous fait pour devenir infirmier(ère) ?

2. Pourquoi avez-vous envie de soigner des patients?

a. Votre père est médecin, votre grand-père l'était également. Vous souhaitez suivre la tradition familiale sans passer par de longues études.
b. Vous vous identifiez à Che Guevara et rêvez de partir sauver le monde.
c. Vous voulez venir en aide à toutes les personnes souffrant de problèmes de santé afin de les soulager.

Hôpital psychiatrique à domicile



L'urgence de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine est souvent débordée, faute de places pour transférer les patients vers d'autres unités d'hospitalisation. Mais plus de services en psychiatrie offerts à domicile pourraient aider à désengorger le système.




Droits des enfants
Analyser la société à travers le prisme des droits des enfants

1 +1 +1 + 1 = 1 (490)

La future loi sur le droit au mariage des couples homosexuels et sur l'adoption par les couples homosexuels interroge sur la nécessité d'adapter notre droit aux moeurs. Pour autant les priorités sont-elles là où l'on nous le dit ? Dans le débat qui s'engage à marches forcées il m'apparaît opportun d'essayer d'alimenter les débats parallèles qui peuvent et doivent se présenter si on aborde la question centrale de la filiation.  Hier je rappelais l'enjeu pour tous les enfants de France, quelle que soit la composition de la famille, de respecter l'autorité des adultes présents autour d'eux. Aujourd'hui, si tant est qu'on entende parler du droit des enfants, et non pas du droit des adultes aux enfants,  en rééditant ce papier du 17 juin dernier, il m’apparaît essentiel d'insister sur l'importance pour tout en enfant d'être respecté dans sa singularité et dans ses affects.

Les internes en médecine, "bouche-trous" de l'hôpital en crise



A partir de 18 heures, les portes battantes qui marquent l'entrée de l'internat ne cessent de s'ouvrir et de se refermer dans un bruit sourd. Chaque claquement marque la fin d'une journée de travail, ou le début d'une autre. Entre la cuisine et la salle à manger, ceux qui vivent là se croisent dans un ballet incessant, rythmé par quelques anecdotes sur la journée achevée. "Le petit avec la crise d'asthme, j'ai pas du tout géré", débriefe, face au frigidaire en inox, une jeune femme brune qui achève sa première année d'internat, devant le visage compatissant d'une de ses aînées. "Et en plus, j'ai découvert cet après-midi que j'étais de garde ce soir", renchérit-elle, lugubre.
Sur la grande table de cantine en formica bleu qui trône au milieu de la salle à manger, les plateaux-repas sont vite engloutis. On se plaint du chauffage, qui ne sera pas réparé avant le 2 novembre. Pourtant, le thermomètre tombe déjà à 14 °C la nuit dans les chambres de cet internat de l'est de la France, qui accueille chaque semestre une vingtaine d'étudiants en médecine, venus faire leurs armes dans l'hôpital voisin pour un stage de six mois. Certains, restés en blouse blanche, stéthoscope autour du cou, s'accordent une courte pause avant de repartir assurer leur garde de nuit, et aligner ainsi au moins 24 heures de travail consécutives. Astreinte oblige, le plus âgé de la tablée, qui affiche déjà bac +10 au compteur, surveille du coin de l'œil ses deux téléphones qui pourraient à chaque instant le rappeler illico à son service.
A 21 h 30, la dernière interne fait son entrée dans le bâtiment, après une journée de travail de plus de douze heures. Pas de bol, "c'est toujours elle qui rentre le plus tard. Dans son service, ils font des horaires de fous", explique un de ses collègues.
Les internes – qui ont presque tous demandé à être cités anonymement pour ne pas compromettre leur carrière – ne sont officiellement encore qu'en formation. Mais la réalité hospitalière est toute autre. Tous assument déjà, souvent dans la plus grande illégalité, le travail et les responsabilités d'un médecin diplômé, poussés à bout par un système hospitalier en sous-effectif chronique, saturé par la demande.
85 % TRAVAILLENT PLUS QU'ILS NE LE DEVRAIENT
En septembre, le principal syndicat d'internes, l'Isnih (Inter-syndicat national des internes des hôpitaux), a publié les résultats d'une vaste enquête (PDF) menée dans les hôpitaux français. Dans ses conclusions, le rapport montrait ainsi que 85 % des internes – ils sont 21 000 au total – travaillaient bien au-delà des 48 heures hebdomadaires réglementaires, avec une moyenne de 60 heures par semaine. De même, le "repos de sécurité", imposé depuis 2002 après chaque garde de nuit pour empêcher un interne de travailler plus de 24 heures consécutives, n'est pas respecté dans 21 % des cas.
Selon le syndicat, "aucune région ne respecte aujourd'hui la législation", et ces entorses au règlement ne sont pas sans conséquences. D'après l'étude, 15 % des étudiants affirment avoir commis des erreurs de prescription, de diagnostic ou d'acte opératoire en lendemain de garde, alors que 39 % déclarent en avoir"probablement réalisé". Des chiffres dans l'ensemble largement "sous-évalués", selon de nombreux internes, qui reconnaissent avoir eux-mêmes minimisé leurs réponses au questionnaire.
"L'OUVRIER DE L'HÔPITAL"
Les internes sont une "main d'œuvre corvéable et bon marché pour faire tourner les hôpitaux", conclut sans ménagement le syndicat dans son rapport. Un constat amer partagé par ceux qui ont répondu en grand nombre à un appel à témoignages publié sur Le Monde.fr, qui les interrogeait sur leurs conditions de travail.
Le "dernier maillon de la chaîne alimentaire de l'hôpital", le "bouche-trou", la "variable d'ajustement" ou encore "l'ouvrier de l'hôpital", c'est par ces titres peu enviables que se définissent de nombreux internes interrogés. "Dans les services, chaque corps de métier a une tâche bien définie, sauf l'interne qui n'a pas de charge précise. Du coup, tout ce que les médecins ne veulent pas faire ou n'ont pas le temps de faire, c'est sur nous que ça retombe, sous prétexte qu'on doit apprendre de tout", explique Manon, qui termine sa première année d'internat à Lyon. A l'interne revient alors la partie la plus chronophage de la relation avec le patient, mais aussi les basses besognes comme"gérer la paperasse", voire parfois "brancarder les patients" et "vider les poubelles".
CERTAINS ONT "PIQUÉ DU NEZ EN BLOC OPÉRATOIRE"
"Le travail ne diminue jamais, ça n'existe pas des lits fermés parce qu'il n'y a pas assez de médecins", explique Jean, 28 ans, interne à Paris. Et les conditions d'exercice s'en ressentent. Travailler vingt jours d'affilée sans un jour de repos, faire des semaines de plus de 80 heures de travail, ou encore travailler 36 heures consécutives, quand le repos de garde n'est pas respecté, n'est pas chose rare pour un interne. "Qu'on soit capable ou non de tenir le coup, la question ne se pose même pas, on doit continuer", explique Anne, 27 ans, qui s'estime"chanceuse" de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil.
Tous reconnaissent pourtant qu'après 23 heures éveillé, on ne peut pas faire de la "bonne médecine""La nuit, on fait du symptomatique, pas du curatif, pour aller plus vite", explique Claire, 25 ans, interne à Lyon, qui avoue penser souvent la nuit "plus que dix heures, et je pourrai pleurer""On est dans le réflexe, donc on passe souvent à deux doigts des grosses erreurs, et on en fait des tonnes de petites", reconnaît Jérémy, 25 ans. Dans les témoignages, certains parlent notamment d'"échange de prescription entre deux patients", d'"erreur dans un dosage", d'autres racontent même avoir déjà "piqué du nez en bloc opératoire, avec la chaleur et la nécessité de rester immobile."
Pour Marie, 27 ans, "c'est le relationnel qui en pâtit le plus". A cette heure avancée de la nuit, la fatigue rend "plus agressif, à fleur de peau""Parfois, j'aimerais avoir un cadran affiché sur ma blouse où s'inscrirait le nombre d'heures depuis que je suis réveillé", avoue Jean, interne en 4e année. "Les gens devraient savoir le prix humain de leur système de santé", renchérit Thibaut, spécialisé en médecine interne à Paris.
PASSAGE OBLIGÉ DE LA FORMATION ?
Du côté des chefs de service, on se défend d'exploiter outre mesure les internes. Tous ont leur propre interprétation de la législation, et les conditions changent du tout au tout en fonction des différents services. Une inégalité de traitement qui perturbe d'autant plus les internes, confrontés au règne de l'arbitraire. La justification est toujours la même : "c'est soit ça, soit on ferme boutique", confie un chef de service à l'hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière. S'ils ont conscience d'être dans l'illégalité, la plupart assument, sous couvert d'anonymat, tout de même. "De notre temps, c'était bien pire, on travaillait sans arrêt, je me souviens d'un week-end de Noël pendant mon internat où j'avais commencé le vendredi matin pour n'en sortir que le lundi",raconte un chef de service d'un CHU du grand Ouest.
L'épuisement des internes, passage obligé de la formation ?"L'argument 'de notre temps, c'était pire', on l'entend à longueur de temps", explique une interne en neurologie, qui met cela sur le compte"du mythe du sacrifice du médecin". Mais en réalité, beaucoup d'internes ont le sentiment que les conditions d'exercice à l'hôpital sont plus dures aujourd'hui. "Avant, on n'était pas appelés en permanence pour rendre un avis sur la moindre douleur", explique un interne en chirurgie digestive à Paris. "Maintenant, tout le monde cherche à se couvrir pour éviter l'erreur médicale, et surtout tout le monde cherche à refiler les patients à d'autres services, pour désengorger le sien."
LES PATIENTS, TOUJOURS PLUS NOMBREUX
Le trop grand nombre de patients est une souffrance quotidienne, surtout pour ceux qui tiennent à rappeler qu'ils "sont là parce qu'ils aiment leur boulot et veulent passer du temps avec leurs patients". Le défilé des urgences est surement le plus révélateur, pour les internes qui s'y essaient. "A 4 heures du matin, alors qu'on n'a même pas eu le temps de se reposer quelques minutes, on voit des gens arriver pour tout et n'importe quoi : des angines, des maux qui traînent depuis des mois, des bobos de rien du tout." Garder son calme, dans ces cas là, est un défi permanent.
Chaque interne dit redouter le moment où, lâché sans filet dans son service, il ira "trop loin". Cette "zone rouge" décrite par Guillaume, interne à Belfort, "celle où tu peux faire une gaffe, où il n'y a pas de retour en arrière possible". D'autant que pour ceux à qui on impose de rester en lendemain de garde, la responsabilité en cas d'erreur est entièrement à la charge de l'interne. "Mais on prend le risque, parce que si on se fait saquer, c'est fini, on n'a plus aucune chance d'approcher du bloc opératoire, et pour nous ça veut dire plus de formation, et autant d'études pour rien", explique un interne en 2e année de neurochirurgie, qui travaille en moyenne cent heures par semaine.
"SI J'AVAIS SU, JE SERAIS PAS VENUE"
Face à toutes ces difficultés, la question de savoir si tout ça "vaut le coup" trotte forcément dans les méninges de ces étudiants bien particuliers, excédés par les conditions matérielles précaires de l'hôpital public, où on peut même "attraper des puces dans le lit de garde" de son service. Certains parlent de "tout plaquer", de prendre une année de disponibilité, mais cela signifie repousser d'autant la fin des études.
Beaucoup connaissent quelqu'un autour d'eux qui est au bord de craquer. "Je me suis rendu compte que j'étais en burn-out alors que je conduisais pour rentrer chez mes parents, après vingt-et-un jours de boulot consécutif. J'étais sur la quatre-voies, et je me suis demandé si c'était un rêve ou la réalité. J'ai réalisé à quel point j'étais épuisée",explique Nathalie, 27 ans. Dans ce cas là, "on se rend compte à quel point on est seuls, on n'a aucun interlocuteur". "On perd le sens de ce qui est normal ou de ce qui ne l'est pas", explique une interne en neurologie, qui affirme que le plus difficile est de "prendre du recul" sur ce rythme infernal.
Autour de la table de formica du petit internat de l'est de la France, certains parlent de "ras-le-bol""Le soutien, on ne l'a jamais, on n'a pas le droit de craquer", reprend une jeune interne qui achève son stage aux urgences. Autour d'elle, les gens acquiescent. Une autre ose, sur le ton de la plaisanterie, "si j'avais su, je serais pas venue". Des hochements de tête saluent le bon mot.