Taubira brandit un sondage sur la prison non publié par ses prédécesseurs
Le Monde.fr avec AFP |
Christiane Taubira a dit, samedi 6 octobre, qu'elle voulait "partir à la reconquête de l'opinion" concernant la prison et les sanctions pénales, en s'affirmant "optimiste" au vu d'un sondage commandé mais non publié par ses prédécesseurs à la Chancellerie, dont elle a révélé l'existence.
"Je vais vous donner un vrai scoop", a déclaré la ministre de la justice lors d'un colloque au Sénat. Elle a dit avoir "découvert, il y a quelques jours", qu'une étude avait été "commanditée par le ministère de la justice" et réalisée par l'institut Ipsos auprès de 3 000 personnes. "77 % de ces personnes considèrent que la prison ne permet pas de lutter contre la récidive ni de la prévenir, et 64 % estiment que les aménagements de peine constituent un levier important pour éviter la récidive", a-t-elle affirmé.
"Cette étude n'a pas été publiée", pas plus que "le numéro du magazine de la Chancellerie" qui devait y être consacré, a-t-elle ajouté. Son entourage a précisé à l'AFP que ce sondage avait été réalisé en 2009, à l'appui d'une étude finalisée en 2011.
L'OPINION PUBLIQUE "RESTE LUCIDE"
La Chancellerie a publié le mois dernier une circulaire de politique pénale destinée à rompre avec le "tout carcéral", notamment en encourageant les aménagements de peine. La ministre a également lancé une "conférence de consensus" sur la prévention de la récidive, visant à rechercher des "réponses pénales efficaces".
"Je souhaite un consensus qui nous permette de partir à la reconquête de l'opinion publique, qui a été fortement endoctrinée, qu'on a convaincue que la petite délinquance, c'était juste des crimes en miniature et que la prévention c'était d'enfermer le plus longtemps et le plus sévèrement possible", a déclaré la ministre.
Or, le sondage resté dans les tiroirs de la Chancellerie prouve, selon Christiane Taubira, que cette opinion publique "reste lucide" et ne dit pas forcément à propos des délinquants: "qu'on les mette tous en prison!". "Cela me conforte dans l'idée que dans ce pays (...) il y a des fondamentaux que même un ou deux quinquennats n'arrivent pas à démolir", a-t-elle commenté.
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