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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 27 mars 2021

Covid-19 : « Darwin nous l’assure : le mutant qui s’adapte le mieux sera obligatoirement le vainqueur »

TRIBUNE

La théorie de la sélection naturelle ne permet pas de faire de prévision, rappelle l’exobiologiste Louis d’Hendecourt, mais elle enseigne qu’il n’existe qu’une seule réponse à la pandémie : empêcher au maximum le virus de circuler. Autrement dit, confiner strictement et vacciner simultanément.

Dans un centre de vaccination à Strasbourg, le 18 mars 2021.

Tribune. L’expérience que nous subissons depuis un an en matière de Covid-19 est une illustration parfaite et implacable, une quasi-leçon de choses, de ce qui est connu de la théorie de Darwin dont on oublie trop souvent les bases et leurs implications universelles.

Si l’évolution d’une espèce animale comme la nôtre peut paraître lente et Darwin, à tort, « hors sujet » à beaucoup, un virus se réplique à très grande vitesse et met en valeur le phénomène de la sélection naturelle darwinienne à l’échelle de quelques semaines seulement.

Pop & cannabis






31 min

Disponible du 25/03/2021 au 23/06/2021

Substance illicite la plus consommée au monde, le cannabis devient de plus en plus "mainstream" à mesure que sa légalisation progresse. Omniprésente depuis des décennies dans la pop culture, son apologie ne fait plus scandale.


Maladies, tweets et bulles financières : comment fonctionne la viralité. Avec Adam Kucharski.

LE 25/03/2021

À retrouver dans l'émission

L'INVITÉ(E) DES MATINS

par Guillaume Erner

Peut-on prévoir l'évolution d'une épidémie de coronavirus, la viralité d'une fake news ou une contagion de la violence avec des outils comme le désormais fameux taux de reproduction ? 

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. Crédits :  d3sign - Getty

Adam Kucharski s’était fait connaître online en décembre 2020, avec un  thread sur Twitter débutant par une question directe mais épineuse pour qui n’a pas la bosse des maths : « Pourquoi un variant du Sras-Cov-2  50 % plus transmissible poserait un bien plus grand problème qu'un variant à 50 % plus mortel. » Une illustration du rôle des mathématiques et des modèles pour comprendre la mécanique de la viralité.  

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Vaccin Covid : éviter l’effet cigogne !

Publié le 26/03/2021


Par le Pr Dominique Baudon (Professeur du Val-De-Grâce)

Connaissez-vous l’origine de la légende selon laquelle les cigognes apportent les bébés. Selon cette légende alsacienne, les taux de natalité dans les villages où les cigognes faisaient leurs nids étaient plus élevés que dans les villages où les cigognes ne nichaient pas.

Nous avons là un « sophisme », raisonnement qui partant d’une observation réelle (les cigognes nichent dans certains villages) aboutit à une conclusion fausse. L'effet cigogne consiste à confondre liaison et causalité. Pour résumer, ce n'est pas parce deux évènements se succèdent qu’il y a forcément une relation de cause à effet entre les deux.

Nous avons eu un exemple récent d’un effet cigogne avec l’utilisation du vaccin AstraZeneca dans la Covid-19. Une observation juste, la présence de cas de thromboses constatées dans les suites de la vaccination, a abouti à une conclusion non démontrée, « cela est dû au vaccin » ; il y avait la liaison, mais pas la causalité. A partir d’une observation vraie, on fait une mauvaise interprétation. La conséquence a été une suspension de la vaccination pendant trois jours, du 15 au 18 mars dans plusieurs pays de l’Union Européenne, puis la limitation de la vaccination aux sujets de plus de 55 ans (seulement en France). 


Témoignages Covid long : «C’est à devenir fou»


 


par Nathalie Raulin  publié le 24 mars 2021

Matthieu, Marjorie et Bénédicte ont tous trois eu le Covid-19. Des mois plus tard, ils peinent à récupérer le contrôle de leur corps, de leur souffle et de leur vie, démunis face à une communauté médicale souvent impuissante.

Ils sont directeur d’un magasin d’articles de pêche, chargée d’insertion professionnelle à la fac ou formatrice en sophrologie et ont un point commun : le Covid-19 ne les a pas lâchés. Six mois ou un an après avoir contracté la maladie, Matthieu, Marjorie et Bénédicte peinent à récupérer le contrôle de leur corps, de leur souffle et de leur vie, démunis face à une communauté médicale souvent impuissante.

Témoignages «Quand l’hôpital va-t-il craquer ? Il a déjà craqué»

par Olivier Monod  publié le 26 mars 2021

Après un an de lutte contre le Covid-19, trois professionnels de santé aux prises avec des établissements en crise ont fait part de leur mal-être à «Libération». Ils se disent épuisés et déçus par la gestion de la pandémie.

Il y a la lassitude, la colère, mais aussi la perspective de voir le secteur de la santé déserté par des personnels à bout. En pleine troisième vague, tour d’horizon des questionnements amers de trois professionnels désabusés : Marie (1), 37 ans, qui travaille dans un hôpital parisien, Jérémy, 41 ans, du centre hospitalier d’Arles, et Romain, 44 ans, au service de médecine intensive-réanimation de l’hôpital Bichat.

Olivier Falorni : «Le droit à mourir, c’est la conquête de l’ultime liberté»

par Laure Equy et photo Théophile Trossat   publié le 26 mars 2021 

Marqué par la fin de vie de sa mère et militant de toujours du droit à mourir, le député auteur d’une proposition de loi sur l’euthanasie est convaincu que les Français y sont prêts.

Et si le moment était venu ? Olivier Falorni veut croire qu’une «majorité de conscience» peut se dessiner à l’Assemblée nationale pour adopter sa proposition de loi «pour une fin de vie libre et choisie». Le débat doit avoir lieu le 8 avril dans l’hémicycle et divise les députés LREM, nombreux à annoncer qu’ils voteront le texte malgré la réticence du gouvernement à avancer maintenant sur le sujet (lien Victor). Son auteur, élu du groupe Libertés et territoires, scrute de près leurs prises de position et se fait raconter par le menu leurs échanges à huis clos. Les yeux clairs, que plisse toujours son imperturbable sourire caché sous le masque, il s’efforce de ne pas s’emballer. Lui qui a «quitté il y a longtemps le camp des naïfs» a l’endurance tranquille des combattants de longue haleine.

vendredi 26 mars 2021

Bonne nuit les petits Dormir d’une traite : histoire d’une fausse idée

 




par Sonya Faure  publié le 26 mars 2021

Selon l’historien Roger Ekirch, les nuits de nos ancêtres étaient divisées en deux phases, avant que la révolution industrielle et la lumière artificielle n’imposent un nouveau modèle de sommeil : la nuit d’une traite que nous connaissons aujourd’hui. Ses travaux pionniers sont traduits ces jours-ci en français. Insomniaques, réjouissez-vous : se réveiller au beau milieu de la nuit est plus normal qu’il n’y paraît.

Certains livres donnent le vertige. Surtout quand ils viennent remettre en cause ce qui paraissait évident, au cœur même de notre routine. La Grande Transformation du sommeil, de l’historien américain Roger Ekirch est de ceux-là : en analysant comment nos nuits ont évolué au cours des siècles, il vient ébranler ce qui semblait si naturel qu’on n’y réfléchissait même pas (1). Quoi de plus normal que de dormir d’une traite, la nuit ? En accumulant les archives - tableaux et gravures, romans, procès-verbaux policiers et judiciaires, Ekirch a eu une intuition : longtemps, le sommeil des Européens a été scindé en deux temps. «Premier sommeil» et «second sommeil», d’une durée à peu près égale, étaient séparés par une période de veille. Aux alentours de minuit, pendant une heure ou un peu plus, «les membres de chaque foyer quittaient le lit pour uriner, fumer un peu de tabac ou encore rendre visite à leurs voisins, écrit l’historien dans son article «A la recherche du sommeil perdu», publié en anglais pour la première fois en 2001 et reproduit dans le livre sorti ces jours-ci en France. De nombreuses personnes restaient au lit et faisaient l’amour, priaient ou, plus important encore, méditaient au contenu des rêves de leur “premier sommeil”». Le poète George Wither (1588-1667) écrivait ainsi : «A minuit quand tu t’éveilles du sommeil…», et quelques années plus tard, John Locke (1632-1704) assurait : «Tous les hommes dorment par intervalles.» «L’immense majorité des témoignages qui nous sont parvenus, assure Ekirch, indique que se réveiller spontanément était habituel, qu’il ne s’agissait pas de la conséquence d’un sommeil perturbé ou agité. Les livres de médecine, du XVe au XVIIIe siècle, recommandaient bien souvent, afin de faciliter la digestion, de se coucher sur le côté droit au cours du “premier sommeil” et “après le premier sommeil” de se tourner sur le côté gauche.»

Que sait-on des effets secondaires rapportés pour les vaccins en France?





par Florian Gouthière  publié le 25 mars 2021 

Sur des millions d’injections déjà réalisées pour les différents vaccins autorisés en France, plusieurs milliers ont donné lieu à des signalements d’effets secondaires. Certains de ces événements sont suspectés d’avoir été causés par l’injection. D’autres auraient vraisemblablement pu advenir en l’absence de geste vaccinal. 

Avec les inquiétudes nourries autour d’une élévation du risque de thrombose chez les personnes vaccinées par AstraZeneca (une trentaine de cas sur cinq millions de vaccinés en Europe), vous êtes nombreux à nous avoir interrogé sur l’état général des connaissances sur les effets secondaires liés aux vaccins autorisés en France.

Interview Cannabis thérapeutique : «On vante la "start-up nation", mais là on est plutôt à l’époque des dinosaures»

par Charles Delouche-Bertolasi  publié le 26 janvier 2021

Pour le spécialiste du droit de la drogue Yann Bisiou, la France reste frileuse quant aux expérimentations sur les usages thérapeutiques.

Yann Bisiou est maître de conférences en droit privé et sciences criminelles à l’université Paul-Valéry de Montpellier. Spécialiste du droit de la drogue pour l’association L630, il analyse le récent déclassement du cannabis des substances les plus dangereuses et évoque le rôle à jouer par la France dans l’accès au cannabis thérapeutique.

Les crèches ne seraient pas responsables d’un sur risque pour les enfants et le personnel


 



Mercredi, 24/03/2021 

Des équipes des services de pédiatrie de l’hôpital Jean-Verdier AP-HP, de l’unité de recherche clinique et du service de microbiologie de l’hôpital Avicenne AP-HP, des universités de Sorbonne Paris Nord et Sorbonne Université ainsi que de l’Inserm, ont analysé dans une étude multicentrique le rôle des très jeunes enfants dans la transmission du SARS-CoV-2 au sein de crèches restées ouvertes pour accueillir les enfants des travailleurs essentiels, principalement des soignants, pendant la période du 1er confinement.

Ces travaux montrent que le virus circulait peu en crèche dans les conditions particulières appliquées lors du premier confinement (confinement strict du reste de la population, possibilité de petits groupes d’enfants et de renforcement des mesures barrières), y compris dans un groupe d’enfants considéré comme plus à risque (nourrissons dépendant du personnel, parents à risque d’infection car soignants continuant à se déplacer). Le mode de garde en crèche, dans ces conditions, ne semble pas être responsable d’un sur risque pour les enfants et le personnel qui les a en charge.

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Les psychologues sont libérés des psychiatres

 LFM la radio

De  

Simone Honegger  

Publié

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SUISSE

Le Conseil fédéral a amélioré l'accès à la psychothérapie. Une demande de longue date des psys. On en parle avec Stephan Wenger, co-président de la Fédération Suisse des Psychologues. Rendez-vous ce vendredi 26 mars à 7h20.

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Psychothérapie Quatre séances remboursées

Publié le : 25/03/2021 

Quelques consultations de psychothérapie vont pouvoir être remboursées par les assureurs santé et les mutuelles, même si cette prise en charge n’est pas encore prévue dans les contrats. À condition de disposer d’une prescription médicale.

Bernard Lahire : je rêve, donc je suis...

LE 25/03/2021

À retrouver dans l'émission

LA GRANDE TABLE IDÉES

par Olivia Gesbert

De quoi parlent nos rêves et que disent-ils de nous? Bernard Lahire, sociologue et professeur à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon, publiait "L’interprétation sociologique des rêves (volume 2) : La part rêvée" à La Découverte en janvier 2021. Il est notre invité aujourd'hui.

Femme rêvant d'une chute
Femme rêvant d'une chute Crédits :  Lauren Bates - Getty

Face aux nombreuses critiques qui ont suivi le premier tome de cette entreprise, tant du côté de la psychanalyse que de la sociologie, Bernard Lahire s'emploie à prouver qu’il est possible d’interpréter scientifiquement des rêves. Il ne s'agit pas de « construire une population » ou une quelconque « représentativité » des cas étudiés ni d'expliquer les structures sociales par les rêves. L'enjeux est d'abord, à travers une sociologie des rêves, d'explorer les possibles d'une sociologie des soucis ; en outre, nos inquiétudes et nos préoccupations (emploi, scolarité, vie familiale...) hantent nos rêves, lesquels portent en eux la « problématique existentielle » de tout un chacun. 

Il s'agit de comprendre comment se fabrique un rêve et quelle signification il a. C'est une tâche difficile car la sociologie n'était pas du tout prête à ça. (Bernard Lahire)

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En thérapie

LE 25/03/2021

À retrouver dans l'émission

LES PIEDS SUR TERRE

par Sonia Kronlund

Sandrine, mère d’enfants en bas âge est en burn out parental. Elle décide de voir un psy. Les séances deviennent sa bulle d'oxygène, mais elle tombe amoureuse de son thérapeute. Anne, elle, noue une relation de confiance avec son psy. Mais un jour, tout s'écroule : son thérapeute disparaît. 

Illustration du film "Sex and the Single Girl", avec Natalie Wood, Tony Curtis, Lauren Bacall et Henry Fonda (1964).
Illustration du film "Sex and the Single Girl", avec Natalie Wood, Tony Curtis, Lauren Bacall et Henry Fonda (1964). Crédits :  LMPC - Getty

Il y a une dizaine d’années, à la naissance de son petit dernier, Sandrine devait composer avec un mari très occupé par son travail. Submergée par la fatigue et les tâches domestiques, elle a décidé d’arrêter de travailler. Elle s'est peu à peu isolée, et le vide l'a envahie. 

Je n’avais plus de projets personnels, je n’existais qu’à travers mes enfants. Je me sentais un peu inexistante, je cherchais du sens à ma vie.

Un matin, au réveil, Sandrine décide de se faire aider. Elle exhume les coordonnées d'un psychiatre notées sur un post-it jaune. Les consultations commencent, et Sandrine remarque que son thérapeute a toujours le même pull noir quand il la reçoit.

Peu à peu, les séances deviennent une bulle d’oxygène, une balise salvatrice pour la mère de famille.

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«Il faut considérer que le bébé est une personne pour qu’il le devienne»

par Virginie Bloch-Lainé  publié le 25 mars 2021

Le pédopsychiatre et psychanalyste Bernard Golse, qui publie «le Fœtus/bébé au regard de la psychanalyse» avec Sylvain Missonnier, insiste sur la distinction entre «sentiment d’être» et «sentiment d’exister» dans l’analyse de la vie prénatale et périnatale.

Que se passe-t-il dans la nuit utérine, dans «l’antique terre natale du petit d’homme», ce lieu «où chacun a séjourné une fois et d’abord», écrivait Freud ? La religion et la mythologie se sont emparées de l’énigme de l’origine et les progrès de la médecine périnatale permettent de l’approcher davantage. Mais nos fantasmes demeurent. Sylvain Missonnier, psychanalyste, et Bernard Golse, pédopsychiatre et psychanalyste, sont deux spécialistes reconnus de la petite enfance. Dans un livre ardu et passionnant, ils expliquent ce que sont le bébé et le fœtus «au regard de la psychanalyse». Ils se font les avocats d’un «archaïque revisité» qui inclue les traces de «l’Atlantide intime que chacun de nous porte en lui», c’est-à-dire de la vie prénatale et périnatale. Ils défendent l’idée selon laquelle la biographie du sujet débute le jour de l’accouchement. Nourri de citations littéraires et psychanalytiques, le texte rapporte aussi des études de cas. Les auteurs reçoivent de jeunes enfants, et des parents qui ont plus ou moins du mal à accueillir leur enfant. Entretien avec Bernard Golse.

« Sommes-nous vraiment prêts à “trier” les enfants et adolescents suicidaires ? »

Publié le 24 mars 2021

TRIBUNE

Collectif

Depuis le début de la crise sanitaire, idées et pulsions suicidaires chez les plus jeunes déferlent, alerte un collectif emmené par Lisa Ouss, pédopsychiatre à l’hôpital Necker.

Tribune. Comment répondre à ce dilemme impossible : trier les enfants et adolescents que l’on va hospitaliser après un geste ou une intentionnalité suicidaire forte ? Si les actes ou idées suicidaires des jeunes ont diminué pendant le premier confinement, ils déferlent depuis l’automne, peut-être à la faveur d’un discours fataliste sur une jeunesse sacrifiée.

Somain – Psychiatrie : L’hôpital face à la crise

L'Observateur 

Par 
Corentin Escaille 
mercredi 24 mars 2021



Comme ailleurs, les soignants du centre hospitalier de Somain doivent faire face à des besoins grandissants en ce qui concerne la santé mentale.

Davantage de décompensations, des services plus chargés et plus mouvementés, la réalité est dure au pôle psychiatrie du centre hospitalier. Le personnel est en sous effectif du fait d’un manque de vocations et le secteur à couvrir est l’un des plus grands du Nord et du Pas-de-Calais avec une population de 98 000 habitants. Par ailleurs, les besoins ont bien changé depuis le premier confinement.

« CE SONT DES GENS JUSQUE LÀ INDEMNES QUI DÉVELOPPENT UNE ANXIÉTÉ. LA CRISE SANITAIRE A PU ÊTRE UN RÉVÉLATEUR.»

Monique Delvincourt, cheffe de service à l’hôpital de Somain

Les effets sur la santé mentale se sont faits sentir sur le tard : « lors du premier confinement, on ressentait moins les effets de telles mesures« , témoigne Monique Delvincourt, cheffe de service au pôle psychiatrie du centre hospitalier de Somain. 

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jeudi 25 mars 2021

Renaud Barbaras : “Le désir vise le monde lui-même”

Renaud Barbaras, propos recueillis par Octave Larmagnac-Matheron publié le  

© Audoin Desforges pour Philosophie Magazine.

Ce professeur à la Sorbonne est l’une des grandes voix de la phénoménologie. Rencontre avec un philosophe pour qui la métaphysique, loin d’être abstraite et aride, est vivante et poétique, car faisant appel à nos sentiments les plus profonds. 

Renaud Barbaras : drôle de nom pour un professeur d’université. Qu’y a-t-il de barbare dans le travail d’un philosophe – qui plus est d’un métaphysicien assumé, qui manie les concepts les plus techniques avec une indéniable virtuosité ? Peut-être faut-il revenir au sens premier du mot : le barbare, c’est l’étranger, celui qui ne parle pas la même langue. Les hasards de la généalogie, alors, s’éclairent. Car étranger, Barbaras l’a été une bonne partie de sa formation. À l’École normale supérieure de Saint-Cloud, notamment. Dans les années 1970, le marxisme et la philosophie des sciences y règnent sans partage ; lui s’intéresse déjà à la phénoménologie – ce courant de pensée proposant de revenir « aux choses mêmes » fondé au tournant du XXe siècle par Edmund Husserl et qui exerça une grande influence après guerre parmi les existentialistes français, avant d’être supplanté par d’autres approches. Si Barbaras entame une thèse sur la métaphysique de Leibniz sous la pression ambiante, il revient cependant bientôt à Merleau-Ponty, au corps, à la perception. Sans abandonner toutefois la métaphysique, et c’est peut-être en cet autre sens qu’il y a chez lui quelque chose de barbare : Renaud Barbaras est un étranger métaphysique. Toute son œuvre travaille en effet, sans relâche, cette intuition fondamentale : notre irrémédiable séparation à l’égard d’un monde qui ne parle pas notre langage mais qui est pourtant notre source, notre origine. Sentiment aussi intime qu’universel d’une déchirure originaire qui confère aux sommets spéculatifs qu’arpente le philosophe une coloration affective singulière. Le système patiemment édifié par Barbaras n’est ni aride, ni impersonnel, ni statique : il est, tout au contraire, vivant, poétique et émouvant – du latin movere, « se mouvoir ». Mouvement du désir, en premier lieu, car le désir nous porte, toujours, vers le monde dont nous sommes séparés. Là encore, l’étymologie ne s’y trompe pas, quoique le désir cache bien son lien avec les sidera, les « étoiles ». Le tour de force de Barbaras consiste ainsi à lier le plus intime et le plus lointain, la vie individuelle et son appartenance cosmique. 


Suicide assisté : peut-on choisir sa propre mort ?

Nicolas Gastineau publié le  

« Complicité d'importation en contrebande de marchandises dangereuses » et « propagande en faveur de produits permettant de donner la mort ». C’est par ces motifs qu’ont été mis en examen onze membres de l’association Ultime Liberté, qui milite pour la légalisation du suicide assisté. Parmi eux, François Galichet, philosophe, est mis en cause pour avoir aidé des personnes souhaitant mourir à se procurer un barbiturique létal. Un choix qu’il assumait déjà dans son essai Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? (Odile Jacob, 2020) au nom du droit de chacun à choisir sa propre mort. 

Nous l’avons rencontré, et il nous expose les raisons de son engagements et les arguments en faveur du suicide assisté. D’après lui, la possibilité de mourir aiderait surtout à mieux vivre, reprenant à son compte le mot d’Emil Cioran : « Sans l’idée du suicide, je me serais tué depuis longtemps. » Que l’on soit d’accord ou pas avec François Galichet, sa parole mérite d’être entendue. 

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Violences sexistes et sexuelles : l’accueil par les forces de l’ordre, «c’est globalement la cata»

par Elsa Maudet  publié le 24 mars 2021

Le collectif féministe #NousToutes a recueilli près de 3 500 témoignages de personnes ayant porté plainte ou souhaité le faire. Bilan : 66% de mauvaises expériences en commissariat ou gendarmerie. Le gouvernement saluait pourtant récemment le très bon accueil assuré dans ces lieux.

Début mars, le gouvernement se félicitait de la qualité de l’accueil des victimes de violences conjugales dans les commissariats et les gendarmeries, mettant en avant un audit qui enregistrait 90% de satisfaction du côté des plaignantes. Un chiffre difficile à croire au vu des remontées de terrain. Dans le même temps, une femme partageait sur Twitter sa mauvaise expérience avec les forces de l’ordre après la réception d’une vidéo pornographique non sollicitée.

Deux événements qui se sont percutés et ont poussé l’association féministe #NousToutes à lancer un appel à témoignages auprès des personnes ayant porté plainte ou tenté de le faire pour des faits de violences conjugales, sexistes ou sexuelles. Objectif : vérifier la crédibilité de ce chiffre de 90%. «Des témoignages comme ça [le tweet ci-dessus, ndlr], j’en ai tout le temps, par messages privés, par SMS, sur WhatsApp. C’est notre quotidien, assure Caroline De Haas, fondatrice de #NousToutes. Pour beaucoup de policiers et de gendarmes, il y a un manque d’empathie et de professionnalisme face aux violences. C’est terrifiant.»

Handicap, amour et préjugés

LE 24/03/2021

À retrouver dans l'émission

LES PIEDS SUR TERRE

par Sonia Kronlund

Elisa, en situation de handicap, vit en fauteuil roulant depuis toujours. À l’âge de 20 ans, elle est tombée amoureuse à la fac du beau gosse de l’amphi. Un amour impossible, entravé par les préjugés. Julien, lui, est devenu non voyant à 27 ans. Il craint de ne plus parvenir à connaître l'amour...

En Virginie, Cole, tétraplégique depuis 10 ans, embrasse sa compagne Charisma, rencontrée dans son centre de rééducation. (2018)
En Virginie, Cole, tétraplégique depuis 10 ans, embrasse sa compagne Charisma, rencontrée dans son centre de rééducation. (2018) Crédits :  Barcroft Media - Getty

Comment aimer quand la situation de handicap rend la vie moins "normale", quand la solitude pend plus au nez qu'à d'autres et que les préjugés ne viennent rien arranger ?

Cela fait désormais 23 ans que Julien ne voit plus. Né myope, il a toujours été habitué aux troubles de la vision. Il connait, dès l’enfance, une dégradation progressive de la vue. Il perd son premier œil à l'orée de l'adolescence, pendant que le second se dégrade.

Enfant, je l’ai très tôt vécu comme une grosse différence par rapport aux autres. À l’adolescence, c’était compliqué à gérer : j’avais tendance à le gommer, le cacher. 

Pour l’amour, tout est d’emblée difficile pour le jeune homme qu’il est. Il est complexé et ses problèmes de vue le freinent pour charmer ou draguer. Sa première relation intime à 17 ou 18 ans, il l’explique uniquement par le premier pas qu'a fait sa partenaire.

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