Deux chercheurs en sciences humaines décryptent la série d'anticipation Black Mirror. Quand la réalité dépasse la fiction, que l'aurore numérique approche, faut-il s'inquiéter ?
Après s’être penchés sur la manière dont le porno était devenu une culture (Pornoculture : Voyage au bout de la chair (Liber, 2017)), Claudia Attimonelli, sociosémiologue à l’université Aldo-Moro à Bari, et Vincenzo Susca, maître de conférences en sociologie à l’université Paul-Valéry à Montpellier, se sont intéressés à la série Black Mirror (Black Mirror et l’aurore numérique, nos vies après l’humanisme (Liber, 2021)). D’une forme de plaisir à une autre serait-on tenté de dire. « Cette série nous a parfois fait souffrir » nuancent-ils toutefois avec amusement en repensant aux visionnages répétés de certains épisodes.
Qui n’en a pas vu un seul, et qui plus est le premier, ne peut comprendre cette possible souffrance due à la vision du potentiel reflet de notre société et de nos vies dans la création de Charlie Brooker. D’abord diffusée en Angleterre sur Channel 4, la série a ensuite explosé avec son passage sur Netflix. Si elle est devenue plus lisse, elle n’a pas perdu sa capacité à interroger notre présent et l’importance accordée aux technologies. « Chez Charlie Brooker, il n’y a jamais d’aporie. Dans la science-fiction, il peut y avoir des incohérences mais dans Black Mirror jamais. Toutes les choses qui posent des questions ne sont pas des erreurs mais une volonté de la production qui doivent être relevées par le spectateur » expliquent Claudia Attimonelli et Vincenzo Susca. Rencontre de l’autre côté du miroir noir, à l’approche de cette aurore numérique accélérée par l’épidémie mondiale, avec les deux auteurs de cet essai passionnant.
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