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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 13 mars 2021

Risque mondial de "pénurie infirmière", le CII alerte sur les effets de la crise Covid

11.03.21

La pandémie de Covid-19 a vertement mis en lumière les conditions de travail de la profession infirmière et le manque de ressources auquel elle est confrontée à l’échelle mondiale. Selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rendu public en 2020, le nombre d’infirmiers s’élève à 27,9 millions, mais il en manquerait près de 6 millions, dont 89% (soit 5,3 millions) dans les pays pauvres ou à revenu moyen, pour répondre aux demandes et aux besoins de soin croissants. Une situation que l’épidémie de coronavirus ne va faire qu’amplifier, alerte le Conseil International des Infirmières (CII) dans un communiqué diffusé ce jeudi 11 mars. D’après les conclusions d'une enquête du Conseil menée auprès des associations nationales d’infirmiers présentes dans 60 pays, 20% d’entre elles indiquent qu'un nombre croissant d’infirmières quittent la profession. Ou envisagent de prendre leur retraite une fois la pandémie passée. En cause, sans surprise, la lourde charge de travail et le manque de moyens – humains comme matériels – mais aussi l’épuisement professionnel et le traumatisme provoqués par la crise sanitaire. Nous avons vu comment l'effet COVID a gravement endommagé la santé physique et mentale de nos infirmières, relève le CII, qui déplore par ailleurs dans son enquête les lacunes des systèmes de santé et l’exposition disproportionnée des personnels soignants au virus. Et de préciser que 3 000 infirmiers seraient décédés des suites du Covid-19, un chiffre qu’il estime très sous-évalué, du fait du manque de données, voire de suivi, sur la question.


Infirmiers : une posture professionnelle en constante évolution

   12 mars 2021

Les contours de l’exercice professionnel des infirmiers sont en constante évolution. Et les transformations du système de santé réinterrogent également les fondements de cet exercice ainsi que ceux de la formation. Des adaptations sont à envisager.

« Le projet d’exercice des infirmiers doit s’ancrer à partir de compétences qu’ils acquièrent par leur expérience et du sens qu’ils mettent dans leurs missions soignantes, a soutenu Pierrette Meury-Abraham, infirmière en pratique avancée sur les pathologies chroniques stabilisées en Guadeloupe, lors du Salon infirmier qui s’est déroulé en ligne du 9 au 11 mars (replay disponible ici).

Il doit ensuite s’adapter aux attentes et aux besoins exprimés par les patients en fonction des territoires. » Car certes, les projets régionaux de santé mis en place par les Agences régionales de santé (ARS) tracent les grandes lignes de ces problématiques de santé mais les équipes interprofessionnelles peuvent prendre en charge des groupes de patients confrontés à des problèmes sans réponses. « Il est de notre responsabilité de les repérer, de les faire remonter et de trouver une réponse », a-t-elle ajouté. Une démarche qui passe par de l’écoute active, l’éducation thérapeutique ainsi que la recherche.

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Le CHU de Lille coordonnera le numéro national de prévention du suicide

 Lille actu

Par Nicolas Demollien  Publié le 

Le CHU de Lille (Nord), fort de son expertise en la matière, a été désigné pour coordonner la mise en place d'un numéro national de prévention du suicide. Explications.

Le CHU de Lille (Nord) va gérer la mise en place du numéro national de prévention du suicide.
Le CHU de Lille (Nord) va gérer la mise en place du numéro national de prévention du suicide. (©Illustration/Pixabay)
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Rixes entre jeunes en Essonne : après la mort de Toumani, 14 ans, les habitants vivent dans la peur d’un « match retour »

Par   Publié le 13 mars 2021

Deux semaines après la bagarre qui a coûté la vie à l’adolescent, poignardé dans une rixe entre deux bandes, à Boussy-Saint-Antoine, reportage dans le département, où les habitants se sentent démunis face à la montée de la violence.

Patrouille de police à Quincy-sous-Sénart (Essonne), le 24 février.

Lassana n’a pas peur (les prénoms des mineurs interrogés ont été modifiés). D’ailleurs, ici, personne n’a peur, « pas vrai ? ». Nous sommes mercredi, c’est jour d’entraînement pour les moins de 12 ans au stade d’Epinay-sous-Sénart (Essonne). Il y a deux semaines, une bagarre entre adolescents de la commune et de la ville voisine de Quincy-sous-Sénart a fait un mort, côté Quincy. Toumani a été poignardé. Il avait 14 ans.

Quelques-uns ici le connaissaient. Lassana est triste, évidemment, mais surtout pour son grand pote d’Epinay. « Ils l’ont mis en taule. » Le grand copain de Lassana a avoué avoir donné le coup mortel. Il a été mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire, à 15 ans. « T’es dingue, l’autre est mort, c’est ça qui est triste ! », grince un autre bambin.

Nelson marmonne à l’arrière du petit groupe de footballeurs. Lui a eu peur. Les moqueries fusent. Il n’osait pas sortir de chez lui après la baston du 23 février. « C’est bon », grogne-t-il, maintenant ça va mieux. Mais c’est sûr, « il va y avoir la guerre, lâche-t-il. Ils vont venir se venger. » Qui ira si le « match retour » est organisé ? Personne officiellement. « Mais les grands vont nous attraper, glisse Lassana. Et on va nous traiter de bouffons si on n’y va pas. »

Leader au féminin

Niamey, le samedi 13 mars 2021 - La journée des droits des femmes, le 8 mars, est aujourd’hui parfois détournée pour devenir une manifestation éloignée de ses aspirations premières. Elle demeure cependant toujours un moment privilégié pour faire le portrait de femmes qui ont su dépasser les obstacles toujours régulièrement rencontrés par ces dernières pour faire entendre leurs voix singulières. Ainsi, Facebook publie en ce mois de mars un livre intitulé Leadhers qui présente le destin de femmes africaines qui se sont imposées dans un monde encore trop marqué par les diktats sexistes et patriarcaux.

Une seule issue : l’excellence

Pour avoir le choix de devenir ce que l’on veut, il faut parfois accepter que l’on a d’abord aucun choix. Djamila Ferdjani à la différence de ses frères ou de certains de ses camarades n’avaient pas la possibilité de s’abandonner à la paresse ou de se laisser tenter par des résultats justes suffisants. Elle devait toujours se fixer comme objectif l’excellence afin de ne pas donner à ses parents l’occasion de remettre en question la pertinence de ses choix. Née en Algérie, en février 1962 et très vite exilée avec sa famille (ayant lutté contre la France pour la décolonisation de l’Algérie) au Niger, Djamila Ferdjani a très vite compris que son destin était très simplement tracé. Deuxième dans une famille de neuf enfants, dont le père avait deux épouses, elle était préparée à se marier à son tour et à fonder une famille. Mais très curieuse, elle a très vite d’autres ambitions et sait que pour pouvoir les assouvir, elle se doit de réussir. « J’ai dû évoluer pas à pas, lutter tous les jours pour essayer d'être parmi les meilleurs élèves, à chaque niveau d'étude, pour que mes parents n'aient rien à dire et me laisse continuer vers l'étape suivante » a-t-elle raconté.

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La lutte contre les violences sexuelles perpétrées par des soignants est-elle trop timorée (et pourquoi) ?

Paris, le samedi 13 mars 2021 – Même si nous sommes quotidiennement accablés par la médiatisation de sordides affaires d’agressions sexuelles, notre stupéfaction reste entière. Qu’il puisse être possible de profiter de la vulnérabilité d’un enfant ou d’une femme (bien plus rarement d’un homme) en situation de faiblesse pour commettre des atrocités à répétition, en occultant totalement la souffrance de sa victime, suscite toujours un premier mouvement d’incrédulité, incrédulité qui est un des ciments du tabou. Et si l’auteur des faits est un professionnel de santé ayant agi dans le cadre de son exercice, la manipulation à l’origine d’une telle situation, ne peut encore que davantage nous saisir de stupeur. Tel a été par exemple notre état d’esprit en apprenant la condamnation d’une sage-femme homme à 12 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles de plusieurs patientes.

Négligences répétées

Alors que ce type de drames se répète, faut-il se résoudre à la fatalité ? Ou doit-on encore considérer que les actions entreprises pour lutter contre ce fléau (éducation des jeunes générations, renforcement des sanctions, systèmes d’alerte…) ont été trop restreintes voire même factices et que de nouveaux efforts sont non seulement possibles mais indispensables ? Est-il possible d’empêcher les pervers de passer à l’acte ?

L’efficacité de notre justice est évidemment à questionner. Un seul fait permet de résumer ses failles abyssales : les viols et agressions sexuelles de l’homme sage-femme ont été perpétrés entre 2013 et 2016 et la condamnation n’a été prononcée qu’en 2021.

Dans la sphère médicale, la justice est également loin de se montrer à la hauteur des enjeux. Là encore de nombreux exemples l’ont honteusement mis en évidence. Dans son rapport publié en décembre 2019 sur l’Ordre des médecins (ODM), la Cour des Comptes avait ainsi épinglé l’instance sur son manque de vigilance sur le sujet. « Les poursuites et sanctions disciplinaires interviennent souvent bien après des sanctions pénales », avaient par exemple relevé les magistrats de la rue Cambon. Plusieurs exemples étaient ainsi donnés, comme celui d’un médecin condamné pour agression sexuelle à six mois d'interdiction d'exercer par un tribunal correctionnel au début des années 2000 et qui n’avait finalement été l’objet de poursuites disciplinaires par l’Ordre qu’en mai 2016 (après une récidive du praticien). L’affaire du chirurgien Joël Le Scouarnec a donné une autre illustration de ce défaut de vigilance préoccupant de l’instance ordinale. « L’affaire de l’ex-chirurgien digestif Joël Le Scouarnec, accusé d’avoir agressé sexuellement des centaines de mineur(e)s depuis la fin des années 1980 est une illustration emblématique de leur inaction. Dans cette affaire, l’ODM a été informé en 2005 par le Tribunal de Vannes de la condamnation du chirurgien. Un an plus tard, il est convoqué par l’ODM pour un entretien qui ne donnera lieu à aucune suite alors qu’en cas de condamnation pénale, une procédure disciplinaire doit être immédiatement engagée. Le chirurgien a donc continué à exercer et à agresser des enfants en toute impunité pendant de nombreuses années. Lorsque l’affaire éclate en 2017, l’ODM publiquement nie avoir été informé du passé judiciaire de Joël Le Scouarnec… » rappelle le blog féministe Pourunemeuf.fr.

Protéger les coupables, surveiller les défenseurs ?

Alors que la multiplication des exemples et l’alerte de la Cour des comptes permettent difficilement de plaider l’exception, la réprobation ne peut que s’accroître lorsqu’on observe que non content de se montrer négligent dans la condamnation des condamnés, l’Ordre pourrait parfois être bien plus diligent quand il s'agit de surveiller ceux qui alertent. Récemment, l’affaire d’une pédopsychiatre toulousaine a ainsi été largement relayée et ne peut qu’interpeller. Le docteur Eugénie Izard fondatrice du REPPEA (Réseau de Professionnels pour la Protection de l’Enfance et l’Adolescence) a fait en 2014 un signalement au procureur pour des faits de maltraitances sur une enfant qu’elle prenait en charge. Elle transmet quelques mois plus tard un nouveau signalement au juge des enfants saisi et qui avait ordonné une mesure d’assistance éducative en milieu ouvert. L’accusé, le père de l’enfant et médecin, saisit alors l’Ordre pour « immixtion dans les affaires familiales » (motif dont la recevabilité dans le cadre de telles affaires pourrait être discuté). Même si le docteur Eugénie Izard a évoqué longuement et calmement cette affaire dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, où elle dénonce un acharnement de certains conseillers ordinaux contre elle, tous les éléments n’en sont pas connus et cette lacune doit avoir une influence sur son appréciation globale. Cependant, différents points avérés interrogent.

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Une petite histoire de la vaccination obligatoire

Paris le samedi 12 mars 2021 - Le débat sur le caractère obligatoire de la vaccination est presque aussi vieux que les vaccins eux-mêmes. Lorsqu’en 1798 Edward Jenner révolutionne la lutte antivariolique en proposant la vaccination à la place de la variolisation, des voix s’élèvent pour exprimer la crainte de la transmission de maladies comme la syphilis lors de la réalisation d’une vaccination. La caricature anglaise aimait alors montrer des paysans qui craignent que la vaccine leur fasse pousser des cornes de vache. Quand Jenner meurt en 1823, la vaccine n'est toujours pas rendue obligatoire en Angleterre. Elle le sera en 1840 et devient même obligatoire pour les enfants dès 1853.

Une « clause de conscience » est introduite dans la loi britannique en 1898 pour permettre aux récalcitrants de se soustraire à l'obligation vaccinale.

Sans doute fallait-il voir ici un signe avant-coureur : en matière de vaccin, le Royaume-Uni avait déjà une longueur d’avance sur la France.

La première loi sur l’obligation vaccinale en France n’a été adoptée que le 15 février 1902.

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Vaccination, pass sanitaire, dépistage de masse : l'espoir d’une sortie de crise. Avec Axel Kahn.


 


LE 08/03/2021

À retrouver dans l'émission

L'INVITÉ(E) DES MATINS

par Guillaume Erner

Comment l’épidémie a-t-elle impacté les principes éthiques de notre société ? Au delà de la question morale, faut-il viser une vaccination de toute la planète pour diminuer ce risque des variants ? Quelles leçons la médecine peut-elle tirer ? 

Axel Kahn
Axel Kahn Crédits :  ERIC FEFERBERG - AFP

Ce week-end semble marquer un tournant dans l’épidémie :  les confinements sont désormais territoriaux et la campagne de vaccination, considérée par l’exécutif comme seule issue de crise, s’accélère. Alors que la France privilégie la stratégie “stop and go”, d’autres pays n’ont qu’un seul objectif : zéro covid sur leur territoire. Ailleurs, dans les régions les plus pauvres du monde, la concrétisation des grands discours sur l’égal accès au vaccin se fait encore attendre. 

Axel Kahn, médecin et généticien, président de la Ligue contre le Cancer, auteur de “Et le bien dans tout ça ?”, éd. Stock (2021).

Des défauts de la campagne de vaccination européenne

Depuis décembre, le discours a été changé, la procédure allégée en France. Maintenant les limites que l’on connaît sont européennes, non pas françaises. Pourquoi l’UE a-t-elle négocié aussi chichement la fourniture de doses ? 

La commission a eu raison de préserver la sécurité des citoyens en négociant le plus juste prix mais il y a un déséquilibre en défaveur de l’urgence de vacciner. 

La France doit intervenir au niveau de l’UE pour accélérer les choses, mais non pas contribuer à affaiblir l’union et l’organisation européenne. 

La question du vaccin AstraZeneca

Le vaccin AstraZeneca est disponible, il protège presque à 100% contre les formes graves et à 80% contre les tout-venant. L’inconvénient est qu'il entraîne fréquemment chez les plus âgés des signes secondaires bénins mais marqués. C’est vrai que les vaccins ARN qui sont prodigieux, sont un peu plus efficaces et plus tolérés. 

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Vaccination : 37 millions de vies sauvées dans le monde depuis 20 ans


En ces temps de contestation et de remise en cause grandissante de l'utilité globale de la vaccination et des bénéfices immenses apportés par les vaccins en matière de santé publique, il est toujours bon d'en revenir aux faits.

Une étude d'une ampleur sans précédent réalisée par l'Université de Cambridge (UK), vient de montrer que, sans vaccination contre 10 maladies, la mortalité des enfants de moins de 5 ans serait de 45 % plus élevée dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. En résumé, la vaccination pédiatrique aura évité, sur la période 2000 à 2030, 69 millions de décès.

Il s'agit de la plus grande étude de modélisation de l'impact de la vaccination dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, menée à ce jour. Les chercheurs britanniques ont pris en compte, sur une période de 30 ans, la vaccination contre 10 agents pathogènes majeurs (dont la rougeole, le rotavirus, le HPV, le HVB..) dans 98 pays. Les résultats indiquent que si les progrès en matière de couverture vaccinale se poursuivent, ces bénéfices en matière de santé publique et de réduction de mortalité continueront à progresser dans les décennies à venir.

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ANTHROPOLOGIE «  La pandémie a montré que toutes les vies n’ont pas la même valeur  »

par Philippe Nessmann

12.03.2021

Cet entretien a été publié dans le n°9 de la revue Carnets de science

Un an après le début du confinement en France, la pandémie de Covid-19 a coûté la vie à plus de 2,6 millions de personnes dans le monde. À l’aune des mesures contraignantes prises par les États, quel prix est-on prêts à payer pour sauver une vie humaine ? Didier Fassin, anthropologue et médecin qui se partage entre la France et les États-Unis, nous avait livré son analyse fin 2020.

Didier Fassin, quelle est votre analyse sur la crise sanitaire mondiale que nous traversons ?
Didier Fassin1. Même s’il ne faut aucunement en minimiser la gravité, le Covid-19 n’est exceptionnel ni par son infectiosité ni par sa létalité. La rougeole, par exemple, est plus contagieuse et fut, avant la vaccination, plus mortelle. Le caractère unique de la situation actuelle ne tient donc pas tant à la maladie elle-même qu’à la réponse qui lui a été apportée. Pour freiner la propagation du virus, les États se sont en effet engagés – à de rares exceptions près, comme en Suède – dans des politiques souvent très contraignantes de confinement, de suspension des activités et de fermeture des frontières qui ont été d’autant plus dures que les gouvernements n’ont pas su se préparer à l’éventualité d’une pandémie ni réagir lorsqu’elle s’est produite.

Pour les populations concernées, ces mesures ont eu un coût considérable. D’abord, elles ont dû accepter une restriction de leurs libertés fondamentales, comme le droit de circuler ou de manifester, le droit d’avoir une fin de vie digne et d’honorer ses morts. Ensuite, elles ont vu se dessiner une crise économique avec des faillites d’entreprise, des licenciements, du chômage, de la précarité, que les aides décidées par les gouvernements ont plutôt repoussés qu’empêchés. Pourtant, la plupart des individus ont accepté ce double sacrifice.

Résidents et personnels de l’Ehpad Herold, à Paris, écoutent le concert offert par deux membres de l’Orchestre de Chambre de Paris, le 18 Mai 2020. 



L’enfance, un âge sans pitié ?


 


David Pargamin publié le  

Le pont de l’A15 à Argenteuil, près duquel Alisha était venue retrouver sa camarade. Le corps de la jeune fille de 14 ans a été retrouvé dans la Seine, quai de Saint-Denis à Argenteuil, sous le pont ci-dessus. © PhotoPQR/Le Parisien/Arnaud Journois/Maxppp


À chaque crime, la violence des enfants rappelle aux adultes cette dure vérité qu’il n’y pas d’âge pour commettre le pire. En début de semaine, Alishaune jeune fille de quatorze ans, a été brutalement agressée par un couple d’adolescents dans la banlieue d’Argenteuil. Pour d’obscures raisons de vengeance, le jeune duo, un garçon et sa petite amie de quinze ans, ont tendu à la victime un guet-apens sur les berges de la Seine, et, après l’avoir rouée de coups, l’ont ensuite jetée, blessée, dans le fleuve où elle serait morte par noyade. Cette scène d’une rare brutalité nous révèle une façade plus sombre de la jeunesse, celle des enfants meurtriers.

Si elle reste largement inexplorée de la philosophie, la délinquance des (très) jeunes puise dans le répertoire pourtant bien connu des historiens des faits divers et des meurtres inclassables. L’historien Denis Crouzet rapporte ainsi le rôle des enfants-bourreaux, au XVIIe siècle, qui s’amusaient à saccager les cadavres des ennemis huguenots pendant les guerres de religion. Plus près de nous, les exemples ne manquent pas de violences commises par ces criminels tout juste pubères, mais souvent ignorants ou inconscients de la gravité de leurs gestes.

Cela n’empêche pas toute une tradition morale de maintenir l’enfance comme une période qui resterait préservée du mal, quels que soient la violence et les crimes réels que peuvent commettre les plus jeunes. Et peu nombreux, d’ailleurs, sont les philosophes à avoir osé « dire du mal » des enfants. Au nombre des exceptions, il faut citer le cas de John Locke, le penseur anglais, qui, dans ses Quelques pensées sur l’éducation (1693), aborde avec courage la question de « l’instinct de cruauté chez l’enfant ». Une réflexion pour le moins inhabituelle qui pourrait se résumer en trois points.

  • Les enfants sont des petits cartésiens. Locke commence par se pencher sur une violence bien connue chez les enfants, celle qui prend la forme de la cruauté, envers les animaux en particulier. Il remarque que l’on passe souvent aux enfants cette manie de « maltraiter toutes les pauvres créatures qui sont en leur pouvoir ». Si personne ne les en empêche, « ils traitent cruellement les oiseaux, les papillons et autres petites bêtes qui tombent entre leurs mains, et cela avec une sorte de plaisir », note-t-il dans ses observations. « L’enfant martyrise les animaux, le plus souvent, sans se douter qu’il leur fait du mal. Il torture un chat comme il éventre sa poupée, pour exercer son besoin d’activité et pour satisfaire sa curiosité ». Locke en conclut que « tout enfant est un petit cartésien sans le savoir » quand il veut ouvrir les corps, disséquer pour voir, mettre son œil à l’intérieur. À la recherche de nouvelles connaissances, il frappe, torture, et parfois même tue. Mais sans véritable méchanceté. Sa cruauté est alors indissociable de son désir de connaître. 
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Pourquoi les troubles psychiatriques à l’entrée en prison sont un enjeu de santé publique

20 Minutes avec The Conversation

Publié le 11/03/21

PSYCHIATRIE  Découvrez, chaque jour, une analyse de notre partenaire The Conversation. Aujourd’hui, deux psychiatres nous expliquent l’importance des soins psychiatriques à destination des populations carcérales

Les troubles psychiatriques se révèlent très fréquents chez les personnes nouvellement incarcérées
Les troubles psychiatriques se révèlent très fréquents chez les personnes nouvellement incarcérées — © W. MacKinnon / Unsplash
  • Troubles psychiatriques et conduites addictives sont très fréquents chez les personnes nouvellement incarcérées dans les prisons françaises, selon notre partenaire The Conversation.
  • L’évolution de ces troubles au cours de la période d’incarcération reste mal connue, c’est pourquoi a été lancée une étude visant à évaluer la fréquence des troubles psychiatriques lors de la libération.
  • L’analyse de ce phénomène a été menée par Thomas Fovet, psychiatre au Pôle de psychiatrie, médecine légale et médecine pénitentiaire du CHU de Lille, et Pierre Thomas, chef du Pôle de psychiatrie, médecine légale et médecine pénitentiaire du CHU de Lille.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, bon nombre de chercheurs se sont inquiétés de l’impact de l’actuelle crise sanitaire et des périodes de confinement sur la santé mentale de la population carcérale. Mais que sait-on aujourd’hui de la prévalence des troubles psychiatriques en milieu pénitentiaire ? Cette population est-elle particulièrement vulnérable, et en quoi ?

Sur ces questions, l’enquête que nous avons récemment menée dans plusieurs maisons d’arrêt du nord de la France est riche d’enseignements.

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vendredi 12 mars 2021

VIDÉO - Robert Neuburger fait le récit de ses débuts en psychiatrie

par Emile Costard  Publié le 29 janvier 2020


En bonus de notre Exploration «Le psy qui vous a compris», le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger fait le récit de ses débuts en psychiatrie, dans un hôpital de jour pour personnes psychotiques, à Paris. Il y a mis en place un fonctionnement bien particulier, qui consistait à “ne rien faire qu’attendre”.


Où l’on tente de faire le portrait d’un psy qui a enfanté une pensée

Le psy qui vous a compris | épisode № 01

Il a d’abord fallu aller demander à Robert Neuburger s’il était d’accord pour un portrait de lui en plusieurs épisodes dans Heidi.news. Il m’a proposé de venir le voir à Genève en m’invitant à un séminaire qu’il organisait, comme tous les mois depuis trente ans, avec des amis psys pour comprendre les évolutions de la société en matière de couple et de famille. C’était l’un de ses derniers. Neuburger voulait arrêter à la veille de ses 80 ans.

[...] À plusieurs reprises, j’ai interviewé Robert Neuburger, psychiatre et psychanalyste, généralement sur la famille ou le couple, ses spécialités, parfois aussi sur la dépression ou l’intimité, qu’il a également traitées dans la quinzaine de livres qu’il a écrits. Pour lui, tout est lié. C’est bien pour ça que cette fois j’aimerais aller plus loin. Mais il a reçu des patients toute la journée, à deux pas d’ici, dans son cabinet sur le lac Léman, il n’avait pas le temps de discuter et il m’a proposé de venir à son séminaire ce soir.

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«Chèques psy»: comment les étudiants en détresse peuvent bénéficier des services de psychothérapeutes

Par   10.03.2021

Un site d’accompagnement psychologique pour les étudiants a été lancé par le gouvernement français. La plateforme leur permet notamment de profiter de séances de psychothérapie, trois de suite, renouvelables en cas de besoin.

Les étudiants qui ont besoin d’aide psychologique pourront désormais en recevoir grâce au site Santé Psy Étudiant, lancé le 10 mars à l’initiative du ministère de l’Enseignement supérieur.

Ils sont invités à «bénéficier de séances avec un psychologue gratuitement, sans avancer de frais» pour diminuer la pression générale, sociale, financière et psychologique, due au contexte sanitaire tendu.

Le procédé consiste en trois étapes: consulter un médecin généraliste (ou Service de santé universitaire), choisir un psychothérapeute parmi la liste proposée et prendre rendez-vous pour un cycle de trois séances.

Le suivi psychologique pourra être renouvelé sur décision du soignant, est-il précisé.

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« L’Emission Sonolab » sur Jet FM 91.2 – Psytoyens, une émission sur la psychiatrie NANTES Nantes

« L’Emission Sonolab » sur Jet FM 91.2 – Psytoyens, une émission sur la psychiatrie
NANTES, le dimanche 21 mars à 11:00

À écouter sur les ondes sur 91.2, puis réécouter en podcast sur le site [jetfm.fr](http://jetfm.fr/site/).

Ils et elles nous racontent ce que signifie vivre avec des maladies psychiques, notamment à travers l’interview de Yohan Singer qui vient d’écrire un livre Parcours Psychiatrique.

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Trop d’expertises psychiatriques et psychologiques, pas assez d’experts

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par Pierre Januel  le 11 mars 2021

Hier étaient remises les conclusions d’une mission d’information sur l’expertise psychiatrique et psychologique en matière pénale. Le rapport, publié par Dalloz actualité, conclut à la nécessité d’une réforme profonde du secteur : il y a de plus en plus d’expertises et pas assez d’experts pour les faire. Les sénateurs proposent aussi de revoir la loi après l’affaire Sarah Halimi.

Conduite par les sénateurs Jean Sol (LR) et Jean-Yves Roux (RDSE, qui a suppléé Nathalie Delattre après les dernières sénatoriales), une mission s’est penchée sur l’expertise psychiatrique et psychologique en matière pénale. Les sénateurs ont acquis une certitude : il faut une réforme dédiée, au lieu de traiter ce sujet incidemment, au gré des projets de loi.


De moins en moins d’experts, de plus en plus d’expertises

En 2020, 49 148 expertises psychiatriques et 38 393 expertises psychologiques ont été menées. Mais, le nombre d’experts décroît dangereusement. D’après le ministère de la Justice, 356 experts psychiatres et 701 experts psychologues sont inscrits sur les listes des cours d’appel. Il y avait 800 experts psychiatres en 2007, 465 en 2014. Cela concentre les expertises sur quelques professionnels. Pour les sénateurs, les experts ont pris conscience de cette surconcentration « mais ni eux-mêmes, ni surtout le ministère de la Justice, ne paraissent suffisamment mobilisés pour la régler ».

Par ailleurs, certains magistrats recourent trop aux professionnels dont ils partagent les orientations, certains « experts considérant que le discernement n’est jamais totalement aboli et que la peine est nécessaire au travail thérapeutique, alors que d’autres tiennent des positions tendant d’abord à éviter la prison à une personne qui a pu connaître un épisode psychiatrique. »

Pour limiter le risque de conflits d’intérêts, le ministère de la Justice a fait savoir aux rapporteurs qu’un « groupe de travail installé depuis bientôt deux ans » propose que tous les experts, quelle que soit leur domaine, fassent une déclaration d’intérêts annuelle.

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