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Après trente ans d'existence, le Festival Art et déchirure a rendu son dernier souffle, mais n’a pas dit son dernier mot. Son co-fondateur Joël Delanunay espère rouvrir le musée éponyme fermé depuis deux ans... avec certaines ambitions.
Au cœur de l’hiver, et du centre hospitalier du Rouvray, sommeillent depuis deux ans, les sages de Micheline Jacques, les Mauricette de Francis Marshall… Plus de cinq cents œuvres, accumulées en trente ans de festival Art et Déchirure.
Le festival nait en 1989, imaginé par Joël Delaunay et José Sagit, deux amis infirmiers en secteur psychiatrique. Passionné d’arts plastiques pour le premier, et de théâtre pour le second. « Dès la première édition, on avait des spectacles de compagnies avec des personnes en situation de handicap mental ou psychique, des œuvres qui venaient d’hôpitaux psychiatriques, et des œuvres de compagnies « ordinaires » mais qui traitaient du thème de la folie ou de ce que nous on appelait la déchirure », se souvient José Sagit.
En 2017, le musée Art et déchirure ouvre grâce au concours du directeur de l’hôpital du Rouvray qui met à disposition un ancien pavillon psychiatrique qui accueillait quatre-vingts femmes jusqu’en 1982. Mais au printemps 2020, le Covid pointe le bout de son nez et l’association ne parvient pas à rouvrir le musée après le premier confinement par manque de main d’œuvre et de financement.
« On est dans un art moins convenu, moins académique donc on a des œuvres sincères »
Joël Delaunay, co-fondateur du festival et du musée Art et déchirure
Patientent donc, des œuvres d’art singulier, d’art naïf ou encore d'art brut, qui n’ont pas pour vocation d’être vendues. « On est dans un art moins convenu, moins académique, parfois proche de l’expression des enfants. Ce ne sont pas des gens qui ont une technique élaborée, donc on a des œuvres sincères », explique Joël Delaunay.
Une forme de thérapie à double sens
Le musée Art et déchirure abrite les expressions artistiques de ces artistes, pour la plupart ayant eu des difficultés psychologiques graves.
Pour certains, comme Caroline Dahyot, la production de ces œuvres, agit comme une délivrance. « Elle a énoncé et cousu des trucs un peu pathologiques, mais en exprimant tout ça, elle les a un peu exorcisé. Ça lui a probablement évité un parcours psy plus pénalisant », analyse Joël Delaunay. « C’est encourageant de savoir qu’on peut détourner des travers ou des difficultés par l’expression artistique », ajoute-t-il.
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