Dans «Homo domesticus» l’anthropologue anarchiste s’intéresse aux humains qui sont restés chasseurs-cueilleurs au néolitique, préférant vivre en marge des Etats. Une nouvelle étape dans sa réflexion sur les formes de résistance politique qui s’inventent dans les sociétés rurales.
Ne vous fiez pas aux apparences : il a beau s’intéresser à des sujets chronologiquement ou géographiquement lointains, il ne cesse de questionner, en creux, l’état de notre société. Professeur de sciences politiques et d’anthropologie à l’université de Yale, James C. Scott a, comme tout anarchiste qui se respecte, une dent contre l’Etat. Dans Zomia ou l’art de ne pas être gouverné, que les éditions du Seuil viennent de republier en poche, il enquête sur une vaste région rurale d’Asie du Sud-Est dont les habitants ont longtemps vécu en marge des Etats, multipliant les stratégies pour résister encore et toujours aux velléités assimilationnistes de leurs voisins. Les sociétés agraires constituent le fil rouge de sa carrière, ce qui l’a conduit à élever lui-même des animaux pour mieux comprendre son objet de recherche. C’est aussi la raison pour laquelle, voulant mettre des cours à jour, il est remonté jusqu’au néolithique afin de montrer que le récit canonique d’une humanité abandonnant le modèle du chasseur-cueilleur pour celui de l’agriculteur vivant sous l’autorité d’un Etat n’avait rien d’évident.