Par Olivier Monod 18 juin 2019
Dans une usine des laboratoires Boiron. Photo Philippe Desmazes. AFP
L'homéopathie et d'autres pratiques alternatives peuvent intervenir dans l'accompagnement des patients traités pour un cancer, pour leur bien-être. Mais elles ne doivent jamais se substituer au traitement.
Question posée par le 13/06/2019
Bonjour,
Vous nous posez cette question après avoir entendu une interview de la députée LREM du Rhône Blandine Brocard sur LCP. Elle affirmait : «Il y a quinze centres de cancérologie en France qui travaillent avec des homéopathes.»
Contactée par CheckNews, la députée répond que ce chiffre a été établi par le collectif de soutien à l’homéopathie et n’est pas exhaustif. On parle bien ici d’établissements de soins spécialisés en oncologie et proposant une consultation d’homéopathie. On ne parle pas de centre de recherche en cancérologie, la nuance est importante.
Il existe en effet des cliniques proposant des consultations d’homéopathie pour leurs patients traités pour un cancer. Précisons d’emblée que l’homéopathie n’a pas pour but de guérir le cancer, mais bien de réduire les effets secondaires (nausées, etc.) du traitement pour le patient.
Il existe même une Société homéopathique internationale de soins de support en oncologie qui compte, selon son président 70 membres en France dont deux tiers de médecins. Là encore il s’agit de soins supports ou d’accompagnement, pas de traitement du cancer.
Le recours à des médecines alternatives par des patients atteints de cancer n’est pas une nouveauté. Elle est même plutôt répandue. Selon Manuel Rodrigues, oncologue à l’Institut Curie, environ deux tiers des patients ont recours à un traitement alternatif en parallèle de leur traitement anticancéreux.
Au rang des médecines alternatives, on retrouve l’homéopathie, mais aussi l’acupuncture, l’ostéopathie ou encore le recours aux «coupeurs de feu» (des guérisseurs qui soulagent les brûlures, sujet d’une thèse en 2012).
Notons que, comme pour les autres pathologies, les essais cliniques réalisés pour évaluer l’efficacité de l’homéopathie pour soulager les effets secondaires des traitements ne mettent pas en évidence de résultat pour ces médicaments (voir ici et ici).
Ceci dit, l’Association francophone des soins oncologiques de support (Afsos) ne condamne pas cette approche. «En enfermant le débat dans un combat, nous obligeons les patients et l’opinion publique à choisir un camp. Cette dualité, qui a toujours existé, a notamment nourri diverses théories des complots et idées préconçues. Le "raccourci" est que la médecine conventionnelle est considérée comme surmédicalisée, peu humaine, sources de dangers, tandis que les pratiques complémentaires se définissent comme naturelles, attentives à l’autre et sans danger», écrit l’Afsos, qui précise bien que ces «pratiques non conventionnelles ne peuvent se concevoir que de manière complémentaire au traitement de la maladie».
Cette approche d’ouverture est d’autant plus importante que la moitié des personnes ayant recours à une approche alternative durant leur traitement la pratiquait déjà avant leur cancer. Plus grave, la moitié des patients ne disent pas à leur oncologue suivre des traitements alternatifs en parallèle. Une brèche dommageable dans la relation médecin-patient.
Cordialement,
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