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mardi 18 juin 2019

En 2050, nous serons 9,7 milliards d’humains

La population va continuer à croître, même si de vastes parties du globe verront leur nombre d’habitants décliner, selon un rapport de l’ONU.
Par   Publié le 18 joint 2019
Une plage surpeuplée à l’est de la Chine, en juillet 2018.
Une plage surpeuplée à l’est de la Chine, en juillet 2018. AFP
Vieillissant et de plus en plus contrasté : tel est le visage du monde qui se dessine dans les dernières données démographiques de l’Organisation des Nations unies. Ce n’est pas une surprise, la population va continuer à croître, mais de vastes parties du globe vont dans le même temps voir inexorablement leur nombre d’habitants décliner, sauf à s’ouvrir à l’immigration.
Les démographes considèrent comme sûre à 95 % la probabilité que nous soyons entre 8,5 et 8,6 milliards en 2030. Au-delà, en 2050, la planète va devoir porter 2 milliards de terriens de plus qu’aujourd’hui pour atteindre 9,7 milliards, selon les Perspectives de la population dans le monde 2019, publiées le lundi 17 juin. Un maximum d’environ 11 milliards de personnes pourrait être atteint vers la fin du siècle, selon les statistiques et les projections de la division de la population du département des affaires économiques et sociales de l’ONU, qui se livre à cet exercice de mise à jour tous les deux ans depuis le début des années 1950.
A partir de milliers de recensements et d’enquêtes, ces experts confirment : le nombre des humains croît, alors que chaque famille a de moins en moins d’enfants. En 1990, on comptait en moyenne 3,2 naissances par femme en âge de procréer, puis 2,5 en 2019. En 2050, ce taux de fécondité devrait s’établir à 2,2, sachant que 2,1 naissances sont nécessaires pour assurer le renouvellement des générations. Un tel ralentissement n’avait jamais été observé depuis le milieu du XXe siècle, même s’il ne suffit pas à freiner l’expansion du nombre d’humains.

Le monde connaît en fait des réalités extrêmement contrastées. Le nombre de naissances reste en moyenne de 4,6 par femme en Afrique subsaharienne, de 3,4 en Océanie (hors Australie et Nouvelle-Zélande), de 2,9 en Afrique du Nord et à l’ouest de l’Asie.
Les rapporteurs de cette 26e édition des Perspectives expliquent que, compte tenu des structures d’âge actuelles, « les deux tiers de la croissance prévue de la population mondiale d’ici à 2050 (…) se produiront, même si la fécondité dans les pays à fécondité élevée tombait immédiatement à environ 2 naissances par femme sur toute une vie ». Le constat vaut pour les pays qui tardent à rejoindre la tendance mondiale à une forte baisse du nombre de naissances. Aujourd’hui, près de la moitié des gens vivent dans des régions qui se situent en dessous du taux de renouvellement.

Basculement Chine-Inde

Actuellement, les naissances sont inférieures aux décès dans 55 pays – soit près d’un quart des 235 Etats ou territoires analysés dans ce rapport. Pour ceux-là, le fléchissement de la population sera d’au moins 1 % dans les trente prochaines années. Pour la moitié d’entre eux, l’évolution annoncée risque même de se solder par des pertes d’au moins 10 % – au Japon, en Grèce ou au Portugal entre autres. On attend des chutes de plus de 20 % en Lituanie, Bulgarie, Lettonie.
Ensemble, les habitants d’Amérique du Nord et d’Europe devraient ainsi passer de 1,114 milliard en 2019 à 1,132 milliard en 2030, avant d’amorcer une régression à 1,120 milliard à la fin du siècle. A l’inverse, d’ici à 2050, neuf pays devraient concentrer plus de la moitié de la croissance démographique mondiale : Inde, Nigeria, Pakistan, République démocratique du Congo, Ethiopie, Tanzanie, Indonésie, Egypte et Etats-Unis.
Par ailleurs, le basculement entre les deux Etats les plus peuplés de la planète, déjà annoncé, se précise. Le 1,43 milliard de Chinois (19 % de la population mondiale) devrait abandonner prochainement la première marche du podium, car ils pourraient perdre 31,4 millions de compatriotes d’ici à 2050. Le 1,37 milliard d’habitants de l’Inde devrait les détrôner autour de 2027, car ils font davantage d’enfants et approcheront probablement 1,5 milliard.
Parmi les pays qui continuent à voir leur nombre de ressortissants augmenter rapidement, 47 affichent des indices de développement socio-économiques les plus faibles. L’Afrique subsaharienne y est surreprésentée avec 32 pays dont la population a augmenté 2,5 fois plus rapidement que sur le reste de la planète depuis 2015. L’ONU s’inquiète à leur sujet de la « pression sur des ressources déjà tendues ». Comment relever le défi du développement durable dans ces conditions ?
« Cela faisait plusieurs années qu’on revoyait à la hausse les prévisions de la population mondiale à cause du taux de fécondité qui restait élevé en Afrique subsaharienne, rapporte Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques. On se trompait en pensant qu’il ne baissait plus : en fait, il le faisait moins vite qu’ailleurs, moins que lors de la transition démographique en Asie et en Amérique latine il y a trente ou quarante ans. Cette fois, on a révisé les projections à la baisse. Reste qu’un habitant de la planète sur six naît en Afrique aujourd’hui, ce sera un sur quatre lorsque nous serons 9,7 milliards. »

Tendances de long terme

Le continent noir devrait en effet voir sa population doubler et passer de 1,3 milliard à 2,5 milliards en 2050. Celle du Niger pourrait tripler dans le même temps. Celui-ci se distingue de la tendance générale : il pourrait être le seul pays dont le taux de fécondité risque de demeurer supérieur à quatre enfants par femme en 2050. Il est à plus de sept aujourd’hui.
En Afrique subsaharienne, 62 % des gens ont moins de 25 ans. Avec 11,7 personnes dans la tranche 25 à 64 ans – en âge de travailler donc –, pour une de 65 ans ou plus, la région a le ratio le plus élevé du monde. Cette partie de la population qui augmente plus vite que les autres a donc moins d’enfants ou de retraités à soutenir. L’ONU y voit une occasion de développement, à condition que les gouvernements s’en saisissent pour investir dans la santé et l’éducation.
Pour les démographes, les flux de migration constituent désormais une « composante majeure » des évolutions de population, précise le rapport. Il y a les phénomènes qu’ils ne prévoient pas : les guerres, les catastrophes naturelles. La Syrie compte 20 % d’habitants de moins qu’en 2010 ; à Porto Rico, les cyclones ont contribué à faire partir 18 % des habitants entre 2010 et 2019.
Les experts de Perspectives notent des tendances de long terme. Pour la plupart des régions, les départs et les arrivées de migrants des années 2010 à 2020 devraient être inférieurs à ceux de la décennie précédente. En Afrique du Nord et dans l’ouest de l’Asie, l’émigration nette devrait être 48 % moins importante durant cette décennie par rapport à la précédente, 40 % en Amérique latine.
Seule l’Afrique subsaharienne a connu ces derniers temps une augmentation « substantielle » des migrations internationales avec 4,1 millions de départs, 76 % de plus que durant la période 2000-2010. L’ONU note que pour quatre pays (Biélorussie, Allemagne, Italie et Russie), l’immigration a compensé un solde naturel négatif et permis de maintenir une croissance démographique positive durant la décennie.

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