Voilà un livre rédigé par une journaliste qui a passé son enfance à Dun-sur-Auron (Cher), surnommé le « village des fous ». C’est là qu’a eu lieu, à partir de 1891, sous la houlette du Dr Auguste Marie (1865-1934), la première expérience de psychiatrie ouverte, sur le modèle du boarding-out system écossais (« placement d’enfants orphelins »). Convaincu que les asiles devenaient des lieux de gardiennage accentuant la folie, ce grand philanthrope y créa une colonie destinée à accueillir dans des familles, volontaires et rémunérées, des patients stabilisés mais sans autonomie sociale : des aliénés tranquilles. Des femmes d’abord, puis des hommes. Juliette Rigondet retrace l’itinéraire de Louise, Eugénie et bien d’autres qui, au fil des années, deviendront lingères, blanchisseuses ou ménagères, retrouvant une identité sociale effacée durant leur vie asilaire. Cette nouvelle approche de la folie fut à ce point concluante qu’en 1913 la colonie comptait un millier de pensionnaires. « Je voulais raconter cette histoire (…) pour faire sortir de l’ombre les souffrants qui peuplent ou ont peuplé ce lieu. Pour rappeler que le “malade” a été comme nous, avant de devenir parfois tout autre. »Un magnifique récit. E. Ro
« Un village pour aliénés tranquilles », de Juliette Rigondet, Fayard, 312 p.
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