Dans la plupart des pays, on s’efforce désormais de limiter l’usage de la contention et les mesures restrictives de liberté pour les malades mentaux. Et comme le montrent des articles d’Indian Journal of Psychiatry, l’Inde s’inscrit dans ce mouvement général tendant à proposer des alternatives à ces anciennes méthodes de « prise en charge. »
Destinées à maitriser des sujets agressifs contre d’autres personnes (autres patients, personnels, tiers quelconques ou plus ciblés) ou/et contre eux-mêmes, ces mesures entravent la liberté de mouvement et se déclinent en contention physique (liens, camisole), chimique (médicaments psychotropes) et privation de liberté (enfermement en chambre d’isolement où il est admis que l’hypostimulation facilite la sédation). Pratiquée hors d’un cadre juridique (il ne s’agit pas d’une peine d’enfermement ordonnée par un juge), cette privation de liberté doit rester une exception, limitée au strict minimum, pour protéger l’entourage et le sujet lui-même, lors d’une crise d’agressivité majeure. La contention et l’enfermement ne doivent jamais devenir des formes habituelles de « traitement », pour d’évidentes raisons éthiques et parce que les mesures de privation de liberté sont encadrées par la loi.
Recherche d’alternative
En Inde, le Mental Healthcare Act 2017[1] vise ainsi à « protéger les droits des personnes atteintes de maladie mentale, et l’accès aux soins sans discrimination. » Le Mental Healthcare Act 2017 a aussi « décriminalisé la tentative de suicide qui était punissable en vertu de l’article 309 du code pénal indien. » En Inde comme ailleurs, la contention soulève cette question importante : quelles approches proposer pour diminuer son usage et combattre sa banalisation ?
Une piste consiste dans « l’individualisation des soins » : offrir à l’intéressé des activités régulières, avec une prévisibilité des emplois du temps. Cette préconisation générale s’impose en particulier pour des patients âgés ou des personnes avec des troubles du spectre autistique vivant en institution, car ces sujets se montrent très sensibles à un imprévu (changement inopiné de personnels, programme d’activités modifié à l’improviste) pouvant constituer un facteur déclenchant d’une décompensation soudaine : crise clastique, agressivité, passage à l’acte... Mais quel que soit le contexte, les mesures de contrainte (ceinturer le sujet, l’attacher, l’enfermer) ne se justifient qu’à titre ponctuel, en cas de danger et en dernier recours.
Dr Alain Cohen
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