L’avocat de Sylvie H., Roland Moeglen, et les parties civiles de l’association Enfance majuscule, à Colmar, le 18 juin 2019. Photo Pascal Bastien pour Libération
Au terme de trois jours d’audience, la cour d’assises du Haut-Rhin a condamné, jeudi, à vingt ans de prison une femme accusée d'avoir tué cinq de ses nouveau-nés.
En octobre 2003, Sylvie H. et Antonio étaient dans le salon de leur maison de Wittelsheim (Haut-Rhin) en train de regarder la télévision quand l’information a surgi à l’écran : quatre nouveaux-nés ont été découverts dans des sacs-poubelle, dans la forêt de Galfingue. Soit à une vingtaine de kilomètres de chez eux. «Celle qui a fait ça mérite la peine de mort», s’est exclamé Antonio. Sa compagne, elle, n’a rien dit, continuant à fixer les images du bois maudit, écouter les témoignages des habitants sidérés et ceux des gendarmes déterminés à résoudre le mystère des corps abandonnés. Seize ans plus tard, Sylvie H. écoute toujours. Dans le box des accusés de la cour d’assises du Haut-Rhin, à Colmar, elle assiste en spectatrice au récit vertigineux de sa propre traque : 400 auditions, 340 prélèvements ADN, une cellule baptisée «infanticide 68», des dizaines de pistes explorées dans les milieux sectaires et satanistes. Tout ça pour un dénouement qui ne sera que l’œuvre du hasard. A la suite d’une rixe entre voisins en 2017, son ADN a été prélevé, il correspondait à celui recherché. «Oui, c’est moi», a-t-elle simplement prononcé quand les gendarmes ont frappé à sa porte. Un cinquième corps sera découvert lors de la perquisition, dans une glacière à la cave.
«Je ne cherche pas à me disculper, j’ai toujours dit que j’étais responsable», commence l’accusée de 55 ans, chemisier fleuri et cheveux bruns. Et de prévenir les jurés : «Vous allez me punir et je vais accepter. Mais je ne vais pas pouvoir vous dire pourquoi j’ai fait ça.»
D’une voix calme, elle raconte cinq infanticides survenus «entre 1995 et 2003» dans la «maison lugubre» de Wittelsheim, à une époque où elle était minée par des problèmes financiers et des disputes récurrentes avec Antonio. Elle pense avoir oublié de transporter le dernier corps avec les autres dans la forêt, ce qui expliquerait la découverte plus tardive. Pourquoi a-t-elle laissé les grossesses s’enchaîner, ne prenant la pilule que sporadiquement ? Sylvie H. ne «sait pas», répète en boucle la même phrase : «Pour moi, ce n’était pas des bébés mais des êtres qui grandissaient en moi, que mon cœur, mon corps et mon esprit n’acceptaient pas.» Son ventre ne grossit pas, elle sent seulement «quelque chose qui bouge, comme des maux d’estomac». A chaque fois, c’est le même rituel : elle accouche seule dans la salle de bains à l’étage – «Je tremblais, je pleurais, j’avais peur de mourir» – ensuite, elle prend une serviette et la plaque sur le nouveau-né «pour ne pas voir».
En octobre 2003, Sylvie H. et Antonio étaient dans le salon de leur maison de Wittelsheim (Haut-Rhin) en train de regarder la télévision quand l’information a surgi à l’écran : quatre nouveaux-nés ont été découverts dans des sacs-poubelle, dans la forêt de Galfingue. Soit à une vingtaine de kilomètres de chez eux. «Celle qui a fait ça mérite la peine de mort», s’est exclamé Antonio. Sa compagne, elle, n’a rien dit, continuant à fixer les images du bois maudit, écouter les témoignages des habitants sidérés et ceux des gendarmes déterminés à résoudre le mystère des corps abandonnés. Seize ans plus tard, Sylvie H. écoute toujours. Dans le box des accusés de la cour d’assises du Haut-Rhin, à Colmar, elle assiste en spectatrice au récit vertigineux de sa propre traque : 400 auditions, 340 prélèvements ADN, une cellule baptisée «infanticide 68», des dizaines de pistes explorées dans les milieux sectaires et satanistes. Tout ça pour un dénouement qui ne sera que l’œuvre du hasard. A la suite d’une rixe entre voisins en 2017, son ADN a été prélevé, il correspondait à celui recherché. «Oui, c’est moi», a-t-elle simplement prononcé quand les gendarmes ont frappé à sa porte. Un cinquième corps sera découvert lors de la perquisition, dans une glacière à la cave.
«Je ne cherche pas à me disculper, j’ai toujours dit que j’étais responsable», commence l’accusée de 55 ans, chemisier fleuri et cheveux bruns. Et de prévenir les jurés : «Vous allez me punir et je vais accepter. Mais je ne vais pas pouvoir vous dire pourquoi j’ai fait ça.» D’une voix calme, elle raconte cinq infanticides survenus «entre 1995 et 2003» dans la «maison lugubre» de Wittelsheim, à une époque où elle était minée par des problèmes financiers et des disputes récurrentes avec Antonio. Elle pense avoir oublié de transporter le dernier corps avec les autres dans la forêt, ce qui expliquerait la découverte plus tardive. Pourquoi a-t-elle laissé les grossesses s’enchaîner, ne prenant la pilule que sporadiquement ? Sylvie H. ne «sait pas», répète en boucle la même phrase : «Pour moi, ce n’était pas des bébés mais des êtres qui grandissaient en moi, que mon cœur, mon corps et mon esprit n’acceptaient pas.» Son ventre ne grossit pas, elle sent seulement «quelque chose qui bouge, comme des maux d’estomac». A chaque fois, c’est le même rituel : elle accouche seule dans la salle de bains à l’étage – «Je tremblais, je pleurais, j’avais peur de mourir» – ensuite, elle prend une serviette et la plaque sur le nouveau-né «pour ne pas voir».
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