C’était un pauvre village du Gévaudan. On peut y arriver par un autocar improbable venu de la gare de Saint Chely d’Apcher. Ou bien à pied...
C’était un pauvre village du Gévaudan. On peut y arriver par un autocar improbable venu de la gare de Saint Chely d’Apcher. Ou bien à pied. Comme l’a fait en 1940 le docteur Tosquelles, que vous venez d’entendre. On ne le comprend pas bien mais, avec de l’attention, on l’entend. Et ce qu’il va dire et faire à Saint-Alban mérite l’attention…
Après les préalables et les ‘non-dits’ du Rapport Laforcade, voici son apport fondamental, il affirme la force de la Politique de Secteur, sous l’éclairage du Rapport Demay, dans sa continuité »
Ainsi Laforcade confirme la Psychiatrie de Secteur ! remarquable cette affirmation de l’Etat ! Au lieu du flou lointain ou de l’ambivalence, il affirme et détaille :
Auparavant reprenons rapidement notre propos préalable : le premier point fort de ce rapport est certainement la reconnaissance des Usagers comme acteurs à part entière rejoignant la première affirmation du Rapport Demay.
Nous avons fait aussitôt le constat que la mise aux oubliettes immédiate du Rapport Demay, a été source de quiproquos qu’il est indispensable de démasquer. Leur présence a infiltré puis déformé tout dialogue avec l’Administration. Laforcade par la levée de la censure a permis certainement de faire un pas énorme vers l’avenir, d’abord pour l’avenir immédiat.
Il y a ceux qui fustigent la détérioration des liens entre les patients et leurs médecins. Et il y a ceux qui avec patience et détermination rappellent le caractère essentiel du rapport singulier et unique, profond et presque intime que l’on noue avec le malade. En décembre dernier, le Lancet accordait le Prix Weakley à un texte rappelant la nécessité de ne jamais considérer comme superfétatoire certains "détails" essentiels de la vie des malades. Lifelines racontait l’histoire de Martin. Martin admis dans un service de gastroentérologie, nécessitant une ligne de nutrition parentérale. Martin qui après des semaines d’une observance et d’une attention parfaites, décroche un jour son cathéter veineux central. Quel événement avait pu entraîner un tel bouleversement dans l’attitude du patient ?
Bien qu’il ait provoqué une levée de boucliers contre lui, le dernier livre de Martin Winckler illustre bien les attentes actuelles vis-à-vis des médecins. Ces derniers doivent exercer la plus grande sollicitude à l’égard des patients ce qui suppose tout à la fois de savoir se mettre à leur place, de ne pas mépriser leur vulnérabilité et de pouvoir entendre et répondre à leurs attentes, même quand elles ne sont que sous jacentes. Face à ce portrait idyllique et controversé, beaucoup ont demandé si la réciproque pouvait s’imposer. D’aucuns ont notamment voulu créer un écho entre la maltraitance supposée dont seraient victimes les patients et celle qui toucherait de plus en plus fréquemment les praticiens (tant de la part des patients que des tutelles administratives !). Mais au-delà de cette question de la maltraitance, les médecins peuvent-ils espérer de ceux qu’ils soignent une sollicitude semblable à celle qui est exigée d’eux. Les patients doivent-ils savoir se mettre à la place des médecins (comprendre le poids des responsabilités, la difficulté de l’exercice, la lourdeur des tâches) et ne pas mépriser leur vulnérabilité ?
L’erreur est-elle encore un droit pour les médecins ?
Sans doute dans l’esprit d’un Martin Winckler, une telle réciproque n’est guère envisageable, en raison des multiples différences existant entre les patients et le médecin, qui créent des obligations différentes pour chacun. Néanmoins, la recherche d’un praticien idéal conduit à oublier, qu’humain avant tout, un médecin est également un être qui trébuche, qui s’irrite et qui se trompe. Les praticiens d’aujourd’hui ont-ils encore le droit à l’erreur, dans un monde où il est exigé d’eux tout à la fois qu’ils ne s’érigent pas en sachant mais qu’ils ne négligent aucun moyen pour soigner le patient et qu’ils soient à la pointe de toutes les recommandations et toujours à l'écoute des dernières publications ? Les praticiens d’aujourd’hui ont-ils encore le droit à l’erreur quand l’interrogatoire du malade se doit d’être le moins directif possible, le moins intrusif ? Et au-delà de ces paramètres, au-delà de la technicisation de la médecine, des progrès de ses outils diagnostics, le médecin a-t-il droit à l’erreur ?
« Le stage de mon semestre 5 se déroule en santé mentale, dans une clinique qui accueille des patients souffrant de troubles anxieux et de dépression. Pas de la « grosse psychiatrie », mais assez pour vous faire vivre des situations qui vous poussent à la réflexion. Et cette situation, de nombreux soignants l'ont vécue et je pense qu'elle interpelle à chaque fois ». Etudiant en soins infirmier et blogueur Monsieur Piqûre Futur infirmier, il nous livre son témoigne.
Je suis d'après-midi, on approche les 20h30 et le poste a été mouvementé. On profite que les patients soient au self pour, nous aussi, nous retrouver autour d'un dîner - dit comme ça, on se croirait au restau alors qu'en fait, on se retrouve autour de deux sandwichs et d'un paquet de chips. On avait ouïe dire que les collègues du pavillon d'en face avaient été eux aussi débordés. L'une des infirmières du service leur passe un coup de téléphone pour savoir s'ils avaient besoin de nous. La collègue répond qu'il se peut qu'elle nous recontacte très prochainement parce qu'en effet, le boulot ne manque pas. On raccroche, ça sonne: Il faut venir immédiatement, on a une patiente qui s'agite, vite ! L'infirmière avec qui je suis en poste me demande de venir avec elle et nous voilà partis à toute vitesse à travers les couloirs et les extérieurs en direction de la chambre de la patiente.
On entre dans la chambre de Mme R., la cinquantaine, admise il y a de nombreux mois dans la clinique et que j'ai eu l'occasion de rencontrer lors d'un atelier dédiée aux jeux de société. J'avais le contact facile avec elle, elle discutait facilement mais présentait une personnalité très, très histrionique, simulant souvent des malaises dans les lieux de collectivité. Ce soir-là, elle était agitée au possible, dans un coin de sa chambre. Elle hurlait à la mort, pleurait et évoquait des idées suicidaires. L'équipe essayait de la rassurer et de la calmer depuis de nombreuses minutes mais rien n'y faisait, l'agitation montait en flèche jusqu'à devenir dangereuse : Madame s'arrachait littéralement les cheveux, par poignées.
Les résultats d’une vaste étude sur la douleur dans les IVG médicamenteuses, révèlent que 27% des femmes entrées dans le processus ont ressenti des douleurs très intenses au 3ème jour de l’IVG (notées de à 8 et plus sur une échelle de 10) et 83% des patientes affirment avoir consommé des antalgiques durant les cinq jours du traitement. Cette enquête a été menée par 2 chercheurs de l'Inserm auprès de 453 femmes dans 11 centres d'IVG et a été soutenue par la Fondation de l’Avenir.
Après la salle de sport, l'Hôtel-Dieu (AP-HP) continue sa mue en expérimentant cet hiver l’accueil temporaire de mères ayant accouché dans une maternité du CHU francilien et se trouvant sans solution d’hébergement à leur sortie.
Deux anciennes unités d’hospitalisation au 4eétage du plus vieil hôpital parisien, correspondant à 35 chambres,« sont mobilisables rapidement »pour répondre à des situations« régulièrement rencontrées »,« toujours inacceptables »et« trop nombreuses à rester sans solution »malgré le travail SAMU social, communique l'AP-HP.
« Ces unités ne disposent pas de possibilité d’accès séparé depuis l’espace public, elles ne peuvent donc être mobilisées qu’en étroite collaboration avec l’hôpital et nécessitent un encadrement adapté et compatible avec le bon fonctionnement de l’établissement », a précisé l'établissement de Martin Hirsch.
Fin de l'expérimentation dans un an
L’utilisation de ces locaux pour des fonctions d’hébergement se situera sous la responsabilité des pouvoirs publics, dans le cadre d’une réquisition préfectorale.
L'AP-HP a précisé que cette solution n'avait pas vocation « à être pérenne, au regard de la mutation en cours du site de l’Hôtel-Dieu », qui va perdre la moitié de son périmètre de soins, transformé en logements sociaux ou étudiants.
L'expérimentation sera évaluée et éventuellement reconduite une année supplémentaire. Elle prendra fin au plus tard à l’issue de la trêve hivernale 2017-2018.
FRANCE CULTURE 17.11.2016 Conférences Université de Strasbourg
La médecine s'intéresse aux méfaits du stress pour la santé. Des découvertes récentes montrent qu'à l'inverse le mental peut avoir un effet bénéfique sur toutes sortes de pathologies.
Par Janine-Sophie Giraudet, médecin rhumatologue à l’hôpital Cochin et Inge Cantegreil, neuropsychologue à l’hôpital Broca —
FORUM «QUAND LE CORPS S'ÉCLIPSE»
Comment aider au mieux un proche, malade, en situation de handicap ou en perte d’autonomie, sans s’oublier ? Tribune de Janine-Sophie Giraudet et Inge Cantegreil-Kallen.
Après la journée mondiale de l’AVC Libération organise le Forum «Quand le corps s’éclipse», une journée de débats sur les liens entre maladie et société. La médecin Janine-Sophie Giraudet et la neuropsychologue Inge Cantegreil-Kallen participeront au débat «Les invisibles : remettre les patients et les aidants au cœur du débat».
La France compte officiellement 8,3 millions d’Aidants (la moitié assume la charge d’une personne âgée dépendante). Un chiffre probablement sous-évalué, car aider un parent, un enfant, un proche (l’aidé) est un investissement invisible, donc difficilement quantifiable.
Les aidants familiaux, les proches-aidants, viennent en aide de manière régulière à une personne de leur entourage pour les activités de la vie quotidienne, le soutien moral, les tâches administratives… En chefs d’orchestre, ils dirigent et coordonnent les soins et aides. Deux-tiers d’entre eux sont des femmes. Cette relation d'aide non professionnelle requiert des capacités d’improvisation et d’adaptation. Le danger est de surestimer ses propres capacités, sous-estimer la lourdeur de la tâche : engagement sans retour, renoncement aux projets personnels et isolement. La confusion entre «je dois assumer» et «je peux assumer» est fréquente et la prise de conscience souvent douloureuse.
Aider autrui est un acte d’amour, un engagement qui procure de nombreux bénéfices : (re) gain d’amour pour la personne aidée, affirmation de valeurs personnelles, acquisition de compétences. Mais aider sans limites, sans prendre soin de soi est dangereux pour la santé physique, émotionnelle et socioprofessionnelle.
La philosophe analyse le jugement parfois sévère de la société sur les personnes souffrantes. Interview.
Apres s'être intéressée au déni de la maladie (L’homme sans fièvre) et à l'identité de la personne malade (La maladie catastrophe intime), Claire Marin répond à nos questions dans le cadre du Forum «Quand le corps s’éclipse».
La maladie est-elle perçue comme un échec ?
Ce qui est surtout jugé c’est la manière dont on vit celle-ci. Le «bon malade», c’est celui qui ne se laisse pas abattre. Cette figure guerrière de «survivant», de «superhéros» est valorisée et très visible aux Etats-Unis. Mais il y a surtout des discours très culpabilisants à l’encontre des malades, comme s'ils étaient responsables de leur état de santé. A celà s'ajoutent les injonctions de bonne santé - manger sainement, arrêter de fumer - qui vont dans le sens d'une responsabilisation individuelle. C’est en partie injuste, car nombre de pathologies ne sont pas liées à un comportement, mais à des gènes et à des éléments environnementaux.
Certaines maladies sont-elles moins bien considérées que d’autres ?
Les maux qu’on impute à un mauvais comportement font l’objet d’un jugement plus négatif, porté par ces discours culpabilisants, qui peuvent venir du médecin ou des proches. Il y a aussi les maux tabous, ils touchent à l’intimité, à la sexualité. On parlera par exemple plus facilement d’un cancer du poumon que d’un cancer de l’utérus. Il y a aussi les pathologies psychiatriques, encore mal connues et souvent associées à un manque de volonté ou de détermination. Ce sont des discours d’une grande violence à l’encontre de la personne touchée.
Est-ce que l’exclusion des malades renvoie à de la peur ?
Oui, ils rendent visible une réalité que la plupart du temps on se cache. Cela va à l’encontre de notre capacité à nous projeter, car envisager la maladie c’est arrêter la temporalité normale du sujet. Merleau-Ponty disait que lorsqu’on est en bonne santé on ne peut pas s’imaginer souffrant, ce sont deux types de représentation de soi incompatibles. Etre en bonne santé, c’est se projeter alors que la maladie renvoie à la suspension du temps. Le malade représente tout ce qui n’ est pas visible dans nos sociétés : on ne voit plus la dégradation du corps, on cache le vieillissement et in fine la mort. Dans une perspective familiale ou génétique, la figure de la mère, de la grand-mère ou de la tante atteinte du cancer fait figure d' avertissement funèbre.
L’Histoire est un des champs les plus prometteurs des nouvelles « humanités numériques », et elles sont déjà nombreuses les tentatives qui visent à intégrer les data collectées sur notre passé dans diverses bases de données. On a déjà parlé dans InternetActu de projets comme Pantheon, qui utilise la Wikipédia pour analyser la production culturelle globale, ou encore de l’analyse des mythes par les réseaux sociaux…
Le New Scientist nous présente un projet dans la même eau, mais bien plus ambitieux, nommé Seshat (d’après la déesse égyptienne du même nom, compagne ou fille de Thoth, selon les versions, et patronne des archivistes et architectes). Sehsat est une gigantesque base de données de faits historiques, concernant toutes les civilisations, et reliés entre eux par le système des « linked data » du web sémantique.
Parmi les cofondateurs de Seshat, on retrouve Peter Turchin, le créateur de la cliodynamique (voir notre dossier sur le sujet), et Harvey Whitehouse, lui plutôt spécialiste des l’histoire des rituels religieux.
L’espoir d’une histoire plus « objective »
Selon le New Scientist, Seshat est une réponse possible à l’accumulation des data qui a transformé la profession des historiens, et pas forcément dans le sens de la facilité. Selon le magazine, cette brusque augmentation des informations a amené la plupart des spécialistes du domaine à travailler isolément : qui sur la démographie, qui sur les institutions, qui sur la religion, etc. Tant et si bien qu’il devient très difficile de percevoir les schémas globaux. De plus si certains patterns historiques sont assez évidents, d’autres sont bien plus masqués et ne peuvent se révéler que lorsqu’on associe plusieurs sources.
Le groupe hospitalier, qui a perdu 80 millions d’euros de créances en raison d’un bug, se démarque aujourd’hui de la gestion de la directrice précédente, partie en 2013.
LE MONDE| |Par François Béguin
Les conclusions du rapport de la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France dévoilées mercredi 5 octobre par Le Canard Enchaîné seront sans doute accueillies avec une certaine amertume par les 75 000 salariés administratifs et paramédicaux de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) qui viennent de renoncer à plusieurs jours de RTT dans le cadre d’un plan d’économie de 20 à 25 millions d’euros par an.
Dans son rapport, adopté le 17 mai, la chambre régionale des comptes révèle en effet qu’un bug informatique lors du changement du logiciel de gestion financière en 2011 a empêché l’AP-HP de récupérer 80 millions d’euros de factures non acquittées, les informations nécessaires pour facturer et relancer les patients ayant été perdues. Sur un montant total de 138,5 millions d’euros, une partie était « juridiquement éteinte ». Le reste, soit 80 millions d’euros, « peut être considéré comme une perte réelle et définitive par l’établissement », souligne la chambre.
Cette somme, correspondant à des créances constituées entre 2001 et 2010, a été « inscrite de manière transparente dans les comptes 2014 adoptés par le conseil de surveillance en 2015 », fait-on valoir à la direction de l’AP-HP. « Elle doit s’apprécier au regard du volume de recettes annuelles de l’AP-HP de 7,3 milliards d’euros », ajoute-t-on.
À rebours des prises de position de certains qui en font une valeur purement sociale et morale éminemment variable, simple fruit d’un apprentissage, d’une soumission, d’une intériorisation, d’une norme changeant selon l’histoire et la géographie, les auteurs considèrent la pudeur comme une constante présente dès le plus jeune âge. Les effets des atteintes de la pudeur, qu’elles soient le fait des armes, des tortures, voire du harcèlement mis en actes par des pouvoirs bureaucratiques, en sont d’autant plus graves.
Le syndicat des internes en médecine générale l’Isnar-IMG va fêter cette année ces 20 ans. Une bonne occasion pour réunir dans un livre blanc toutes ses propositions pour l’avenir de la profession, en espérant donner de l’inspiration notamment aux candidats à la présidentielle.
Conditions de travail: respect de l'existant et de nouveaux acquis
Sur le statut de l’interne et sa formation, le Livre blanc est l’occasion pour l’intersyndicale de rappeler toutes les positions qu’elle défend depuis plusieurs années à travers ses différents guides (du droit de grève des internes, de la protection sociale…) ou devant les pouvoirs publics. Sur leurs conditions de travail, les internes demandent donc notamment des sanctions plus sévères en cas de non-respect du temps de travail des internes, le respect du repos de sécurité ou du droit de grève, la création d’un compte Épargne Temps et Formation ou le passage à six internes par ligne de garde.
Pendant la procédure anesthésique, les smartphones peuvent être convertis en oxymètre de pouls ou en stéthoscope, évaluer les fonctions neuromusculaires, maintenir précisément le décubitus latéral gauche à 15° pendant la césarienne, mesurer la douleur et diagnostiquer des arythmies cardiaques. Ils peuvent également envoyer un patient ad patres et un anesthésiste à l’ombre pour «distraction fatale » (1).
Pour autant, passer son temps au téléphone pendant une anesthésie expose t-il à passer pour la tête de Turc du service ou bien fait-il risquer de passer la Porte Ottomane à son patient ?
L’anesthésie : « Des heures d’ennui ponctuées de moments de terreurs » (Slagle et al. 2009)
En novembre et décembre 2015, 955 médecins et des infirmiers anesthésistes turcs (2) ont répondu à un questionnaire sur l’utilisation de leur smartphone pendant la procédure anesthésique : 34 % d’infirmiers anesthésistes, 32,5 % d’anesthésistes juniors en formation, 26,2 % d’anesthésistes seniors et 7,1 % enseignants d’anesthésie à la faculté. Le taux de réponse au questionnaire envoyé par courriel a été de 22 % (600 réponses) et de 19 % lors d’un congrès national (355 réponses).
"On a oublié que la plupart des maladies résultaient de plusieurs facteurs dont l’importance relative était difficile à déterminer..." L'auteur des "Humeurs médicales" s'en prend cette semaine au réductionnisme scientifique érigé en dogme. Avec, selon lui, des conséquences délétères sur la clinique : du bon ou du mauvais usage du taux de PSA, du LDL cholestérol, de la protéine tau ou du gène BrCa1...
Dans une lettre adressée au juge avant sa mort, la jeune fille, atteinte d’une forme rare de cancer, l’avait prié de lui donner une chance de « vivre plus longtemps ».
Le Monde.fr avec AFP|
Une adolescente souffrant d’un cancer en phase terminale a remporté, peu avant sa mort, une victoire sans précédent devant la justice britannique : le droit d’être cryogénisée, dans l’espoir que la médecine du futur puisse la ressusciter et la soigner. Son corps a désormais été transféré aux Etats-Unis dans un établissement spécialisé en cryogénisation.
Prise en octobre dernier par le juge Peter Jackson, de la Haute Cour de Londres, cette décision n’a été rendue publique que le vendredi 18 novembre, conformément aux souhaits de la défunte, qui avait également demandé le respect de son anonymat. En raison de son état, elle n’avait pas pu assister à l’audience.
La stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS) fait l’objet d’études toujours plus nombreuses. Ces travaux se partagent entre l’évaluation de cette technique dans le traitement de différentes maladies neurologiques et psychiatriques et l’observation des effets de la tDCS sur les performances cognitives. Ces dernières expériences concernent de plus en plus fréquemment l’homme et intéressent notamment le champ militaire. En opération, la nécessité d’allier une concentration prolongée et la réalisation de tâches multiples représente des difficultés. Pour y faire face, certains corps d’armée ont pu utiliser des traitements censés stimuler l’attention, tels la ritaline ou le modafinil. Aujourd’hui, ils s’intéressent à la tDCS.
Des performances renforcées
La revue Frontiers in Human Neuroscience a ainsi récemment publié les travaux conduits par une unité de recherche de la base américaine de Wright-Patterson (située dans l’Ohio). Vingt militaires (16 hommes et quatre femmes) ont participé à l’expérience. Les sujets ont été divisés en deux groupes et devaient réaliser des exercices de simulation de pilotage, nécessitant notamment une prise de décision rapide et la réalisation de plusieurs tâches simultanées. Grâce à cinq électrodes, le premier groupe était exposé une tDCS anodique de 2mA pendant toute la durée du test (36 minutes). Le second ne reçut que trente secondes de stimulation au moment où commençait le programme. Les résultats mettent en évidence que les sujets exposés la tDCS présentaient une meilleure « capacité de traitement des informations » notent les auteurs dans leur résumé, permettant une « amélioration des performances ». L’exécution de tâches multiples était notamment meilleure dans le premier groupe. Sans doute ces résultats ont-ils convaincu l’armée américaine de poursuivre ses investigations en la matière.
Figures libres. La chronique de Roger-Pol Droit, à propos de « De l’âme », de François Cheng.
LE MONDE DES LIVRES | | Par Roger-Pol Droit
De l’âme, de François Cheng, Albin Michel, 160 p.
C’est sans faire de bruit qu’elle s’est esquivée. Presque personne ne s’en est rendu compte. Pareille disparition constitue pourtant un changement radical, même s’il est resté inaperçu, presque subreptice. Qui s’est éclipsé ? L’âme. Autrefois, elle définissait l’être humain, constituait l’essentiel des individus comme de l’espèce. Le corps venait en second, comme accessoire crucial mais finalement transitoire.
Rien de tel à présent. Au contraire, l’humain se confond désormais avec son corps, et n’existe que par, pour et dans son organisme. L’âme semble donc n’être plus qu’un mot, un vocable ancien, issu d’une langue morte, dont nul ne sait ce qu’il voulait dire exactement. Contre pareille déshérence et désolation, François Cheng propose de « retrouver et repenser l’âme ».Il s’y emploie en écrivain et en philosophe, au fil de sept lettres composées en réponse à une amie.
Bien que ce livre porte le même titre qu’un traité fameux d’Aristote – De l’âme, version française du grec Péri psuchès, De anima en latin –, on n’y cherchera pas de lourde argumentation métaphysique. Certes, toutes sortes de références et d’auteurs y sont convoquées, des bouddhistes à Platon, de Maïmonide à Simone Weil, sans oublier peintres, musiciens et poètes. Mais il y a plus important.