Dayton, le samedi 19 novembre 2016 –
La stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS) fait l’objet d’études toujours plus nombreuses. Ces travaux se partagent entre l’évaluation de cette technique dans le traitement de différentes maladies neurologiques et psychiatriques et l’observation des effets de la tDCS sur les performances cognitives. Ces dernières expériences concernent de plus en plus fréquemment l’homme et intéressent notamment le champ militaire. En opération, la nécessité d’allier une concentration prolongée et la réalisation de tâches multiples représente des difficultés. Pour y faire face, certains corps d’armée ont pu utiliser des traitements censés stimuler l’attention, tels la ritaline ou le modafinil. Aujourd’hui, ils s’intéressent à la tDCS.
Des performances renforcées
La revue Frontiers in Human Neuroscience a ainsi récemment publié les travaux conduits par une unité de recherche de la base américaine de Wright-Patterson (située dans l’Ohio). Vingt militaires (16 hommes et quatre femmes) ont participé à l’expérience. Les sujets ont été divisés en deux groupes et devaient réaliser des exercices de simulation de pilotage, nécessitant notamment une prise de décision rapide et la réalisation de plusieurs tâches simultanées. Grâce à cinq électrodes, le premier groupe était exposé une tDCS anodique de 2mA pendant toute la durée du test (36 minutes). Le second ne reçut que trente secondes de stimulation au moment où commençait le programme. Les résultats mettent en évidence que les sujets exposés la tDCS présentaient une meilleure « capacité de traitement des informations » notent les auteurs dans leur résumé, permettant une « amélioration des performances ». L’exécution de tâches multiples était notamment meilleure dans le premier groupe. Sans doute ces résultats ont-ils convaincu l’armée américaine de poursuivre ses investigations en la matière.
Le meilleur des mondes sans filet
La recherche de techniques destinées à faire naître un "super soldat" ambition affichée par l’US Air Force fera cependant frissonner les amateurs échaudés de science fiction. Au-delà du champ strictement militaire, de tels travaux sont susceptibles de relancer de nombreuses réflexions concernant entre autres l’éventuelle dangerosité de la volonté "d’améliorer" les performances de l’homme, autrement que par l’étude et le travail (même si cette recherche existait bien avant la tDCS !). Plus concrètement, l’absence de régulation permet le développement de "kits" de tDCS vendus au grand public, en dépit d’une insuffisance de connaissance d’une part sur la réelle efficacité de ce type de dispositifs quant à une amélioration des performances au long cours et d’autre part sur les effets potentiellement dommageables d’une utilisation prolongée.
Aurélie Haroche
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