La mère et le beau-père de la fillette, dont le corps n’a jamais été retrouvé, comparaissent devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme. Les deux premiers jours du procès ont permis d’en savoir plus sur l’histoire et la personnalité des accusés.
Les yeux perdus dans le vague, ils luttent contre leurs paupières trop lourdes. Dans le box vitré, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf semblent ailleurs, la tête dans un coaltar d’antidépresseurs, anxiolytiques ou substituts à la drogue. La jeune femme a énormément forci en prison - près du double de son poids initial, dira-t-elle - et s’abrite derrière un rideau de cheveux blonds peroxydés. Lui sort de trois ans à l’isolement et n’est pas sûr «de pouvoir [s]’exprimer correctement».
Sans échanger un regard, les amants d’hier devenus coaccusés se présentent d’une voix calme et un peu traînante aux jurés de la cour d’assises de Riom. «Parmi les cinq chefs d’accusation, en reconnaissez-vous certains ?» questionne d’emblée Dominique Brault, le président. «Oui», «ceux qui sont délictuels» récitent-ils. Mais «non», «pas les coups».Autrement dit, ni la mère ni le beau-père de Fiona, 5 ans, n’est prêt à endosser la responsabilité de sa mort. Certes, ils ont menti à la France entière, certes ils ont mis en scène l’enlèvement de la fillette dans un parc de Clermont-Ferrand en mai 2013. Pour autant, chacun nie avoir assené les coups qui auraient provoqué le décès au domicile familial. «On n’a pas voulu tout ça, c’est un accident», glisse Cécile Bourgeon. «Cécile n’est pas un assassin et moi non plus», déclare quant à lui Berkane Makhlouf. La cour dispose de dix jours pour percer le secret de ce tandem qui tantôt s’accable, tantôt se protège.
Pour l’heure, il n’est pas question des faits mais de curriculum vitae. Berkane Makhlouf, 35 ans, visage émacié, pull gris et chemise bleue, se lève le premier pour évoquer une «enfance difficile». Il a grandi entre «un père violent et alcoolique» décédé quand il avait 4 ans et une mère malade qui a élevé six enfants de trois conjoints différents. «Mon grand frère m’enfermait dans la cave, il me forçait à boire de la pisse, me frappait», confie l’accusé. En échec scolaire, il décroche en classe de troisième puis se lance dans un CAP de couvreur à Nevers (Nièvre). Dix mois plus tard, il abandonne. Cette fois, c’en est définitivement terminé des études.
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