LE MONDE CULTURE ET IDEES | 02.07.2015 | Par Marie Desplechin (Ecrivain)
La France offre (encore) cette particularité : papiers ou pas, tous les mineurs qui sont sur le territoire national peuvent être inscrits dans ses établissements scolaires et prétendre à une prise en charge matérielle, administrée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Au lycée professionnel Hector-Guimard, dans le 19e arrondissement de Paris, ils étaient 70 à la rentrée 2014, des garçons venus seuls d’Afrique, du Moyen-Orient, du Maghreb (globalement, les garçons représentent plus de 80 % des jeunes sans-papiers). Une nation riche (sixième rang mondial) forme des jeunes gens dans le dénuement à des professions dont elle a grand besoin : jusque-là, tout est parfait.
Mais le tableau se brouille rapidement. Avoir 17 ans ne dure pas toujours. Le jour arrive vite où l’on en a 18. L’ASE retire alors ses billes. Inutile d’insister, elle est aux abonnés absents. Fin du fin du logement et des repas. Bienvenue dans la rue. Il y a une autre façon de se retrouver réduit à rien, et sans attendre ses 18 ans. Il suffit de voir sa minorité mise en doute.