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vendredi 3 juillet 2015

Pour les handicapés, l’accès à la prévention n’est pas une promenade de santé…

04.07.2015

Les personnes handicapées sont-elles moins bien soignées que les patients valides ? Question un rien dérangeante à laquelle l’IRDES répond ce mois-ci par l’affirmative, mais de façon partielle et nuancée à travers deux études spécifiques lancées sur la base des données de l’enquête « Handicap-Santé-Ménage » de la DREES.

La première a tenté de mesurer les difficultés d’accès (voir d’accessibilité) des personnes en situation de handicap vivant chez elle à certains actes de prévention et de dépistage. Le constat global est sans appel : les « probabilités de recours à la prévention sont significativement réduites pour les personnes en situation de handicap. » Ainsi pour une moyenne estimée à environ 80% pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, le recours au frottis est inférieure de 12 points pour les déficientes auditives et jusqu’à 21 points pour celles ayant une limitation visuelle, en passant par – 17 pour les handicapées moteurs. Et un constat similaire peut être porté, tous sexes confondus, pour le dépistage du cancer du colon (40% en moyenne générale, mais 13 à 18 points de moins de participation selon le handicap) et pour la vaccination hépatite B (45%, mais -6 à -23 points pour les handicapés).


L’étude souligne que les écarts sont particulièrement importants pour les dépistages du col de l’utérus. Comme si, inégalité de genre et d’aptitude se conjuguaient alors. Les experts de l’IRDES soulignent aussi les difficultés particulières d’accès aux soins des personnes en fauteuil et/ou bénéficiant de l’AAH. Parmi les explications possibles, les auteurs pointent entre autres « les difficultés d’accès physiques aux bâtiments ou équipements médicaux », « des obstacles spécifiques comme les difficultés de réalisation du test Hemoccult », le cas échéant des problèmes de reste à charge pour le seul frottis, mais aussi d’autres hypothèses telles que manque d’information et de sensibilisation de cette population.

Est-ce plus simple d’accéder aux soins quand on vit en institution ? Oui et non. A lire, la seconde étude de l’IRDES sur les handicapés de moins de 60 ans institutionnalisés, la réalité est en effet contrastée selon le type de handicap et la catégorie de soins. Visiblement, c’est plus simple d’être pris en charge en dentisterie ou de se faire vacciner contre l’hépatite B quand on est en établissement. En gynéco, ophtalmo ou pour être intégré dans le dépistage du cancer du colon, le fait d’être en institution ne change en revanche pas la donne. En revanche, une handicapée sera mieux dépistée sur les cancers féminins si elle est restée à domicile...

Mais ce sont là des données brutes réalisées sans tenir compte des différences de degré de handicap dans et hors les murs des établissements. Une fois corrigé ce biais, à handicap et statut social égaux, les résultats sont plus probants : ils mettent en évidence -sauf pour les dépistages de cancers féminins- « une possibilité de recours augmentée pour les personnes hébergées en institution" par rapport aux personnes hébergées chez elles présentant les mêmes caractéristiques, conclut l’IRDES. Question de logistique ou de locaux sans doute, mais aussi de personnel pouvant, dans les structures, jouer le rôle d’intermédiaire entre médecin et patients et diffuser l’information.

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