L’hôpital de Montreuil sous administration provisoire
Deux mois après l’hôpitald’Ajaccio, c’est au tour du centre hospitalier intercommunal AndréGrégoire, à Montreuil(Seine-Saint-Denis), d’être placé sous administration provisoire. « Les déficits d’exploitation récurrents et le niveau d’endettement important ont affaibli sa situation budgétaire », indique l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France.
L’ARS a retoqué le plan de redressement proposé par la directrice duCHI, Michèle Damon, qui s’en va. Marisol Touraine a nommé à sa placeNicole Pruniaux. À charge pour cet administrateur provisoire de proposer un plan de retour à l’équilibre et des mesures managériales immédiates, précise l’Agence régionale de santé.
Des factures de plusieurs dizaines de millions
La maire de Montreuil, Dominique Voynet (Europe-Écologie-Les Verts), qualifie la décision d’« excellente ». « Cela fait un an que j’ai pris mon bâton de pèlerin, et que je tente d’expliquer partout que cet établissement ne peut s’en sortir seul », dit-elle au « Quotidien ».Dominique Voynet a pris la tête du conseil d’administration du CHI en 2008 ; au même moment, Michèle Damon est nommée directrice. Ensemble, les deux femmes découvrent l’ampleur du problème : les créances irrecouvrables et les factures impayées se chiffrent en dizaines de millions d’euros. L’hôpital est plombé par des investissements décidés quelques années auparavant. Le plan Hôpital 2007 devait amener des fonds importants. Au final, la reconstruction du plateau technique et du pôle mère-enfant n’a été que très partiellement financée par les tutelles : 85 % des 85 millions d’euros engagés proviennent d’emprunts contractés par l’hôpital.
Pas de menace sur les salaires
Aujourd’hui, le CHI André Grégoire se débat avec ses emprunts toxiques et une dette colossale, malgré les efforts engagés pour assainir les comptes. « Il ne faut pas voir l’administration provisoire comme une défiance vis-à-vis des équipes », prévient Dominique Voynet. L’ancienne anesthésiste tient à faire taire certaines rumeurs relayées par l’opposition municipale. « Non, il n’y a pas de menace sur les salaires. Et non, on ne va pas fermer la chirurgie ».
L’ambiance au bloc n’est pas sereine. Les anesthésistes n’ont pas apprécié que l’ARS supprime une ligne de garde aux urgences, certains ont quitté l’établissement. « Pour quelques dizaines de milliers d’eurosd’économie, on a déstabilisé l’anesthésie, et on risque de déstabiliser le bloc. Il faut rétablir la confiance avec les équipes au plus vite », conclut l’élue locale.
› DELPHINE CHARDON
lequotidiendumedecin.fr 10/10/2012
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