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mardi 23 août 2022

Le Planning familial : «Nous n’avons pas oublié qu’il fallait un utérus pour vivre une grossesse»

par le Planning familial  publié le 26 août 2022 

Après la polémique et les violentes attaques en raison de la publication d’une affiche représentant un homme enceint, l’association qui milite pour l’éducation à la sexualité répond et réaffirme son combat contre toutes les discriminations.

Ces dernières semaines, nos affiches sur des hommes enceints ont fait le buzz.

A en croire les personnes qui se sont dites choquées, le Planning familial aurait sombré dans une logique antiscience, en prétendant qu’il ne faudrait pas d’utérus pour vivre une grossesse. Ce serait le comble pour une association experte en sexualité, qui milite depuis plus de soixante-cinq ans sur les questions de contraception et d’avortement !

Notre mouvement remonte aux années 50. La contraception était encore interdite en France. Nous étions alors, déjà, ces personnes dangereuses qui donnaient des hormones sexuelles aux jeunes. (Là, on parle de la pilule contraceptive.) Puis, nous avons lutté pour le droit à l’avortement. Là aussi, on nous reprochait d’être de grandes criminelles, et que les jeunes allaient regretter leurs décisions. Et on continue de se battre contre ce genre de positions rétrogrades encore aujourd’hui. Et puis, nous avons lutté pour l’éducation à la vie affective et sexuelle, pour la prévention des infections sexuellement transmissibles, des stéréotypes sexistes, des violences sexuelles.

Chaque fois, des personnes à qui ça ne plaît pas se servent de l’argument d’une jeunesse sous influence pour inquiéter la population. Chaque fois, nos adversaires sonnent l’alerte, ils interpellent le gouvernement ; ils clament le danger idéologique, le scandale sanitaire, la civilisation en péril… Et chaque fois, nous continuons à lutter pour un accès sécurisé aux soins. Nous croyons en ce que nous faisons, car nous sommes fortes de toutes nos professionnelles de terrain, conseillères ou médecins, et fortes de notre vieille expérience d’association de santé sexuelle, qui en a vu d’autres. Nous n’accueillons d’ailleurs pas que des filles mineures, loin de là. Toute personne qui fait face à des violences ou qui a des besoins en matière de contraception, d’avortement, de vie affective et de maladies sexuellement transmissibles peut venir chercher de l’aide au Planning familial. Elle sera accueillie en sécurité, dans la gratuité et la confidentialité par des professionnelles.

Donc oui : au Planning familial, on a déjà prescrit des traitements hormonaux aux personnes trans. Et oui, parfois, les personnes qui viennent nous voir à ce sujet sont jeunes. C’est là que, d’après nos détracteurs, le Planning se transformerait en obscur marché aux transitions de genre où, au moindre doute de l’adolescent·e, on refilerait des traitement irréversibles… Problème de cœur ? Un peu de testostérone ! Un doute sur votre orientation sexuelle ? Passez donc sur le billard ! Et si vous venez avec des amis, on vous trouvera un prix de groupe sur la prothèse mammaire ! Dans la réalité, bien moins spectaculaire, on vous l’accorde, chaque personne est reçue en entretien par nos professionnelles : nos conseillères, expertes pour aider à démêler avec soin où chaque personne en est, son degré de questionnement, et ce dont elle peut avoir vraiment besoin ; puis nos médecins, qui ont évidemment les compétences pour connaître toutes les précautions d’usage, les examens à faire en amont ou les interactions possibles. Et pour les plus jeunes, quoi qu’en disent les réseaux sociaux, tout est strictement encadré par la loi : pour les moins de 16 ans, il n’y a rien d’irréversible ; pour tous les mineurs, il n’y a rien de prescrit sans autorisation des parents.

Dans la loi française, depuis 2016, on n’a pas le droit d’exiger telle ou telle procédure médicale pour reconnaître une identité «homme» ou «femme». Il est donc possible de garder son utérus de naissance, et de quand même se faire reconnaître «homme» à l’état civil. Ça peut plaire ou non, pour nous, ce n’est pas le sujet. Notre féminisme, c’est «mon corps, mon choix». Et c’est la loi. Alors non, nous n’allons pas obliger les gens à se faire retirer un organe pour bien vouloir leur donner du Monsieur ou du Madame. Oui, nous disons «hommes» pour les hommes trans. Et non, nous ne bannissons pas le mot «femme» de notre vocabulaire. Nous continuons de dire «femmes» pour les femmes. Pas de souci. Dans les faits, aujourd’hui, des hommes trans peuvent vivre une grossesse, qu’ils pourront vouloir poursuivre ou interrompre. Et où peuvent-ils aller pour avoir accès aux soins, sans qu’on vienne débattre de leur identité ?

Voilà. Nous, on veut accueillir les personnes trans, pour leur santé sexuelle, comme toutes les autres personnes. Bon… Est-ce qu’il y avait de quoi en faire des tribunes ? Au Planning, on dit non aux propagandes anti-trans, d’où qu’elles viennent.

Pour autant, le Planning ne sera jamais un Freddy Krueger du genre, qui s’en prend aux enfants jusque dans leur inconscient pour accomplir ses sombres desseins ! On compte sur vous pour garder l’esprit critique.


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