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jeudi 7 novembre 2019

Traitement de la douleur Le cannabis thérapeutique en expérimentation

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Oriane Dioux  Publié le : 25/10/2019 


Traitement de la douleur Le cannabis thérapeutique en expérimentation


Le 11 juillet 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a autorisé l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France. Prévue pour une durée de deux ans, celle-ci doit commencer dès le début de l’année 2020. L’usage du cannabis à visée médicale est un dossier sulfureux, et l’on observe parfois des amalgames avec le ­cannabis « récréatif ». Alors, en quoi consiste précisément l’expérimentation à venir ?

Feu vert. L’expérimentation du cannabis thérapeutique doit démarrer début 2020. Le cadre en a été défini par un comité, composé notamment de professionnels de santé et de représentants d’usagers. Objectif : évaluer les modalités de prescription et de délivrance ainsi que l’efficacité et la sécurité du cannabis thérapeutique.

QUI POURRA EN BÉNÉFICIER ?

Il pourra être prescrit, en cas de soulagement insuffisant ou de mauvaise tolérance aux traitements déjà proposés, aux personnes souffrant de douleurs neuropathiques, de certaines formes d’épilepsie résistantes aux traitements, d’effets secondaires des chimiothérapies (nausées, vomissements, anorexie, etc.), de spasticité (contraction musculaire réflexe et exagérée) douloureuse de la sclérose en plaques ou d’autres pathologies du système nerveux et dans les soins palliatifs. Aucune restriction d’âge n’est donnée. Les mineurs pourront donc aussi en bénéficier. Toutefois, il sera contre-indiqué chez la femme enceinte et allaitante.

PAR QUI SERA-T-IL PRESCRIT ?

La première prescription sera faite par un médecin volontaire exerçant dans un centre de référence des indications concernées (centre antidouleur, centre expert de la sclérose en plaques, etc.). Un relais par le médecin généraliste sera ensuite possible. Ces professionnels devront renseigner un registre national électronique de suivi des patients.

SOUS QUELLES FORMES ?

Pas question de fumer un joint de cannabis ! La plante sera disponible sous diverses formes : gouttes d’huile à mettre sous la langue, fleurs séchées à inhaler (via un appareil qui chauffe sans entraîner de combustion), solution buvable et capsules à ingérer. Ces spécialités contiendront différents dosages des deux grands principes actifs du cannabis, le THC (tétrahydrocannabinol), premier responsable des effets psychotropes, et le CBD (cannabidiol). Elles seront délivrées par les pharmacies hospitalières et les officines de ville volontaires.

COMMENT LIMITER EFFETS INDÉSIRABLES ET MÉSUSAGES ?

Somnolence, diminution de l’habilité motrice, anxiété, paranoïa sont les principaux effets secondaires connus. Pour les limiter, le traitement sera toujours initié au plus faible dosage en principes actifs, puis progressivement augmenté jusqu’à obtenir la dose minimale efficace. Comme celle-ci reste généralement peu élevée, cette précaution devrait aussi minimiser le risque d’addiction. Les ordonnances seront en outre sécurisées. Et les médecins devront suivre une formation dont le but est de repérer et gérer les risques de dépendance.

EST-CE JUSTIFIÉ ?

Les pathologies et les symptômes retenus pour cette expérimentation sont ceux pour lesquels les effets du cannabis ont été les plus étudiés. Son efficacité a ainsi été bien établie pour des formes d’épilepsie réfractaires aux traitements, comme le syndrome de Dravet, où il permet de réduire le nombre de crises. La diminution de la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques est aussi bien documentée. Un médicament à base de cannabis, le Sativex, a d’ailleurs été autorisé en France pour cette indication mais n’est pas commercialisé faute d’accord sur son prix. Un bénéfice du cannabis sur les effets secondaires des chimiothérapies semble aussi se dégager. Pour les douleurs neuropathiques, en revanche, son efficacité est plus discutée. Certaines études suggèrent un intérêt modeste qui reste à confirmer. Les données recueillies lors de cette expérimen­tation serviront notamment à mieux cerner son efficacité et à définir les dosages les plus pertinents.

ET DANS LES AUTRES PAYS ?

Le Canada a été l’un des premiers pays à autoriser l’usage du cannabis thérapeutique en 2001. Dans l’Union européenne, 14 pays l’ont autorisé avec des modalités parfois différentes. En Allemagne, par exemple, les généralistes peuvent initier la prescription et son utilisation n’est pas limitée par des indications précises. Alors qu’en Italie, les généralistes peuvent initier la prescription, mais les indications sont limitées et rejoignent celles de l’expérimen­tation française. 


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