PAR
ANNE BAYLE-INIGUEZ -
PUBLIÉ LE 05/11/2019
Crédit photo : S. Toubon
Une enquête déclarative* sur le harcèlement sexuel dans le milieu médical en France, publiée ce mardi sur le site Medscape, révèle qu'une femme médecin sur six a déjà été victime de harcèlement sexuel de la part d’un collègue soignant (sur la dernière période de six ans).
Le site a interrogé les médecins sur leur expérience vécue de situations de harcèlement sexuel tel que décrit dans la loi du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel (et renforcée en 2018) : « Le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle, qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. Est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d'user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle, au profit de l'auteur des faits ou d'un tiers. »
Patients et hiérarchie
Sur ces bases, une femme médecin sur six (16 %) se déclare victime d'« abus, de harcèlement ou d'inconduite à caractère sexuel » de la part d'un autre professionnel de santé au cours des six dernières années. Tous sexes confondus, le harcèlement sexuel touche un médecin sur douze. 12 % des hommes (et 10 % des femmes) ont été témoins de situations de ce type.
Dans le détail (tous sexes confondus), le harcèlement sexuel au sein du corps soignant se traduit pour deux tiers des victimes (65 %) par des commentaires ou regards à connotation sexuelle sur le physique. Un tiers (36 %) évoque des demandes répétées de rendez-vous galants ou un envahissement délibéré sur leur sphère personnelle. Une victime sur cinq a subi un contact physique (étreinte ou caresse) imposé. Et une victime sur vingt a reçu des propositions de promotion en échange d’une relation sexuelle ou des menaces en cas de refus.
Perte d'attention
Selon l'étude néanmoins, les médecins sont « six fois plus fréquemment harcelés par un patient que par un collègue ». Mais dans le cas du harcèlement « en interne », l'auteur est six fois sur dix (61 %) un médecin ayant une position hiérarchique supérieure et, dans une moindre mesure (11 %), un infirmier. Les victimes ne le dénoncent pas dans 70 % des cas.
Plus de la moitié des médecins (58 %) ont le sentiment que le harcèlement sexuel qu'ils ont subi « a nui à [leur] travail ». 37 % ont connu ensuite des difficultés à se concentrer et, surtout, 24 % d'entre eux disent avoir été par la suite « moins attentifs aux patients ». 8 % ont démissionné. 5 % ont commis des erreurs médicales.
* 1 007 médecins à plein temps interrogés via un sondage en ligne entre le 7 juin et le 13 août 2019. Plus de la moitié sont des hommes (55 %), salariés (70 %) et travaillant à l’hôpital (63 %). Plus de 25 spécialités sont sondées : 15 % des répondants sont généralistes, 10 % urgentistes et 10 % psychiatres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire