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dimanche 3 novembre 2019

Jeunes de banlieue et autistes sévères : « Un pour un » et tous pour eux

Thierry Bellanger et Philippe Elusse ont filmé pendant deux ans des jeunes de Seine-Saint-Denis en formation au sein d’une association qui accueille des adultes autistes. Et en tirent un documentaire porteur d’espoir.
Par   Publié le 28 octobre 2019

Extrait du documentaire  « Un pour un », de Thierry Bellanger et Philippe Elusse.
Extrait du documentaire  « Un pour un », de Thierry Bellanger et Philippe Elusse. FRANCE TV

FRANCE 2 - LUNDI 28 OCTOBRE À 22 H 55 - DOCUMENTAIRE
Il est des histoires simples qui, traitées avec le regard et la distance justes, vous bouleversent. L’histoire de Boni, Sadio, Aymeric, Marine, William, Alexis et des autres protagonistes du documentaire Un pour un, en fait partie.
Réalisé par Thierry Bellanger avec la collaboration de Philippe Elusse, Un pour un parle de ces jeunes « dont personne ne veut ». Les autistes accueillis par l’association Le Relais Ile-de-France – dont le travail a inspiré Olivier Nakache et Eric Toledano pour leur film Hors normes – ne sont pas Asperger, ils ne sont pas Rain Man. Ils sont les autistes que l’on ne veut pas voir. Ceux qui hurlent pour dire leur joie ou leur colère, ceux qui frappent, ont peur de tout, semblent emmurés en eux-mêmes, se mutilent.
Face à eux, d’autres jeunes « dont personne ne veut ». Ceux qui ont grandi en Seine-Saint-Denis, ont quitté l’école trop tôt, cherchent une voie de secours mais n’arrivent jamais à l’heure et ne supportent pas la moindre contrainte. Se former auprès des professionnels du Relais est pour certains la dernière chance de se prendre en main, d’obtenir un diplôme et se sentir utile.

Dépasser ses complexes

Ils admettent tous la nécessité d’un « électrochoc » dans leur vie, mais ne savent par où commencer. « Comment on fait pour se réveiller ?, demande Sadio. Parce que moi quand je rentre je peux pas bosser… Lits superposés, les petits foutent la merde, ils ont cassé mon ordinateur portable, mon gros ordi… » Les professionnels du Relais vont leur apprendre à dépasser leurs complexes, à se saisir d’une méthode, à accepter les contraintes et rendre des comptes. A la clé, une certification qui leur ouvrira peut-être quelques portes dans un secteur où les besoins en éducateurs spécialisés sont considérables, car un autiste non suivi et non stimulé est un autiste qui régresse.
Au Relais, chaque jeune en formation se voit confier le suivi d’un malade. Tous n’ont pas le même âge qu’eux : Alexis, traumatisé par dix ans d’hôpital psychiatrique, a la trentaine ; William, qui vit chez ses parents, en a 42. Mais tous sont lourdement handicapés et ont besoin d’être très encadrés. Face à eux, les jeunes « des quartiers » sont d’abord hésitants, désemparés. Mais peu à peu, les liens se créent, les personnalités se dévoilent. Mois après mois, ils s’épanouissent, gagnent en confiance, deviennent adultes.

Méthode et bienveillance

Il faut voir Sadio le « kéké » accompagner Alexis sur un parcours d’accrobranche. Le geste est sûr, le regard calme, la confiance totale. Il faut voir Marine entourer de ses bras Mahamadou, 20 ans, malgré son œil au beurre noir. Car les coups partent vite et il faut voir ces quatre garçons ceinturer Boni, immense gaillard de 23 ans, et le ramener au calme avec méthode et bienveillance. Ils vont y passer plusieurs heures, jusqu’au crépuscule.
Ces moments difficiles alternent avec d’autres, heureusement plus légers, comme cette séance de maquillage collective pendant la Coupe du monde de football, et cette fête sur la terrasse d’un châlet en montagne – les seules vacances de l’année, pour la plupart des autistes filmés.
Le choix d’une présence au long cours au sein du Relais permet à la caméra de Thierry Bellanger de mesurer le chemin parcouru et de saisir au passage des instants forts, émouvants, terrifiants, et parfois cocasses. Sans naïveté ni pathos, Un pour un livre un formidable message d’espoir.

« Infrarouge : Un pour un », de Thierry Bellanger et Philippe Elusse (Fr., 2017, 60 min). Suivi d’un débat animé par Marie Drucker, avec Olivier Nakache, Eric Toledano et Hélène Médigue, fondatrice de l’association Les Maisons de Vincent.

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