Christopher CORDEIRO. Publié le
Gilles Morel est psychologue à Agneaux (Manche). Il explique les raisons de son rejet pour le dispositif PsyEnfantAdo, mis en place en mai 2021 par le gouvernement.
Le dispositif PsyEnfantAdo, mis en place en mai 2021, s’adresse aux jeunes âgés de 3 à 17 ans. Il prévoit ainsi pour chaque enfant, jusqu’à dix séances chez un psychologue (en libéral), intégralement financées par l’Assurance maladie. Gilles Morel est psychologue à Agneaux près de Saint-Lô (Manche). Si ce dernier n’hésite pas à affirmer que « sur le principe, on ne peut être que d’accord », il tient à rappeler que ce dispositif « montre également une faille du côté du service public. On embauche de moins en moins de psychologues dans le public et on demande ainsi aux psychologues libéraux de faire le travail. Autre point négatif, le détail du dispositif, qui explique le rejet par nombre de mes confrères et moi-même. »
Le diable est dans les détails
Dans ce dispositif, pour bénéficier de ces dix séances, les enfants et adolescents sont soumis à l’autorisation du médecin généraliste qui pourra prescrire un premier rendez-vous chez un psychologue. Puis retour chez le médecin, pour dix séances de psychothérapie supplémentaires de 30 minutes à 22,00 €. « Pourquoi être obligé de passer par un médecin généraliste ? Notre formation à bac + 5 est nettement suffisante pour décider de la prise en charge des patients. Il ajoute : La psychologie dépend des sciences humaines, le métier de psychologue n’est pas une profession paramédicale. »
Un bilan par un psychiatre
À l’issue des dix séances, un bilan est réalisé par un psychiatre qui pourra prescrire dix séances supplémentaires. Une nouvelle fois, Gilles Morel est critique : « La psychothérapie repose sur le lien thérapeutique entre psychologue et patient. Une personne extérieure pourra alors décider que tout s’arrête ? Cela vient briser quelque chose qui est essentiel pour les psychologues, l’autonomie de leur travail. »
Si la tarification est un autre facteur de mécontentement, « avec les charges sociales, on travaille à perte », Gilles Morel l’assure : « Je ne rentrerai pas dans ce protocole, même avec un tarif plus élevé. »
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