Le Monde avec AFP Publié le 6 juillet 2021
Evoqué depuis plusieurs semaines par le gouvernement, le sujet fait l’objet, depuis lundi, de discussions entre Jean Castex et différents groupes politiques.
Rendre la vaccination obligatoire pour les soignants cet été est « une sérieuse possibilité », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, lundi 5 juillet. « Un certain consensus se dessine autour de cette idée au sein des formations politiques mais aussi chez les scientifiques », a-t-il poursuivi sur l’antenne de France Inter, alors que le premier ministre, Jean Castex, mène une consultation avec les associations d’élus locaux et les présidents de groupes parlementaires sur cette question.
L’obligation vaccinale des soignants a longtemps été écartée en raison du manque de doses disponibles et des incertitudes liées à l’efficacité des vaccins à limiter toute transmission du Covid-19. Mais, désormais, le gouvernement n’exclut pas de déposer d’ici à la fin du mois de juillet pour atteindre, avant la rentrée, l’objectif affiché de 80 % des professionnels de santé ayant complété leur parcours vaccinal. Le point en cinq questions.
Pourquoi le gouvernement envisage-t-il une obligation ?
Devant l’Assemblée nationale, le 30 juin, Jean Castex avait d’abord considéré cette option pour limiter la transmission du virus en milieu hospitalier en évoquant notamment le cas récent d’uncluster dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) des Landes :
« Je suis choqué (…) quand on voit l’épidémie se réintroduire (…) par l’entremise de celles et ceux dont c’est la vocation de protéger et de soigner. Cela n’est pas admissible. »
Le nombre de soignants vaccinés est « insuffisant et ce n’est pas une situation normale au regard de la fragilité des résidents [en Ehpad], dans un contexte de menaces liées à l’apparition et à la diffusion de certains variants préoccupants », avait, par ailleurs, écrit, la veille, le ministre de la santé, Olivier Véran, dans un courrier envoyé aux directeurs d’hôpitaux et de maisons de retraite. M. Véran a, depuis, répété à plusieurs reprises l’importance d’augmenter la part de la population vaccinée pour éviter au mieux l’arrivée d’une nouvelle hausse du nombre de cas à l’automne.
Que disent les chiffres actuels de vaccination chez les soignants ?
Les derniers chiffres communiqués par Santé publique France(SPF) au 31 mai font état d’un taux de vaccination de 72,2 % de premières doses administrées chez les médecins d’un échantillon d’établissements représentatif de la situation nationale, contre 58,7 % des infirmiers, 50 % des aides-soignants et 52,6 % des autres paramédicaux.
Dans un tableau de bord de l’Assistance publique-Hopitaux de Paris (AP-HP), consulté par Le Monde et actualisé au 11 juin, 91 % du personnel médical francilien (21 730 médecins, internes et externes) avaient reçu au moins une dose depuis le 1er janvier, contre 54 % du personnel dit « non médical » (58 297 infirmiers, aides-soignants, personnels de rééducation, médico-techniques ou socio-éducatifs…). Le taux de vaccination complète était de 68 % contre 37 %.
Cette dernière étude ne prend pas en compte les injections effectuées en dehors des centres de vaccination gérés par l’AP-HP, ce qui peut contribuer à une sous-estimation du nombre de soignants vaccinés.
L’adhésion plus forte des médecins, en comparaison des professions paramédicales, existait, quant à elle, bien avant l’épidémie de Covid-19. « C’est un phénomène que l’on observe depuis dix ans avec la grippe » , rappelait le chercheur Jocelyn Raude dans Le Monde, le 18 juin. Chez les médecins, la couverture vaccinale pour cette maladie tourne autour de 50 % ; elle tombe à 20-25 % chez les infirmiers et à 10-15 % pour les aides-soignants.
Quel est l’avis des autorités de santé et de la communauté scientifique ?
Plusieurs instances amenées à se prononcer sur les sujets de santé ont encouragé la vaccination des personnels soignants ces derniers mois. L’Académie nationale de médecine a plaidé pour une forte incitation à la vaccination de l’ensemble de la population à la fin du mois d’avril et la Fédération hospitalière de France a également rappelé le 1er juillet qu’elle le demande pour les soignants « depuis plusieurs mois ».
Le 24 juin, le conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, adossé au ministère de la santé, affirmait dans un avis « que la justification et la légitimité de l’obligation vaccinale de l’ensemble des professionnels des secteurs sanitaire et médico-social sont claires et doivent être reconnues », tout en insistant sur le fait qu’« une attention particulière devra être portée à ne pas culpabiliser les soignants quant à leur vaccination ».
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