PAR
MARIE FOULT -
PUBLIÉ LE 21/02/2020
Crédit photo : Phanie
La souffrance au travail des praticiens hospitaliers ne tarit pas. En 2019, 57 médecins ont témoigné de leurs difficultés professionnelles à l'Observatoire de la souffrance au travail (OSAT), mis en place depuis décembre 2017 par le syndicat Action praticien hospitalier (APH). Ils étaient 64 en 2018.
Près d'un quart des praticiens en souffrance travaillent dans un CHU, 72 % dans un centre hospitalier, 4 % dans un établissement de santé mentale et 2 % dans le privé à but non lucratif (ESPIC). 63 % sont des femmes, et l’âge médian est de 48 ans. Les trois quarts sont praticiens hospitaliers à temps plein (48 heures par semaine), 2 % ont des fonctions universitaires. Dans un quart des cas, c'est un chef de service ou de pôle.
En termes de spécialités, ce sont les anesthésistes-réanimateurs (comme en 2018) qui souffrent le plus, suivis des pharmaciens hospitaliers et des urgentistes.
Répartition des déclarations selon la spécialité
Sur une échelle de 1 à 10, les praticiens auto-évaluent leur souffrance à 8, avec un danger « imminent » pour soi dans 60 % des cas. Cela a pour conséquence des troubles du sommeil dans 77 % des cas, des troubles anxiodépressifs dans 65 % des cas (avec nécessité d’un traitement anxiolytique ou antidépresseur pour un quart) et des troubles alimentaires (40 %). Pour un quart des praticiens, ce mal-être a donné lieu à un arrêt de travail de plus de deux semaines et a eu des conséquences sur sa vie personnelle (difficultés dans le couple, avec ses enfants).
Autre enseignement de ce bilan, les idées suicidaires, présentes dans un quart des déclarations, ont doublé par rapport à 2018, précise l'APH. 9 % des praticiens indiquent également une addiction, aux tranquillisants dans la plupart des cas.
Invités à préciser l'origine de leur mal-être au travail, les soignants sont catégoriques : pour 63 %, il s'agit de la gouvernance de l’établissement, suivie de la surcharge de travail (53 %), du déficit de personnels médicaux dans le service (49 %), d'un dialogue impossible avec les responsables hiérarchiques (46 %, chefs de pôle et de service), voire d'une présomption de harcèlement moral au travail (47 %) venant de la direction, de la hiérarchie médicale, voire d'un collègue de la même spécialité.
Pas de médecin traitant dans un cas sur deux
La protection fonctionnelle – due par l’administration à son agent afin de le protéger et de l'assister s'il est victime d'une infraction – n’a été demandée que dans 22 % des cas, et lorsqu'elle l'a été, seulement un tiers des praticiens l'ont reçue. Pour se protéger, les solutions sont ailleurs et principalement dans « la soustraction à l’activité », indique l'APH, soit en recherchant une mutation (37 %), ou en démissionnant (32 %).
Par ailleurs, les praticiens en mal-être ont déclaré avoir un médecin traitant dans 48 % des cas seulement. Aucun n’a utilisé une plateforme téléphonique (type hotline) pour faire part de leur souffrance, mais 79 % ont souhaité être contactés par l’un des écoutants de l’OSAT.
Enfin, au sein de leur établissement ou à l'extérieur, des démarches ont parfois été entreprises : contact vers le supérieur hiérarchique ou le président de CME (32 %), le médecin traitant (30 %) ou le médecin du travail (49 %), l'Ordre départemental (16 %), un avocat (12 %) ou encore le CNG (12 %).
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