Akin sortira deux autres prototypes cette année : Eva the Explorer [Eva l’Exploratrice] et Anna the Assistant [Anna l’Assistante]. Eva est essentiellement un Henry plus autonome. Dotée d’un plus grand nombre de capteurs, elle pourra repérer des signes plus subtils dans le discours et dans l’expression du visage lors de conversations plus complexes. Anna sera une sorte d’assistant de laboratoire autonome : elle anticipera les besoins des employés du JPL – prendra des notes, répondra à des questions, passera des objets et des outils et résoudra des problèmes.

Monter à bord de Gateway pour aller sur la Lune

Et dans quelques années, Akin espère voir naître Fiona the Future. Fiona ne sera pas nécessairement un robot mais plutôt un système multiplateforme qui fonctionnera sur un vaisseau spatial comme Gateway (la future station lunaire de la Nasa) ou un habitat sur la Lune ou sur Mars. Il n’y a pas encore d’engagement pour son intégration au programme Artemis [la prochaine mission américaine habitée qui se posera sur la Lune] ou à Gateway, mais la société travaille activement avec d’autres acteurs de l’aérospatiale pour signer une initiative quelconque.
Si elle veut espérer faire monter Fiona à bord de Gateway ou lui faire prendre part à Artemis, Akin doit disposer de prototypes fiables d’ici à septembre, explique Liesl Yearsley. Sinon, elle verra si elle ne peut pas tester ce système dans un environnement isolé, l’Antarctique par exemple, ou alors dans d’autres contextes comme l’aide aux personnes âgées ou handicapées.
Pour fonctionner dans l’espace, le système fera appel à l’informatique en périphérie [ou edge computing, une architecture informatique qui permet d’optimiser la gestion des données] : les calculs et le stockage des données ne se feront pas dans de grands centres mais localement et en recourant à la mise en cache, ce qui réduit considérablement l’empreinte énergétique.
Les plus grands obstacles auxquels est confronté Akin sont ceux qui caractérisent tout le domaine de l’IA émotionnelle. Lisa Feldman Barrett, une psychologue de l’université Northeastern [aux États-Unis] spécialisée dans les émotions humaines, a jadis fait remarquer que la façon dont l’IA était entraînée à reconnaître les émotions humaines était profondément erronée. “Les systèmes ne reconnaissent pas les significations psychologiques, explique-t-elle.
Ils reconnaissent des mouvements et des changements physiques dont ils déduisent une signification psychologique.”
Ce n’est assurément pas la même chose.
Un vaisseau spatial pourrait cependant constituer un environnement idéal pour former et faire travailler un système à l’intelligence émotionnelle. Comme il n’interagira qu’avec le petit groupe de personnes présentes à bord, il pourra apprendre “le vocabulaire d’expressions du visage” de chaque individu, comment chaque expression se traduit sur le visage, dans le corps et la voix et finira peut-être par en comprendre les variations, explique la psychologue. “Le problème est peut-être plus abordable quand on s’y essaie dans un environnement clos, avec un ou quelques individus, que dans un environnement ouvert”, suppose-t-elle.