#ImagineDemain |Les bisous ne seront-ils bientôt plus que le souvenir du "monde d'avant" ? Pour Kant, ils révèlent notre insociable sociabilité : ce besoin insupportable d’être avec un autre que soi. Le bisou nous met directement en prise avec l'autre, de manière singulière. Alors Géraldine Mosna-Savoye se questionne : s'il disparaît, sera-t-on moins proches les uns des autres ?
Bien avant les mesures de confinement, l’idée de se tenir à distance les uns des autres avait déjà bien infusé. Plus de poignées de mains, d’embrassades, de tapes amicales, mais à la place un salut de la tête, un coucou de la main et un sourire entendu…
On s’est dit que c'était là quelque chose de temporaire, l’affaire de quelques mois… Mais imaginez : et si c’était définitif ? Et si dorénavant les échanges tactiles, les accolades, les câlins : les bisous, c’était du passé, un souvenir du "monde d’avant" ? Serait-on pour autant moins proches les uns des autres ?
L'art du bisou
Faire la bise est une spécificité française. Les étrangers sont toujours perdus : quand faut-il faire la bise ? à qui ? combien et en commençant par quelle joue ?
Ce casse-tête, même les Français le connaissent… combien de fois a-t-on demandé, arrivé dans une autre région : c’est combien chez vous ? et combien de fois a-t-on été surpris par ce collègue qui, au lieu d’un bonjour collectif, claquait son bécot à tout l’open space…
Faire la bise est toujours déroutant : il y a très peu de fois, quand j’y pense, où je ne fais pas la bise en me disant que je fais la bise. Tout à coup, tout ce qui compte, c’est le contact de cette peau sur la mienne, parce qu’elle rassure, fait plaisir ou dégoûte, tout simplement parce qu’elle étonne.
Je suis toujours étonnée, par exemple, de redécouvrir le parfum de ma mère, de m’apercevoir qu’un ami a la peau qui colle ou qu’un autre a cette habitude d’embrasser trop près de l’oreille…
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