19 avril 2020
CRISE SANITAIRE – Alors que le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai en France, plusieurs spécialistes de la santé mentale s’inquiètent de ses conséquences psychologiques sur la population.
Cette semaine, plusieurs pays touchés par la pandémie de Covid-19, dont la France, ont prolongé la durée du confinement. Mais cette mesure inquiète les professionnels de la santé mentale, qui demandent une vraie prise en compte de la question. "L'extension du confinement était attendue, mais la nouvelle va profondément décevoir beaucoup de gens", notait Linda Bauld, professeur en santé publique à l'université d'Édimbourg, après l'annonce jeudi de la prolongation pour trois semaines du "lockdown" au Royaume-Uni.
"Les conséquences indirectes s'accumulent", poursuivait-elle, soulignant que "de récentes études montrent une augmentation inquiétante de l'anxiété et de la dépression" dans la population générale. Le constat se répète dans tous les pays soumis à cette mesure drastique, oubliée depuis des décennies dans nos sociétés modernes. Ainsi en France, un consortium d'unités de recherche, dont l'École des hautes études en santé publique, a lancé CoConel (coronavirus et confinement), "étude longitudinale" (sur la durée) d'un panel d'un millier de personnes, réalisée par l'Ifop.
Un risque de "pathologies psychiatriques sévères"
Au terme de la deuxième vague, sortie le 8 avril, avant l'annonce du prolongement d'un mois du confinement en vigueur depuis le 17 mars en France, "globalement 37% des enquêtés présentaient des signes de détresse psychologique", sans variation notable avec la première vague publiée en mars. "La comparaison avec les dernières données collectées en population générale en 2017 suggère une dégradation de la santé mentale au cours du confinement. Si cette situation perdure encore plusieurs semaines, elle pourrait favoriser la survenue de pathologies psychiatriques sévères, et un rebond de la demande de soins en levée de confinement, auquel il convient de se préparer", avertissent les chercheurs.
Même préoccupation aux États-Unis, où "plus d'un tiers des Américains (36%) disent que le coronavirus affecte sérieusement leur santé mentale" soulignait l'American psychiatric association, dans une lettre adressée le 13 avril aux dirigeants du Congrès.
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