Alors que le monde est à l’arrêt, nous observons de notre fenêtre le printemps s’épanouir. Et si, paradoxalement le fait d’être coupé de la nature nous en rapprochait ? Comment repenser la cohabitation entre l’homme et les non-humains ?
Alors que le lien de l’homme avec son environnement serait directement en cause dans cette crise sanitaire, faut-il repenser notre rapport à la nature ? C’est ce que propose Philippe Descola, que nous recevons aujourd’hui. En 1976, il est étudiant et part à la découverte des Achuars, un peuple Jivaro situé au cœur de l’Amazonie, entre l’Équateur et le Pérou. S’en suit une longue réflexion sur l’anthropocentrisme, qui ouvre la voie d’une nouvelle relation entre les humains et leur milieu de vie.
L’épidémie est-elle une conséquence de l'action humaine sur la nature ? Est-elle une maladie de l'anthropocène ? Que nous apprend le lien que certains peuples entretiennent avec leur environnement ?
Philippe Descola est professeur émérite au Collège France, titulaire de la chaire d’anthropologie de la nature de 2000 à 2019. Il est auteur notamment de Les natures en question (Ed. Odile Jacob, 2017)
Quelle réponse des Achuars face aux épidémies ?
« Il n’y a pas de souvenirs de la catastrophe. On estime qu’environ 90% de la population amérindienne a disparu entre le XVIe et le XIXe siècle. Il y a une sorte d’imaginaire implicite du contact avec la maladie des « blancs ». De ce fait, lorsque les « blancs » arrivent dans les environnements amérindiens reculés, le premier réflexe des Amérindiens est la méfiance par la distanciation. »
La maladie n’est qu’un élément dans un cortège d’abominations apporté par la colonisation. Philippe Descola
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