| 17.04.2020
Que faudra-t-il retenir de la crise que nous traversons ? La question a été posée par Le Généraliste à dix experts (médecin, économiste, sociologue…). Voici la réponse du Dr Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et addictologue.
« J’ai constaté chez certaines femmes confinées des décompensations mentales, psychiatriques, des épisodes de dépression ou d'anxiété, une surconsommation d'alcool, de cannabis ou d'autres drogues. Le confinement conduit à aggraver des tableaux préexistants et en crée de nouveaux. Il peut aussi aggraver les troubles du comportement alimentaire. Je découvre également l’angoisse que suscite chez les Françaises l’interdiction de faire du sport. Au point que certaines trouvent des stratégies pour aller courir malgré tout, quitte à prendre des risques.
Surmenage Se pose aussi la question de la charge mentale. En temps normal, les femmes sont responsables de 80 % des tâches domestiques. La maison est le lieu où les inégalités s’expriment le plus. Les femmes en télétravail en font encore plus en gérant dans le même temps l’école et les activités des enfants, les repas, le ménage, etc. Tout cela est vraiment sujet à décompensation, surmenage. C’est également un véritable enfer pour les familles monoparentales ou avec un enfant handicapé moteur ou mental. 90 % des personnes handicapées sont prises en charge par une femme : sœur, mère, fille.
Nous observons aussi une augmentation très importante des violences faites aux femmes. Se retrouver confinée avec un partenaire habituellement violent psychiquement ou physiquement est absolument terrible et les recours ne sont pas toujours efficaces.
Tournants de vie D’un point de vue plus positif, certaines femmes remettent en cause le sens donné à leur existence. La situation absurde et incompréhensible que nous vivons permet d’aller au-delà des conventions, de s’affranchir des codes sociaux. Elle est propice à de grandes décisions, des tournants de vie.
Les psychiatres sont déjà très sollicités et le seront davantage encore avec cette épidémie. Ils auront la population générale à traiter mais aussi les soignants ayant dû faire face à des choix éthiques horribles, parce qu’ils ont été surmenés ou parce qu’ils ont côtoyé la mort. »
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