Publié dans le magazine Books n° 106, avril 2020. Par Clive Cookson.
Par ignorance, la majorité des experts sont incapables d’apprécier la réalité d’un risque. De ce fait, les médecins rendent un bien mauvais service à leurs patients. Et les banquiers à leurs clients.
Par ignorance, la majorité des experts sont incapables d’apprécier la réalité d’un risque. De ce fait, les médecins rendent un bien mauvais service à leurs patients. Et les banquiers à leurs clients.
Anna Parini
Combien de personnes les terroristes du 11-Septembre ont-ils tuées ? Plus de 4 500, selon Gerd Gigerenzer. Aux près de 3 000 personnes mortes dans les tours et les avions, il faut en effet ajouter les 1 600 qui ont perdu la vie l’année suivante sur les routes américaines parce qu’elles avaient préféré prendre le volant plutôt que l’avion. Un chiffre qui ressort de l’analyse statistique de l’accroissement du trafic routier – et du nombre d’accidents mortels – en 2001-2002.
C’est l’un des exemples les plus frappants que donne Gigerenzer dans Risk Savvy pour illustrer le fait que nous prenons de mauvaises décisions parce que nous comprenons mal le risque. Ce spécialiste allemand de la communication sur les risques vise principalement les médecins, mais il épingle bien d’autres professions, dont les banquiers et les journalistes. Il est impitoyable envers ceux qui induisent en erreur leurs patients, leurs clients ou le grand public en suscitant chez eux des craintes ou des espoirs démesurés. Une part relève de la manipulation délibérée, mais Gigerenzer, fort de son expérience avec les médecins, incrimine tout autant l’ignorance des professionnels : « La raison principale est que les médecins sont incroyablement peu formés à l’appréciation des risques. »
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