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jeudi 23 avril 2020

Parfois un stress post-traumatique pour les parents d’enfants hospitalisés en USIN

Publié le 21/04/2020


Un état de stress post-traumatique [ESPT] peut affecter des parents dont l’enfant a été hospitalisé dans une unité de soins intensifs néonatale [USIN]. Les effets de cet état sur la parentalité et sur le développement de l’enfant ont été bien décrits. Les facteurs médicaux qui y contribuent ont, en revanche, été peu abordés jusqu’à présent.

Dans l’étude de R Schecter et coll. la mère ou le père de 91 enfants prématurés ou non, qui avaient séjourné dans l’une ou l’autre des deux USIN d’un hôpital de New York (USA), ont rempli la PTSD Checklist-Civilian, un auto-questionnaire qui évalue les symptômes de l’ESPT en 17 items (réponses cotées de 1 à 5). Puis, ils ont précisé les facteurs de stress ressentis dans l’USIN et estimé le niveau du traumatisme subi à la naissance, le 1er jour en USIN et la 1ère semaine en USIN (échelle de 0 à 10).

Les participants étaient en majorité des mères (environ 75 %). Les données ont été acquises au cours d’une visite de suivi, réalisée plus ou moins longtemps après la sortie d’USIN.

Un ESPT significatif, défini par un score ≥ 30 à l’auto-questionnaire, a été diagnostiqué chez 15 % des parents répondants (12/80), plus fréquemment chez les mères que chez les pères (17 % vs 9 %). Sa prévalence ne varie pas significativement avec l’âge gestationnel de l’enfant (< 28 sem. / 28-31 sem. / 32-36 sem. / >36 sem. ; p = 0,15) ou le temps écoulé depuis la sortie d’USIN (< 1 an / > 1 an ; p = 0,50).

Des facteurs inévitables

Les facteurs de stress rapportés par les parents répondants (63) durant le séjour en USIN sont très nombreux (n = 117), mais deux reviennent le plus souvent : la séparation quotidienne avec l’enfant, citée par 35 % des parents, et la vision des tubulures de perfusion IV et des sondes gastriques de l’enfant, citée par 24 % des parents.

Au moins un temps du parcours néonatal (naissance / 1er jour en USIN / 1ère sem. en USIN) a été vécu par 38 % des parents comme « l’évènement le plus traumatique qui leur soit jamais arrivé » (cotation de 10). La cotation médiane du traumatisme de la 1ère semaine en USIN était plus élevée chez les parents d’enfants d’âge gestationnel < 32 sem. que chez ceux de ≥ 32 sem., y compris les nouveau-nés à terme (7,0 vs 4,0, respectivement ; p = 0,01), ainsi que chez les parents de garçons que chez ceux de filles (7,0 vs 6,0, respectivement ; p = 0,02).

Y-a-t-il un lien entre un traumatisme néonatal ressenti comme majeur et l’apparition d’un ESPT ? Parmi les 37 parents ayant déclaré que le séjour dans l’USIN était « l’évènement le plus traumatique qui leur fût jamais arrivé », se trouvaient trois quarts des ESPT diagnostiqués (9/12). L’interprétation de ce résultat est sujette à caution en raison du petit nombre de participants et des biais inhérents au vécu de la période néonatale et à l’auto-questionnaire.

Ainsi, les mères et les pères des enfants hospitalisés dans une USIN sont exposés, quel que soit l’âge gestationnel, au risque d’un ESPT durable, qui peut perturber la relation mère-enfant et entraîner à long terme des troubles cognitifs, émotionnels et comportementaux chez les enfants. Les facteurs médicaux à l’origine de cet ESPT sont inévitables. Les médecins et les infirmières des USIN se doivent de procurer aux parents un exutoire à leurs émotions pendant le séjour en USIN ainsi qu’un soutien psychologique pendant et après la sortie de l’USIN.

Dr Jean-Marc Retbi
RÉFÉRENCE
Schecter R et coll. : Prevalence and longevity of PTSD symptoms among parents of NICU infants analyzed across gestational age categories. Clin Pediatr., 2020 ; 59 : 163-169

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