Être enceinte, mettre un enfant au monde et devenir mère sont idéalement des moments de joie, de bonheur et de plénitude dans la vie d'une femme. Cependant, certaines femmes peuvent souffrir de troubles anxieux ou dépressifs durant cette période. Lors de la grossesse et des mois qui suivent l'accouchement les femmes sont plus vulnérables, et ces perturbations psychologiques peuvent avoir des conséquences néfastes à long terme sur les enfants.
Comment protéger les mères (et leurs partenaires), contre des troubles anxieux ou dépressifs en ces temps de Covid-19 ? C'est la question que se posent des membres du Thrive Center, Faculty of Health and Wellbeing, University of Central Lancashire (UK). Au stress partagé par l'ensemble de la population face à la pandémie, s'ajoute, chez les femmes enceintes, celui lié aux incertitudes quant aux risques de Covid-19 pendant la grossesse.
Rassurer ou à défaut informer
Les auteurs de cet article tentent de les rassurer, ou à défaut, de les informer.
- "Nous n'avons pas la preuve que les femmes enceintes aient plus de risque de déclarer une infection Covid-19 que les femmes adultes du même âge, ni qu'elles aient plus de risque de développer une forme grave".
Les données du CRAT (centre de référence sur les agents tératogènes) dans sa mise à jour du 9 avril 2020, sont plus nuancées : pour les infections au cours du 1er trimestre de la grossesse, aucune donnée n'est disponible, et pour celles du 2ème trimestre elles sont extrêmement limitées. Par analogie avec d'autres infections virales avec atteinte respiratoire, les femmes enceintes sont considérées comme une population à risque de forme sévère de Covid-19, en particulier au 3ème trimestre.
- "Nous n'avons pas la preuve que le Covid-19 se transmette de la mère au fœtus durant la grossesse".
Les 3 cas publiés d'enfants nés de mères infectées, chez qui des Ig M anti-SARS-CoV-2 ont été trouvées, dans le sang, à la naissance, n'étaient pas porteurs du virus et n'avaient pas de symptômes de la maladie.
- "Nous n'avons pas la preuve que le Covid-19 se transmette de la mère à l'enfant durant l'accouchement, qu'il se fasse par voie basse ou par césarienne".
Le CRAT rappelle que les études provenant de Chine font état d'une centaine d'enfants nés vivants sans signe clinique rentrant dans le tableau d'une atteinte de Covid-19, mais aussi de 4 nouveau-nés qui ont présenté une lymphopénie, +/- de la fièvre, +/- une pneumopathie, et un test positif pour le SARS-CoV-2 à J2 sur le prélèvement pharyngé, sans que le moment de la contamination puisse être précisé (in utero, per-partum, ou dans les premières heures de vie).
Préserver le lien mère-enfant, à quel prix ?
- Les auteurs de cet article, dans le souci de préserver le lien mère - enfant, estiment "que compte-tenu du rapport bénéfice-risque (qui peut évoluer au fil des publications), les nouveau-nés de mères infectées ne doivent pas être systématiquement séparés de leur mère à la naissance". Ils rappellent l'importance du contact "peau à peau" promu par l'OMS et l'UNICEF.
- "Nous n'avons pas de preuve que le Covid-19 soit transmis par l'allaitement maternel".
Là aussi les conseils du CRAT diffèrent : pendant l'allaitement le risque de contamination d'un enfant semble essentiellement résider dans la promiscuité avec une mère infectée non protégée.
Le SARS-CoV-2 n'a pas été retrouvé dans le lait des mères atteintes. Si les mères souhaitent allaiter, et si leur état de santé le permet, elles devront prendre des précautions rigoureuses pour ne pas infecter leur nouveau-né : port du masque, désinfections des mains et des surfaces en contact, etc. Peuvent-elles aussi envisager de tirer leur lait, voire choisir de ne pas allaiter ?
- Enfin, les auteurs rassurent en écrivant que "les enfants ont moins de risque de faire une forme grave du Covid-19 que les adultes". Néanmoins, ils ajoutent que "parmi les enfants, il y aurait plus de formes sévères chez ceux de moins de 1 an".
Aucune donnée n'a été publiée concernant l'impact psychologique du Covid-19 sur les mères, ou les conséquences de l'isolement des nouveau-nés. On peut s'en étonner et le déplorer. Est-ce une raison suffisante pour restreindre abusivement les contacts entre les mères infectées et leurs enfants ? Est-ce une raison suffisante pour faire courir le risque aux nouveau-nés d'être infectés ?
Dr Catherine Vicariot
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