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vendredi 3 avril 2020

Soignants dans la tempête

LES PIEDS SUR TERRE par Sonia Kronlund 

Elles sont infirmières, psychiatres, kinés et médecin de campagne. Paroles de quatre soignantes en première ligne, où l'on se demande, entre autre, si les applaudissements entendus chaque soir leur apporte soutien, réconfort, ou bien agace ce personnel médical en manque cruel de moyens. 
Une infirmière se rappelant pourquoi elle est là
Une infirmière se rappelant pourquoi elle est là  Crédits :  Juanmonino - Getty
Marie est infirmière en soins intensifs, payée 1700 euros net par mois. Son service d'hématologie, dévolu aux maladies du sang, a récemment été transformé en "unité Covid". 
Le premier jour, on a eu une micro-formation. Mais on ne savait pas du tout dans quoi on allait, quels étaient les traitements, la prise en charge. On avait encore plein de question qui subsistaient. 
Ca s'est passé du jour au lendemain, et ça a été très brutal, et ça a chamboulé toute ma pratique. (...) J'ai l'impression de passer toute la journée d'une chambre à une autre, sans avoir le temps de connaître mes patients. 
Entendre ces applaudissements, ça me permet de dire que je fais un beau métier. C’est maintenant qu’il faut faire bouger les choses. C’est le moment de se battre. De faire preuve de toute l’humanité qu’on a. De montrer ce qu’on sait faire. C’est le moment. 
Médecin généraliste à la campagne, près de Grenoble, Jeanne travaille dans un village de 2500 habitants. Tout est calme, mais elle se demande si et quand la vague va arriver sur elle.
C'est difficile d'anticiper, de savoir si on ne va pas être débordé du jour au lendemain, par un afflux de malades
La semaine dernière, c'était très calme. On entendait que la vague allait arriver. Et finalement, je ne sais pas si on est dans une espèce de calme avant la tempête, ou si la tempête n'arrivera pas chez nous. 
Maeva est psychiatre à Paris, dans un hôpital de l'APHP. Elle travaille en particulier avec des patients usagers de drogue. Chez elle, la colère est montée petit à petit, jusqu'à exploser, un soir, alors qu'elle rentrait chez elle. 
Jeudi soir j'étais dans la rue, après une journée difficile. J'ai entendu les applaudissements et la colère est montée, très fort. J'ai commencé à crier dans la rue, qu'on ne voulait pas applaudissements, mais des moyens pour l'hôpital. On m'a insultée.

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