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jeudi 2 avril 2020

Seine-Saint-Denis : dans cet hôpital psychiatrique, les soignants «tombent comme des mouches»

Le 31 mars 2020


A Neuilly-sur-Marne, une unité de l’hôpital de Ville-Evrard réservée aux internements de longue durée est touchée de plein fouet par le Covid-19. Depuis ce lundi, près de 80% des soignants sont en arrêt maladie.
La panique a gagné les couloirs du petit pavillon en briques rouges des années 1960. Dans l'unité des Peupliers de l'hôpital psychiatrique de Ville-Evrard, qui accueille 16 patients de « longue durée », le personnel soignant est aux abonnés absents. L'établissement est touché de plein fouet par le coronavirus.
Depuis jeudi dernier, les arrêts maladies tombent par vagues successives. Sur les 22 professionnels de santé qui interviennent au quotidien dans cette unité spécialisée (infirmiers, aides-soignants, psychomotriciens…), seuls quatre sont encore en activité.

« Il reste deux infirmières, un aide médico-psychologique et un agent de service hospitalier », nous détaille un membre du personnel qui a souhaité garder l'anonymat. Une baisse des effectifs qui plonge le service dans une situation grave et inédite.
« On est en très grande difficulté », nous confirme Laurent Vassal, médecin et chef de pôle au sein de l'hôpital psychiatrique de Neuilly-sur-Marne.
«On se retrouve avec un mini-cluster»
« On ne s'y attendait pas, souffle-t-il au téléphone. C'est un pavillon réservé aux patients résistants aux traitements. Des longs séjours, de plusieurs mois voire plusieurs années. A quelques exceptions près, ils quittent rarement le bâtiment. Et là on se retrouve avec un mini-cluster et 80 % du personnel en arrêt maladie. »
Un foyer épidémique qui menace gravement le fonctionnement du service. « On cherche des solutions pour redéployer du personnel d'autres pavillons. On se démerde », explique-t-il.
Nous n'avions jamais été confronté à une telle situation. « On est face à des patients qui sont déjà très fragiles », confie le médecin qui craint que l'épisode n'en déstabilise certains.
Un manque criant de moyens et de protections
Un pavillon composé d'une dizaine de lits a été réquisitionné pour accueillir les patients de l'ensemble de l'hôpital présentant des symptômes du Covid-19. Deux patients dont l'état s'est rapidement dégradé, ont été transférés vers les hôpitaux voisins de Bry-sur-Marne (94) et de Montfermeil.
Un autre pavillon sert de tampon, pour accueillir les nouveaux venus, potentiellement porteurs du virus. « On a réussi à avoir quelques tests depuis vendredi dernier donc on peut tester ceux qui présentent les symptômes. »
Si la source de la contamination n'a pas encore été déterminée, des membres de l'équipe soignante dénoncent « le manque de prévention et de matériel ».
« C'était comme si le virus sévissait à l'extérieur mais qu'on nous laissait dans une bulle où rien n'était fait pour nous protéger », lâche un soignant. A la pharmacie centrale, aucun masque et aucune surblouse, aucun matériel de désinfection non plus.
« On nous a laissés travailler jusqu'à dix personnes dans les services sans rien. Les seuls masques FFP1 étaient réservés aux patients présentant les signes. Maintenant on tombe comme des mouches mais il ne faut pas s'étonner. »
En attendant de trouver une solution, les élèves infirmiers ont été réquisitionnés pour assurer les soins de base aux malades. « Ils se servent des étudiants pour pallier le manque de préparation c'est lamentable », dénoncent certains soignants.

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