- 31 MARS 2020
- PAR KAI LITTMANN
- ÉDITION : EUROJOURNALIST(E)
Parent pauvre de la médecine et enfant terrible des sciences sociales, la psychiatrie se trouve, une fois de plus, à la ramasse. En période de crise, comme durant l'actuelle pandémie de Covid-19, le manque de moyens y est d'autant plus criant.
Le masque chirurgical, un moyen peu onéreux de se protéger, ne serait-ce que partiellement, en période de pandémie. © AlexChirkin / Wikimedia Commons / CC0 1.0
(Jean-Marc Claus) – En psychiatrie, qu’avons nous pour, en période de pandémie, protéger tant l’humain soigné que l’humain soignant ? Même pas suffisamment de masques en… papier ! Comme s’en indignait le directeur de l’EPSAN, dans un article des Dernières Nouvelles d’Alsace publié le 22 mars 2020 , les livraisons de masques ne sont plus assurées depuis trois semaines et cela, en dépit des relances faites à l’Agence Régionale de Santé dont dépend l’établissement. Une entreprise a fait un don de 1000 modèles FFP2 (périmés), ce qui permet de tenir… une journée. Actuellement, toujours selon les dires de Daniel Karol rapportées par les DNA, l’EPSAN compte plus de membres du personnel touchés que de patients. Bien sûr, il ne s’agit là que des individus ayant été testés. Or, les tests n’étant pas plus, ici qu’ailleurs sur le territoire, pratiqués à grande échelle, ces informations demeurent bien relatives.
Plusieurs personnels hospitaliers, interviewés par France 3 Centre Val de Loire, avaient précédemment tiré la sonnette d’alarme. Oui, il va y avoir des morts en psychiatrie, et même beaucoup de morts. Mais qui s’en soucie ? Ces patients et les soignants qui les accompagnent, durant de nombreuses années pour certains, sont-ils des Unterbürger ? Je m’interdis d’employer un autre mot commençant aussi par Unter, vocable qui a fait florès en Allemagne, dans les années 1930, mais il me brûle les lèvres. En psychiatrie, qu’il y ait administration de traitements psychotropes ou non, l’outil de travail c’est l’humain, essentiellement l’humain. Point de plateaux techniques ultra-sophistiqués, point d’outils diagnostics hyper-modernes : l’humain, rien que l’humain. Et qu’avons nous pour, en période de pandémie, protéger tant l’humain soigné que l’humain soignant ? Même pas suffisamment de masques en… papier ! Cela n’est pas le fait d’une administration localement incompétente et imprévoyante, comme on l’entend de ci, de là. L’incompétence et l’imprévoyance sont à rechercher au sommet du système, non à sa base.
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